En ce moment, les gens autour de moi, mes collègues parfois, les infos, tout me désespère, à croire que les gens aiment se faire flipper et vivre dans une angoisse constante. J’ai comme l’impression de vivre au milieu de névrosés de tous poils.

Alors, forcément, un roman qui me fait rire mérite d’être mis en avant.

C’est le cas avec le très spirituel, furieusement drôle et, quelque part aussi, insolent, Habemus Piratam de Pierre Raufast qui est paru en ce début d’année et édité par les Forges de Vulcain, une maison avec une ligne éditoriale variée, parfois un peu cabotine mais que j’aime beaucoup.

L’auteur nous entraîne dans la vallée de Chantebrie (ne cherchez pas, elle n’existe pas) dans un village où sévit le père Francis qui, tous les vendredis, entend ses paroissiens à confesse. Les habituées fidèles sont deux petites vieilles qui viennent sans faillir se dénoncer l’une l’autre pour des tricheries au scrabble ou un vol d’œuf. Parfois, les péchés à pardonner sont un peu plus croustillants ou relèvent d’une « légende urbaine » du village.

Mais, un jour débarque un étranger qui, chaque vendredi, viendra confesser un péché personnel en relation avec l’un des 10 commandements. Chacun des ces 10 aveux va amener son lot d’humour, de dérision mais aussi certains enseignements concernant ce monde de la cybercriminalité qui, pour la plupart d’entre nous, nous parait totalement incompréhensible. Cet étranger va apporter un peu de piment dans la vie de ce paisible, semble-t-il, curé de campagne.

C’est drôle, piquant, original, un vrai roman feel good en fin de compte et ça fait un bien incroyable.

Je ne vous en dis pas plus mais je vous le conseille fortement, à consommer sans modération et je vous laisse avec un petit extrait de « tu ne tueras point ».

Extrait :

-      Le cinquième commandement est l’un des plus importants : « Tu ne tueras point. »

-      Je n’ai jamais tué quelqu’un… enfin, pas directement.

-      Comment cela ? interrogea le curé.

-      Je suis informaticien. Pas tueur à gages. Je ne me suis jamais pointé chez quelqu’un avec un calibre 38, et pan pan !

Il y avait de quoi décevoir un prêtre. Tout confesseur aurait aimé avoir affaire à un vrai méchant, un malfrat qui vient confesser des meurtres sanglants. Un psychopathe qui s’introduit en pleine journée chez des mères au foyer pour leur faire éclater la cervelle à coup de batte de base-ball. Ou leur arracher les yeux avec une roulette à raviolis. Ou un tueur en série nostalgique des Apaches qui scalperait ses victimes et les enterrerais vivantes en enduisant leur tête de miel pour nourrir les fourmis rouges.

Résumé de l’éditeur :

Francis mène une vie bien calme. Il faut dire qu'il est curé dans la vallée de Chantebrie et que ses paroissiens ont peu de péchés palpitants à lui confesser. Jusqu'au jour où un homme débarque dans son église pour s'accuser d'avoir enfreint chacun des dix commandements. Plaisir inattendu : l'homme est un hacker de génie et ses crimes sont pour le prêtre l'occasion de découvrir avec délice un monde dont il ne soupçonnait pas l'existence : le monde des pirates informatiques, de la cybersécurité et du dark web. Francis met alors le doigt dans un engrenage numérique qui va l'entraîner beaucoup plus loin que prévu.

Pierre Raufast est né à Marseille en 1973. Depuis son premier roman, La Fractale des raviolis (prix de la Bastide et prix Talents Cultura 2014), il se plaît à jouer avec les structures narratives. Quand il n'écrit pas, il travaille dans la cybersécurité (et vice versa).