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EVADEZ-MOI
13 octobre 2021

Ma vie de cafard de Joyce Carol Oates

 

 

618FuG1O53L

Traduction de Claude Seban.

 

Avant de commencer à donner mon avis sur ce roman, une question me turlupine.

J’ai parcouru un peu la « toile », quelques blogs, quelques billets de libraires et tous sont unanimes : au début des années 70, Violet Kerrigan a 12 ans et dénonce ses grands-frères dès lors accusés du meurtre d’un jeune noir. C’est aussi (bien tiens) ce qu’il y a sur la 4ème de couverture et dans le communiqué de presse.

Edit du 14/10/2021 : la maison d'édition a corrigé sur le site, suite à ma remarque. Mais encore bravo à tous ceux qui n'ont rien remarqué, voir, c'est un comble, ont aimé retrouver l'ambiance des 70's, le contexte historique et social... (je n'invente rien c'est sur Babélio)

Maintenant, peut-on m’expliquer comment :

-      Le véhicule des assassins peut être un modèle 1984 ?

-      Pourquoi Violet elle-même dit, dans le deuxième chapitre (faudrait quand même songer à lire plus de 2 pages avant de donner son avis), « C’était en Novembre 1991. J’avais douze ans et sept mois. » ?

Pas un seul avis, par exemple sur Babélio, n’a relevé l’incohérence, à se demander si les gens lisent les livres dont ils parlent.

 

Bref, passons au roman qui lui est excellent. Au début des années 90, donc, Violet est une gamine de 12 ans, membre d’une fratrie de plusieurs frères et sœurs comme souvent dans les familles ultra catholiques. Issue d’une famille d’immigrés Irlandais, Violet adore son père, elle, la petite chérie de son papa, la dernière-née. Jusqu’à ce qu’elle dénonce, innocemment, ses deux frères ainés pour le meurtre sauvage d’un jeune noir. Ses frères inculpés, Violet est jetée dehors par ses parents, confiée à une tante, loin de leurs yeux.

 

Joyce Carol Oates nous livre le récit d’une vie brisée pour avoir voulu bien faire. Quand toutes les valeurs prônées par une éducation, surtout très religieuse, ne s’appliquent plus dès lors qu’on parle de sa propre chair, quand on n’hésite pas à rayer de son existence sa chair et son sang, à choisir, juger ou acquitter un enfant par rapport à un autre, que reste-t-il de ces valeurs ?

Dans ce roman il y a bien plus qu’une seule victime, il y a aussi bien plus que deux coupables et l’autrice fait tomber les masques en dénonçant l’hypocrisie de mentalités bien ancrées, celles où des fils auront toujours plus d’importance, seront toujours de plus grandes sources de fierté que des filles, ou des femmes, à l’image de la mère de Violet. Cette mère est un personnage qu’on ne pourra pas aimer parce qu’une mère se doit de protéger ses enfants, tous ses enfants. Mais peut-être qu’éloigner Violet c’est aussi la protéger. Mais que peut comprendre une enfant ? La souffrance psychologique de Violet hante ces pages.

 

L’autrice a cette portée dramatique dans son écriture qui rend ce roman encore plus fort, plus violent émotionnellement. Ce texte parle évidemment de racisme, mais il va bien au-delà. Il parle de toutes les différences, quelles qu’elles soient : la couleur d’une peau comme celle du lycéen battu à mort, un handicap physique ou mental comme dans le cas de cette jeune fille que les frères de Violet ont agressée auparavant, ou encore le simple fait d’être de sexe féminin, comme Violet, dont on attend d’elle uniquement une loyauté sans faille et surtout de se taire.

C’est un superbe roman qui mérite d’être lu, relu, un vrai cri à la justice et à l’égalité.

 

Je vous ferai grâce d’une quatrième de couverture erronée …

 

Ma vie de cafard , Joyce Carol Oates, Littérature étr...

" La romancière ajoute une pierre à sa monumentale œuvre fictionnelle sur une Amérique raciste et violente." Le Figaro Au cours des années 1970, dans l'État de New York, Violet Rue Kerrigan, 12 ans, dénonce ses grands frères qui ont tué un jeune Afro-américain dans un accès de violence raciste.

https://www.editionspoints.com



Joyce Carol Oates est née aux États-Unis en 1938. Auteure d’une œuvre considérable, membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, elle a reçu de nombreuses distinctions dont le National Book Award pour Eux, le prix Femina étranger 2005 pour Les Chutes, et le prix Jérusalem 2019.

 

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