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14 septembre 2019

Zébu Boy de Aurélie Champagne

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Pour ceux qui suivent un peu la maison d’édition, une des caractéristiques de son « représentant » est l’emphase dont se moque d’ailleurs avec beaucoup d’humour une page facebook.

La 4ème de couverture de Zébu Boy n’y échappe pas :

Roman de la croyance, du deuil et de la survie, Zébu Boy fait naître les fleurs et se changer les balles en eau. Tout entier traversé d’incantations, ce premier roman qui oscille entre destin et pragmatisme, est porté par une langue puissante et fait entendre la voix mystérieuse qui retentit en chaque survivant.

Si je n’ai pas déniché la « langue puissante », il n’en reste pas moins que cette nouvelle devenue roman est vraiment intéressante.

Aurélie Champagne a choisi d’asseoir son roman au lendemain de la seconde guerre mondiale pendant laquelle des régiments entiers de soldats venus des différentes colonies française sont allés combattre pour la France en laquelle ils croyaient, gage de nationalisation, de pension de guerre et de reconnaissance pour leurs sacrifices.

Quand après l’armistice, je me suis retrouvé à croupir au Frontstalag avec des milliers d’indigènes, que les camions de troupes allemands en déchargeaient tous les jours, je n’ai pas cillé. Dijon, Rouen, Amboise, Neufchâteau. Transbahuté partout au gré des hivers, je n’ai pas cillé. J’ai échappé à la tuberculose, au peloton, à cette dalle qui ne nous lâchait pas, au froid, à la vermine et à la jalousie. J’ai enquillé des journées sans eau, tiré leur fumier, ramassé leurs betteraves, repiqué leur patate. J’ai voyagé dans plus de wagons à bestiaux qu’aucun bœuf n’en verra jamais. Je n’ai pas cillé.

C’est au travers d’Ambil, de retour à Madagascar après avoir combattu dans la Meuse, que l’auteure nous fait découvrir cette île remplie de superstitions, de croyances, de traditions bien méconnues des français. Aurélie Champagne nous montre aussi la souffrance, la colère et le ressentiment des peuples colonisés.

Ils nous polluent depuis plus d’un demi-siècle, volent la terre, corrompent la jeunesse. Ils poussent le peuple à ne plus respecter les fadys et les sandranas. Déjà que certains acceptent des chrétiens au tombeau… Ils nous épuisent avec leurs travaux forcés de chiens. Dehors De Coppet. Dehors Moutet. Dehors Baron et les autres !

Mais au-delà de la colonisation et des forces indigènes utilisées pendant la guerre, c’est tout un pays que l’on découvre.

Le personnage principal, surnommé Ambil du nom de son village, est lui aussi un personnage intéressant. Il y a en lui l’enfant qui n’a pas grandi, coupé dans son élan par la guerre de laquelle il est revenu orphelin. Il y a en lui aussi l’homme qui a vécu des horreurs mais n’a qu’une obsession, retrouver sa vie d’avant et reconstituer le cheptel de zébus de son défunt père. Il est rusé, filou, sans vraiment de morale et son seul besoin est d’accumuler un peu d’argent, le plus possible en détroussant ou en arnaquant. Ces mauvais côtés sont adoucis par son côté puéril, notamment dans son lien avec Josselin, un petit singe auquel il est attaché comme un enfant avec sa peluche.

Ce roman est une très jolie fable pour approcher les us et coutumes de cette ancienne colonie. Pour ma part, j’ai la chance d’avoir deux collègues Malgaches et j’ai pu parler de ce roman avec eux et approfondir ce qui y est abordé. Finalement, n’est-ce pas ce qui est important dans la littérature ? S’ouvrir aux autres et enfin s’intéresser un peu à eux ?

Pour cela, je vous dis et redis « soyez curieux » et découvrez, entre autres, ce roman au thème relativement inédit, bien construit et instructif.

 

4ème de couverture :

Madagascar, mars 1947, l’insurrection gronde. Peuple saigné, soldats déshonorés, ce soir, l’île va se soulever, prendre armes et amulettes pour se libérer. Et avec elle, le bel Ambila, Zébu Boy, fierté de son père, qui s’est engagé pour la Très Grande France, s’est battu pour elle et a survécu à la Meuse, aux Allemands, aux Frontstalags. Héros rentré défait et sans solde, il a tout perdu et dû ravaler ses rêves de citoyenneté. Ambila qui ne croit plus en rien, sinon à l’argent qui lui permettra de racheter le cheptel de son père et de prouver à tous de quoi il est fait. Ambila, le guerrier sans patrie, sans uniforme, sans godasses, sans mère, qui erre comme arraché à la vie et se retrouve emporté dans les combats, dans son passé, dans la forêt.

 

L’auteur :

Aurélie Champagne (1978) a 20 ans quand elle part à Madagascar en quête de ses origines et d'un père qui n'a jamais été là. Elle y découvre un pays qu'elle racontera à travers une nouvelle sur les événements de 1947, nouvelle qui grandira année après année et deviendra une fresque sur quatre générations. Seulement, la mort survient, dérègle les plans, impose le deuil et défait ce qui a été fait. Le roman se transforme à nouveau, devient un homme, devient une île, devient Zébu Boy.

 

 

Zébu Boy, de Aurélie Champagne

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http://www.monsieurtoussaintlouverture.net



 

Editeur : Monsieur Toussaint L’Ouverture (août 2019)

ISBN : 979-1090724754

 

 

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