Valet de Pique de Joyce Carol Oates
Traduction de Claude Seban.
Editions Philippe Rey 2017.
J’ai lu pour la première fois Carol Joyce Oates il y a un peu plus d’un an, ce qui tend à démontrer que je n’ai pas encore lu les plus grands, loin de là.
J’avais tout de suite aimé son style alors j’ai acheté beaucoup de ses romans en poche, GF ou numérique.
Le résumé du Valet de Pique avait piqué (oui je sais, elle était facile) ma curiosité me faisant penser à un roman de mon auteur chouchou, Stephen King, paru en 1989 : La part des ténèbres.
Dans Le valet de pique, Andrew Rush est un auteur de roman policier assez connu qui aime à se comparer aux plus grands et notamment à Stephen King.
Rush, comme son modèle, écrit sous le pseudonyme du Valet de Pique. Il publie sous ce nom-là des romans beaucoup plus sanglants, trash, pervers et j’en passe et des meilleures. C’est un secret qu’il garde bien caché du public comme de son entourage, entreposant des exemplaires d’épreuves non corrigées et de formats poche dans le sous-sol de sa maison.
Quand sa fille vient lui parler d’un livre qu’elle a lu du Valet de pique, sans savoir que c’est son père qui se cache derrière, pour se plaindre que des pans de sa vie sont décrits dans le roman ; quand une vieille femme veut lui intenter un procès pour plagiat ; Andrew sombre peu à peu et le Valet de pique prend le dessus, sournoisement.
Pour ceux qui ont lu La part des ténèbres, vous avouerez que la similitude est déroutante… Sauf qu’ici il s’agit d’un clin d’œil, d’un hommage ou peut-être même d’une boutade d’une grande envers son célébrissime confrère (quoi que...).
Pour moi, ça a été une magnifique surprise d’entendre parler de Stephen King tout au long de ce roman.
Un texte teinté de cynisme bien sûr avec un personnage qui ressemble un peu à Jack Torrance (ai-je besoin de préciser de qui je parle ?).
Andrew Rush fait partie de ces personnages impalpables qui vous glissent entre les doigts. De mari et père, auteur adulé, il devient un homme arrogant, violent, voleur et assassin. Il est plus qu’un personnage central, il est le roman à lui tout seul.
Si ici l’écrivain est harcelé par son double et non par le personnage qu’il a créé, il n’en sombre pas moins dans un dédoublement de personnalité, bien évidemment déclenché par un évènement que les lecteurs découvrent comme un aveu ou un besoin de rédemption.
C’est brillant, c’est intense. Je suis bluffée.
Existe en poche chez Points (2018).