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EVADEZ-MOI
19 juin 2021

Un coin de ciel brûlait de Laurent Guillaume

Un_coin_de_ciel_brulait_hd

 

Voici un roman que j’attendais avec impatience.

Il faut dire que, selon certains, je ne suis pas très objective avec cet auteur. C’est faux et je ne suis pas responsable si chacun de ses romans est une décharge d’adrénaline dans les veines des lecteurs (et des lectrices).

Ici, Laurent Guillaume aborde deux thèmes qui sont loin d’être de l’histoire ancienne.

Je commencerai par le fond qui n’est autre que ce que l’on appelle les Diamants de sang ou plus diplomatiquement les Diamants des conflits.

Pourquoi ces appellations ? L’auteur l’explique très clairement dans ce texte en nous emmenant en Sierra Leone au début des années 90.

Un génocide se déroule dans ce pays et toute l’Afrique est sous tension. Les rebelles affrontent les militaires et la police (qui souvent ne font qu’un) en place en exterminant des villages entiers sans distinction entre femmes, enfants, vieillards ou hommes, pillant, violant, torturant. Mais au-delà des conflits politiques, ce qui détient réellement le pouvoir, ce sont les diamants. Une richesse inconsidérable enfouie dans le sol africain, un signe extérieur de richesse tant convoité par les pays « riches » que le précieux gemme est récolté dans des bains de sang. Et, à l’image de celles qui aiment revêtir avec fierté la peau d’un animal tué pour que madame se pavane, celles qui aiment à montrer le plus gros nombre de carats à leur doigt ou à leur cou (souvent les mêmes ici aussi) n’ont que faire de la manière dont arrivent jusqu’à elles leurs derniers achats. On a peine à imaginer que ce que décrit Laurent Guillaume est en grande partie tout à fait véridique.

En réalité, tout le monde s'en foutait de cette putain de guerre civile. Et puis c'était pratique, ça évitait de se poser la question de savoir si les diamants qu'on avait achetés à New-York, Londres ou Paris, le cadeau qu'on avait offert à bobonne, étaient poisseux de sang. 

Tout comme on a du mal à imaginer depuis l’Europe de l’Ouest, ou plutôt disons que nous n’avons pas envie de le savoir, que des enfants sont enlevés lors de ces expéditions mortelles dans les villages pour être dressés en vrai soldats sanguinaires par des factions rebelles et/ou terroriste. Ceci n’est pas l’apanage de l’Afrique Noire, c’est aussi ce qui se passe dans les pays du Golfe et d’autres proches de l’Europe, sans parler de l’Amérique du Sud où on peut comparer le trafique de cocaïne à celui des diamants en Afrique. En nous racontant l’histoire de Neal, enlevé très jeune à sa mère, forcé de tuer lui-même son propre père, l’auteur nous démontre l’emprise des chefs armés qui les modèlent sans pitié pour en faire des monstres.

Il y avait une banderole défraîchie qui claimait : "Eduquer, c'est croire à demain". Mais demain avait déchanté. Plus aucun enfant n'apprenait ici. La guerre civile les avait renvoyés aux champs. Le soir, ils se terraient avec leurs parents dans leurs misérables case de bance, espérant échapper aux rebelles, aux Kamajors, aux soldats des forces armées sierra-léonaises.

Et ces deux aspects, si cruellement liés, Laurent Guillaume nous les sert par le biais d’une enquête menée de nos jours par une journaliste, Tanya, et portant sur plusieurs meurtres commis à l’aide de pics à glace. Elle découvre peu à peu ce qui lie ces hommes, assassinés « proprement » par un tueur qui ne cherche même pas à dissimuler son visage aux caméras de surveillance. C’est un fantôme surgi de cette Afrique où la sœur de Tanya a disparu il y a quelques années.

Comme pour tous les romans de Laurent Guillaume, c’est un texte très énergique, un style percutant et qui vous empêche de ralentir dans votre lecture.

Au contraire de pas mal de ses collègues flics-auteurs, Laurent Guillaume a su adopter un style, son style, reconnaissable par le dynamisme de son écriture et par le talent qu’il a d’injecter une telle dose d’aspect véridique à ces histoires qu’on est réellement comme inclus dans ses romans.

Vous l’aurez compris, je suis fan et, pour le moment, je n’ai jamais été déçue. A lire, pour la trame policière mais surtout pour les faits réels dont ce roman parle.

 

4ème de couverture :

Sierra Leone, 1992. La vie de Neal Yeboah, douze ans, bascule sans prévenir dans les horreurs de la guerre civile qui ensanglante son pays : enrôlé de force dans un groupe armé, il devient un enfant-soldat.

Genève, aujourd'hui. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse. L'homme avec qui elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palace genevois, un pic à glace planté dans l'oreille. Tanya comprendra très vite qu'elle a mis les pieds dans une affaire qui la dépasse...

Trente ans séparent ces deux histoires, pourtant, entre Freetown, Monrovia, Paris, Nice, Genève et Washington DC, le destin fracassé de Neal Yeboah va bouleverser la vie de bien des gens, celle de Tanya en particulier. C'est que le sang appelle le sang, et ceux qui l'ont fait couler en Afrique l'apprendront bientôt. À leurs dépens.

 

L’auteur :

Ancien capitaine de police, aujourd'hui consultant pour de grandes organisations internationales, Laurent Guillaume est l'auteur de plusieurs romans remarqués, dont Mako, Black cocaïne (en cours d'adaptation pour la télévision) et Là où vivent les loups. Il écrit aussi pour la télévision.

 

 

Michel LAFON - Un coin de ciel brûlait, Laurent Guillaume

LAURENT GUILLAUME Sierra Leone, 1992. La vie de Neal Yeboah, douze ans, bascule sans prévenir dans les horreurs de la guerre civile qui ensanglante son pays : enrôlé de force dans un groupe armé, il devient un enfant-soldat. Genève, aujourd'hui. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse.

http://www.michel-lafon.fr



 

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