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EVADEZ-MOI
9 mai 2020

Autochtones de Maria Galina

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Traduit du russe par Raphaëlle Pache.

 

Le théâtre est une usine à fantômes, des gens y déambulent et parlent, qui disparaissent dès qu'ils cessent de déambuler et de parler, des dizaines de petites morts tous les jours, des bribes de vie étrangères qui se répètent. Fantôme plus assassinat égale théâtre.

Le moins que l’on puisse dire après avoir lu ce roman c’est qu’il est étrange. Un peu comme quelque chose qu’on peut concevoir dans l’imaginaire mais qu’on ne peut pas croire une fois qu’on est en sa présence, comme une chimère qui prendrait forme sous vos yeux.

Dans une ville de l’Est, un homme recherche des informations concernant une pièce d’Opéra dont l’unique représentation a eu lieu dans les années 20. Au cours de cette représentation, des faits étranges se sont déroulés. Cet homme dont on ne distingue pas vraiment les motivations va mener une véritable enquête dans cette ville étrange, auprès de ses habitants tous plus atypiques les uns que les autres, rassemblant documents et témoignages des supposés descendant des protagonistes d’alors.

Maria Galina crée un monde qui aurait plusieurs dimensions parallèles.

L’espace-temps nous fait perdre toute notion du temps qui passe, qui a passé. Le talent de l’auteure fait qu’elle arrive à dilater ce temps mélangeant le passé et le présent sous toutes ses formes. L’action se déroule dans le présent, avec les objets qui le caractérisent comme les smartphones par exemple, les voitures. Mais les costumes sont surannés, les voitures croisent parfois des chevaux.

Le parler et le style du récit sont tout aussi déroutants. Des expressions désuètes côtoient des jurons bien actuels.

Les touristes japonais envahissent les ruelles aux échoppes tout droit sorties du XIXème.

Les personnages sont sans âge et semblent sortis de contes et légendes si bien qu’on s’attend à croiser certains des personnages mythiques de la littérature : sylphes, vampires, loups-garous…

Et dans son monde parallèle et envoûtant, Maria Galina nous parle Arts : Littérature, Opéra, Théâtre, Musique, Peinture, les mariant magnifiquement pour démontrer que la fiction et la réalité sont parfois si proches qu’il est difficile de les différencier et que l’une amène à l’autre et réciproquement. Tout au long du récit, le lecteur a bien du mal à discerner le vrai du faux.

Le décor que l’auteure a créé m’a beaucoup fait repenser au vieux Prague où j’ai séjourné. Pour ceux qui connaissent, on se croirait dans ces ruelles de la vieille ville où l’on peut visiter les catacombes ou dîner dans un petit restaurant sorti d’un autre âge, ou encore déambuler dans les ruelles d’or au pied du château. Cette ville où reste un fort parfum de mysticisme et une lourde charge historique, un pays en bordure des Carpates.

Ce n’est peut-être pas un texte facile car il sollicite beaucoup l’imaginaire mais c’est un roman envoûtant. Il a une réelle âme slave, la littérature russe est reconnaissable entre toutes, on adore ou bien on déteste. Pour ma part j’ai toujours aimé et certains de mes « classiques » préférés sont des romans d’auteurs russes et lire Les autochtones a été un merveilleux moment de lecture, dans tous les sens du terme.

 

 

4ème de couverture :

" Ça parle au fond des rapports d'un homme comme il faut avec le pouvoir. Comment se comporter quand le pouvoir est abominable, mais que tu es assez vif et intelligent pour faire ton chemin jusqu'aux sommets ? Pour influer sur le tyran, pour adoucir ses mœurs, sauver le pays de la honte. De sa perte... Du cynisme, du mensonge éhonté quand le noir se fait passer pour du blanc. "

Dans une ville d'une ex-république soviétique, à la frontière entre l'Est et l'Ouest de l'Europe, aujourd'hui envahie de touristes, débarque un certain Christophorov. Il arrive de Saint-Petersbourg, se prétend journaliste ou historien et enquête sur un groupe artistique et littéraire des années vingt, " Le Chevalier de Diamant ". Ce groupe aurait créé un opéra, La Mort de Pétrone, qui ne donna lieu qu'à une seule représentation : la légende raconte qu'une crise de folie collective aurait frappé le public, se terminant en orgie générale. Peut-être parce qu'on aurait versé dans le champagne des invités de la poudre de cantharide, un puissant aphrodisiaque... À la suite de ce scandale, le groupe fut dissout et ses membres semblent s'être évanouis sans laisser de traces. Christophorov tente de remonter leur piste, en interrogeant quelques vieux mémorialistes ou collectionneurs, tous ravis de lui prêter main forte. Un peu trop ravis, peut-être ? À mesure que son enquête avance, Christophorov remarque dans la ville une kyrielle de détails ou de phénomènes qui suscitent une impression d'inquiétante étrangeté. Et les autochtones qui s'intéressent de plus en plus près à ses recherches ne sont pas les moindres de ces étrangetés...

 

L’auteure :

Maria Galina est née en 1958 à Kalinine. Diplômée de la faculté de Biologie de l'Université d'Odessa, elle vit à Moscou depuis 1987 et est l'auteur d'une dizaine de romans. Elle est aussi une poétesse remarquée, une critique littéraire respectée, et une excellente traductrice d'auteurs américains dont Stephen King, Clive Barker ou Jack Vance. Elle est lauréate de plusieurs prix littéraires importants pour sa prose, sa poésie et ses essais critiques.

 

 

Agullo Fiction - Agullo Éditions

Dans une ville d'une ex-république soviétique, à la frontière entre l'Est et l'Ouest de l'Europe, aujourd'hui envahie de touristes, débarque un certain Christophorov. Il arrive de Saint-Petersbourg, se prétend journaliste ou historien et enquête sur un groupe artistique et littéraire des années vingt, " Le Chevalier de Diamant ".

http://www.agullo-editions.com



Editeur : Agullo (janvier 2020)

Collection : Agullo fiction

ISBN : 9791095718697

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