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EVADEZ-MOI
24 juillet 2020

Les enfants de Dracula de Richard Lortz

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Traduction de l’anglais par Marie-Françoise Husson.

 

Voici le dernier roman de la prescription des Docteurs Polar de Fondu Au Noir.

Paru en 1989 chez Crapule Production, il a été republié en poche en 1993 par les éditions Rivages.

Richard Lortz, sous le couvert d’un roman aux allures horrifiques, brosse un portrait de la misère et des travers d’une ville comme New York.

Deux décors s’opposent : Central Park, la journée tout entier offert aux New-Yorkais de haute ou moyenne classe ; les « bas quartiers », ceux des défavorisés qui ne font que survivre et qui hantent les allées du parc la nuit tombée.

Le roman s’ouvre sur une attaque. Une jeune femme est entrainée vers l’intérieur de Central Park par un enfant, entièrement nu. On retrouvera le corps de la malheureuse dépecé, dévoré, rongé jusqu’aux os. La police croit avoir affaire à un animal mais lequel ?

Ensuite on découvre la vie de cinq enfants et à travers eux tous les vices d’une grande ville comme New-York.

Julia, qui partage un lit avec ses trois frères et sœur, un père oisif et une mère débordée.

Jaimie, confronté à la pédophilie, à la drogue, à une mère qui n’arrive pas à nourrir ses enfants.

Kathy qui subit les assauts d’un père alcoolique devant sa mère malade et alitée.

Maria dont la mère prostituée tente de la mettre sur le trottoir.

Et enfin Angel, le plus attendrissant de tous peut-être, enfant des rues sourd-muet.

Richard Lortz nous montre comment un environnement de vie, la misère, transforme des enfants maltraités ou abandonnés en véritables monstres, ici plus au sens propre que figuré, des enfants qui n’ont aucun avenir et dont on oublie qu’ils restent des enfants malgré leurs actes.

A la lecture de ce texte, le lecteur ressentira plus d’empathie pour les bourreaux que pour les victimes et c’est clairement le choix de l’auteur.

Si l’originalité repose sur la façon de traiter le thème par l’utilisation du style horrifique, l’écriture reste sensible et sait toucher le lecteur.

Encore une fois merci aux Docteurs Polar pour cette découverte.

 

Un extrait :

Au bout de la rue, au début plutôt, si on entre par le sud, là où commencent les numéros – quand il y en a -, tous les immeubles sont inhabités.

Il faut dire qu’ils sont inhabitables.

Il n’y a plus de portes ; et voilà beau temps que les fenêtres, fracassées, ont volé en éclats.

Les toits laissent voir de grands morceaux de bleu déchiqueté, et de la plupart des planchers, tout vermoulus, il ne reste qu’un vaste quadrillage de poutres et poutrelles, si noircies qu’on les croirait carbonisées, engluées de dépôts visqueux : la tuyauterie, déglinguée, tombe en ruine.

De temps à autre, des gosses viennent jouer là, pourvu que l’odeur y soit tolérable – c’est-à-dire suffisamment faible pour qu’à l’entrée, on fronce le nez d’un air dégoûté, puis qu’on oublie.

Parce que le plus souvent, la puanteur y est insupportable.

Clochards, ivrognes et autres vagabonds viennent y pisser en titubant ou y chier dans les coins sombres.

Des chats affamés, un ou deux chiens parfois, y trainent une charogne pour la dévorer, les yeux mi-clos, grondant dans l’ombre, tandis que toute une armée de rats, affolés par la faim et la maladie, se font la guerre ; ils mangent leurs morts, et ce qu’ils en laissent pourrit sur place. L’endroit finit par puer si fort que l’odeur vous suffoque aussi sûrement qu’un jet de gaz lacrymogène.

Temps, décrépitude, abandon, indifférence ; insensibilité et manque d’amour : le cocktail est explosif, aussi meurtrier qu’une bombe atomique ; mais les ruine qu’il engendre ont une autre beauté.

Il existe ainsi, à Bedford-Stuyvesant, aux marges de Black ou Spanish Harlem, des quartiers entiers de ces bâtiments sinistres, parfois des kilomètres de ces rues ravagées. Vus de loin, une nuit de pleine lune par exemple, ils ont la beauté lugubre et spectrale de Berlin, ou de Dresde après l’apocalypse.

 

4ème de couverture :

Quelqu'un, quelque chose était derrière elle, quelque part ! Elle se retourna brusquement. L'entrée du parc avait la même apparence qu'auparavant, bien que maintenant la brume eût épaissi. Puis soudain, comme si elle avait toujours su où porter exactement son regard, elle tourna lentement la tête vers la gauche. Elle ne vit pas apparaître cette chose imaginaire, épouvantable, contre laquelle sa raison se débattait : ce n'était pas le Comte Dracula aux longues dents, ni le monstre du Dr Frankenstein, ni même un junkie new-yorkais de deux mètres agitant un rasoir ouvert... Sa peur fit place à un étonnement plus grand encore : ce qu'elle voyait, c'était un enfant nu...

 

L’auteur :

Richard Lortz, né le 13 janvier 1917, à New York, et mort dans la même ville le 5 novembre 1980, est un romancier, nouvelliste, dramaturge et scénariste américain, auteur de roman policier.

 

Editeur : Payot-Rivages (février 1993)

Collection: Rivages Noir (Poche)

Numéros poche: 146

ISBN: 9782869306233

 

 

Les Enfants de Dracula

Quelqu'un, quelque chose était derrière elle, quelque part ! Elle se retourna brusquement. L'entrée du parc avait la même apparence qu'auparavant, bien que maintenant la brume eût épaissi. Puis soudain, comme si elle avait toujours su où porter exactement son regard, elle tourna lentement la tête vers la gauche.

https://www.payot-rivages.fr



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