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EVADEZ-MOI
20 janvier 2018

Taqawan d'Eric Plamondon

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Au Québec, on a tous du sang indien. Si c’est pas dans les veines, c’est sur les mains.

 

Le pitch :

Juin 1981, le gouvernement du Québec décide d’interdire la pêche au saumon dans la réserve des Mig’maq. Une opération musclée a lieu.

Océane, 15 ans, assiste de loin à l’arrestation de son père, infirme.

La jeune fille sera retrouvée par Yves Leclerc, violée et abandonnée près de la rivière.

 

Mon avis :

Je découvre la maison d’édition Quidam avec cet étrange roman noir.

Etrange comment ? Par sa construction totalement anarchique. L’auteur nous parle dans ce roman d’une multitude de choses avec ou sans rapport avec la trame noire du récit.

On suit bien sûr le déroulement des évènements dans la réserve Mig’Maq, ce que subit Océane et ce que va faire Yves pour la secourir avant de pouvoir tenter de la rendre à sa famille. L’histoire est noire mais si elle sert de fil rouge, elle n’a finalement pas plus de place que les autres morceaux composant ce roman indéniablement différent de ce qu’on peut lire habituellement. Violente, cette histoire n’est pas forcément des plus originales mais elle sert de fil rouge où l’auteur va attacher des bouts d’histoires, de politique, de légendes, de sciences naturelles qui vont former un tout finalement très cohérent.

L’auteur nous enseigne à peu près tout ce qu’il y a à savoir sur le saumon, de sa naissance à sa migration, sans oublier les techniques de pêche. Et c’est là le plus étonnant, sans pour autant ennuyer le lecteur parce qu’il émiette son enseignement un peu partout dans l’histoire.

Eric Plamondon n’hésite pas non plus à dénoncer clairement la politique du Québec envers ces peuples parqués dans des réserves faisant ressortir racisme et ségrégation, hypocrisie, ignorance, humiliation et finalement peur.

Des indiens, ce sont des Indiens. On les a appelés comme ça parce qu’on croyait être arrivé en Inde. Mais non, on était arrivé en Amérique. Avec le temps, on s’est mis à les appeler des Amérindiens. Plus tard, on dira des autochtones. Avant ça, on les a longtemps traités de sauvages. Il faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir. Celui qu’on traite de bâtard toute sa vie pour lui signifier sa différence ne voit pas le monde du même œil que celui qui a connu son père. Quel monde pour un peuple qu’on traite de sauvage durant quatre siècles ?

L’auteur nous initie à certains rites ancestraux et à quelques légendes de ce peuple attaché à ses terres qu’on lui a volé il y a bien longtemps.

C’est un drôle de concept, la terre natale. Ce sont de drôles de concepts, le territoire, la culture, la langue, la famille. Comment ça fonctionne, dans la tête des humains ? Ils sont les enfants de leurs parents. Ils naissent au sein d’une communauté à un moment précis quelque part. Mais d’où vient cette incroyable force collective qui mène le monde depuis toujours : défendre son territoire, son identité, sa langue ? D’où vient cette nécessité, comme innée, depuis le fond des âges, qui veut que l’espèce humaine se batte et s’entretue au nom d’un lieu, d’une famille, d’une différence irréductible ? Pourquoi mourir pour tout ça ?

Ceci ajoute un plus certain et rend très enrichissante cette lecture toute en poésie dans ces passages qui alternent avec la violence du récit de ces évènements qu’a vécus cette adolescente.

Un court roman, inhabituel dans sa construction mais très agréable à lire et assurément à découvrir.

 

4ème de couverture :

Le 11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour s'emparer des filets des Indiens mig'maq. Emeutes, répression et crise d'ampleur : le pays découvre son angle mort.

Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante française découvre l'immensité d'un territoire et toutes ses contradictions. Comme le saumon devenu taqawan remonte la rivière vers son origine, il faut aller à la source... 

Histoire de luttes et de pêche, d'amour tout autant que de meurtres et de rêves brisés, Taqawan se nourrit de légendes comme de réalités, du passé et du présent, celui notamment d'un peuple millénaire bafoué dans ses droits.

 

L’auteur :

Éric Plamondon est né au Québec en 1969. Il vit aujourd’hui dans la région de Bordeaux. À quarante ans, il réalise son rêve d'écrire un premier roman et compose la trilogie intitulée 1984.

Hongrie-Hollywood Express, Mayonnaise et Pomme S mettent en scène trois figures du XXe siècle. Il s’agit respectivement de Johnny Weissmuller, Richard Brautigan et Steve Jobs.

Avec finesse et jubilation, Gabriel Rivages, le narrateur de la trilogie, nous promène dans l’histoire culturelle de la grande Amérique. Il tisse un patchwork magnifique de toute une époque.

Les trois tomes de la trilogie ont été sur la liste des finalistes du Prix des libraires du Québec. Mayonnaise a également été sélectionné pour le Prix littéraire des collégiens, le Prix littéraire France-Québec et le Grand Prix du livre de la ville de Montréal.

 

  • Editeur : QUIDAM EDITEUR (4 janvier 2018)
  • Prix : 20.00 €
  • ISBN: 9782374910789

 

 

 

Home | Quidam éditeur

L'insolite, le singulier. Des auteurs plutôt que des livres.

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Commentaires
J
Je remercie monsieur Éric Plamondon auteur de Taqawan de m'avoir permit de contribuer à ce roman par des dictons et autres textes tirés de mon site Mi'kma'ki http://www.astrosante.com/traduction_nessutmasewul.html<br /> <br /> <br /> <br /> Merci aussi aux autres collaborateurs, Alanis Obomsawin (textes tirés du documentaire « Les événements de Restigouche »), Danielle Cyr et Marie-Bernard Young (pour l'orthographe mi'kmaw), Earle Lockerby (textes tirés de l'article « Ancient Mi'kmaq Customs; A Chaman Revelations» (The Canadian Journal of Native Studies, vol. XXIV, no 2, 2004), René Levesque (extrait de la conférence de presse du 25 juin 1981).
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