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EVADEZ-MOI
12 septembre 2018

1994 de Adlène Meddi

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1994… Qui s’en souvient ? Qui s’en soucie ? Adlène Meddi nous entraîne en Algérie pour nous parler de son pays et des algériens.

Il nous raconte une tranche d’histoire de son pays au travers de quatre jeunes : Amin, Sidali, Farouk et Newfel.

1994 a changé toute leurs vies.

Dans un texte construit comme une pyramide, l’auteur nous parle tout d’abord d’un passé proche 2004. Amin est en Algérie et assiste aux obsèques de son père, ancien militaire très redouté Zoubir Sellami. Sidali est depuis dix ans en cavale en France mais décide de revenir en Algérie pour revoir son ami Amin et le sortir de l’asile psychiatrique où il est détenu.

Ensuite nous remontons le temps en 1994. Les quatre copains sont lycéens. La guerre interne en Algérie bat son plein entre armée et « terroristes ». Alger est à feu et à sang, y règnent assassinats, tortures et arrestations arbitraires. Ces quatre gamins vont devoir entrer dans ce conflit dont ils ont hérité.

Elle naquit ainsi, l’armée impérieuse et anonyme, dans la chaleur humide d’un printemps plein de sang. Dans l’extraordinaire débauche de meurtres éclatant dans chaque recoin du pays chéri. Du pays payé cher, des rues de l’enfance plus petites, maintenant que, jeunes hommes, ils toisaient le monde du haut de leurs certitudes et de leurs faits d’armes passifs. Spectateurs aguerris des attentats quotidiens, meurtris, morts, mortifiés et mille fois mourants sous le soleil matraquant des kalachnikovs officielles ou non. Armement acharné, sans nom, sans raison mais, finalement, déterminé à les détruire dans ce qu’ils étaient, dans ce qu’ils seraient. Demain ou tout à l’heure.

Pour comprendre cet héritage, l’auteur nous emmène en 1962. On est à la fin de la guerre d’Algérie qui oppose les français aux algériens. Zoubir, le père d’Amin, est alors un jeune soldat de l’Armée algérienne. Farès, le père de Sidali, se bat à ses côtés. De l’histoire de ces deux hommes va découler l’avenir de leurs fils.

Dans ce texte on ressent énormément d’émotion, de rage aussi, de la part de l’auteur.

Au-delà d’un texte magnifiquement écrit, tous ces sentiments nous atteignent d’une manière rare en littérature. On ressent l’amour de l’auteur pour son pays et pour ses habitants, pour ces lieux, ces ruelles, cette Méditerranée. Mais on ne peut éluder la tristesse, les regrets, la colère qui en ressort.

L’histoire de ces quatre jeunes est poignante, tragique. Elle est servie par une plume sublime. Alors bien sûr c’est politiquement orienté, ça tente d’expliquer et de trouver des justifications mais il faut toujours avoir conscience que la vérité n’est pas forcément que d’un seul côté, qu’il faut comprendre avant de juger. Je garderai une tendresse particulière pour ce roman qui m’a beaucoup touchée et que je vous recommande sans l’ombre d’une hésitation.

Il n’y avait de certitude que la noyade. Noyer et se noyer à bout de forces dans cet océan déchaîné de sang, de larmes et de merde. Un océan noir et rouge dont les fonds abyssaux étaient tapissés de cercueils et de montagnes de douilles vides. Il fallait apprendre à nager là, tout de suite. Même si c’était déjà, et depuis longtemps et pour l’éternité, tellement trop tard.

 

Petit post-scriptum :

J’ai lu, et on en lira encore, des comparaisons entre ce roman et un autre, paru en même temps, celui de Frédéric Paulin, La Guerre est une ruse, aux Editions Agullo. Moi je m’y refuse. Ces deux romans n’ont strictement rien en commun si ce n’est le temps et l’espace. Ils peuvent être complémentaires mais en aucun cas comparés. Et je vous encourage à lire les deux.

 

4ème de couverture :

En 1994, alors que l'Algérie est déchirée par la guerre que se livrent l'armée et les islamistes, quatre lycéens de la banlieue d'Alger décident de former une organisation clandestine. Poussés à commettre un assassinat, ils échappent de justesse aux services spéciaux, la fameuse Sécurité militaire. Mais au terme de cette décennie noire, comment surmonter les traumatismes de leur génération ? Amin sera interné dans un hôpital psychiatrique tandis que Sidali, de retour d'exil, sera arrêté. Dix ans après les actions du groupuscule, leur cas intéresse encore un mystérieux général.

 

L’auteur :

Adlène Meddi, journaliste et romancier, est né en 1975 à El Harrach, dans la banlieue d'Alger. Journaliste à El Watan, il est également reporter pour Le Point et collabore à Middle East Eye. Après Le Casse-tete turc et La Prière du Maure, 1994 est son troisième roman.

 

 

1994 | Rivages

1994 : c'est l'année où tout bascule pour quatre jeunes lycéens algérois d'El-Harrach. Le pays est à feu et à sang lorsque ces adolescents décident de former, avec leurs propres moyens, un groupe clandestin de lutte antiterroriste.

https://www.payot-rivages.fr



 

Editeur: Payot-Rivages (septembre 2018)

Collection: Rivages Noir

ISBN: 978-2743644758

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