Traduit de l’anglais par Simon Baril.

Avec L’amitié est un cadeau à se faire, William Boyle change de registre.

Après Tout est brisé, roman très sombre que j’avais trouvé un peu trop déprimant, l’auteur nous offre un roman truculent, souvent drôle, mené sur les chapeaux de roues.

Cependant, on retrouve quelques similitudes entre les deux romans. Un personnage principal féminin qui ferait tout pour sa famille.

Rena est veuve d’un membre de la pègre de Brooklyn, elle a toujours été une femme discrète, n’a pas d’amies. Elle est seule et ne pense qu’à sa petite fille Lucia et sa fille Adrienne qu’elle ne voit plus.

Ici, l’auteur insuffle un courant d’espoir et met l’amitié au premier plan. C’est parfois compliqué, l’amitié, pour certaines personnes. Il arrive que ça soit comme un coup de foudre. Entre en scène Lacey Wolfstein, une ex-star du porno.

         De quoi parle Wolfstein, exactement ? Rena est prête à admettre qu’elle ne comprend pas tout. Que certaines de ces révélations la choquent. Des films porno et de la drogue, elle ne s’attendait pas à ça. Wolfstein a un style un peu plus tape-à-l’œil qu’elle, c’est sûr, mais elles ont sensiblement le même âge ; en la regardant, on ne se douterait pas qu’elle est à ce point différente, qu’elle a un sombre passé.

         Mais qui est Rena pour parler du « sombre passé » des autres ? Elle était mariée à Vic Ruggiero, Vic le Tendre. Elle savait ce qu’il avait fait, en partie, et pour le reste elle avait entendu des rumeurs. Est-ce si facile de décider de ce qui est vraiment mal ? Pourquoi serait-il plus dégoûtant d’être dans le porno que dans la mafia ? Rena a fermé les yeux sur certaines choses tout en se permettant de rendre des jugements injustes sur le monde et sur les autres. Pendant ce temps on l’a jugée, elle aussi. Femme de gangster. Sainte-nitouche de catho. Hypocrite.

Comment une veuve de mafieux de Brooklyn et une actrice déchue du Bronx peuvent se retrouver ensemble, sur la route, fuyant des tueurs de la pègre avec une gamine ingérable et une complice alcoolique ? ça, vous le découvrirez dans une scène incroyablement tragique et drôle qui ferait pâlir d’envie Tarantino. Il faut dire qu’il y a énormément de références au Cinéma dans ce roman. Des films-culte de gangsters, les Affranchis, le Parrain, en passant par Pulp Fiction et, bien sûr, Thelma et Louise, ce roman vous entraîne dans un vrai tourbillon avec en son centre l’amitié, la famille, un besoin de liberté, de s’affranchir du passé, de tourner définitivement la page.

C’est aussi un texte profondément féministe avec quatre personnalités fortes qui effacent complètement les protagonistes masculins qui, il faut bien le dire, ont plus que de mauvais rôles dans cette histoire.

Boyle a changé de style et ça lui va plutôt bien, c’est un excellent roman.

4^ème de couverture :

Veuve d’un célèbre mafioso de Brooklyn, Rena Ruggiero n’apprécie guère les lourdes avances de son voisin octogénaire Enzio qu’elle finit par assommer à coup de cendrier. Persuadée de l’avoir tué, elle « emprunte » la magnifique Impala du séducteur éconduit pour filer chez sa fille Adrienne, qui lui claque la porte au nez. En face, une voisine compatissante lui offre l’hospitalité : la pétillante Lacey Wolfstein, ancienne star du porno, est ravie d’avoir un peu de compagnie. Mais l’ambiance se tend quand Richie, l’amant d’Adrienne, tueur de la mafia, débarque avec un joli magot obtenu en massacrant une bande rivale. Et il est suivi de près par Enzio, pas si mort que ça. Mieux vaut décamper rapidement, d’autant que le clan décimé par Richie n’a pas dit son dernier mot.

L’auteur :

William Boyle est né et a grandi dans le quartier de Gravesend, à Brooklyn, où il a exercé le métier de disquaire spécialisé dans le rock américain indépendant. Il vit aujourd'hui à Oxford, dans le Mississippi.

Dès la publication de son premier roman, Gravesend (Rivages/noir, 2016), il est repéré comme une étoile montante du roman noir américain. Livre après livre, il tisse la chronique de Gravesend et de ses habitants "aux vies minuscules vécues sur la corde raide".

Du même auteur, chez Gallmeister, Tout est brisé et Le témoin solitaire.

Editeur : Editions Gallmeister (juin 2020)

Collection : Americana

ISBN : 9782351781906

L'Amitié est un cadeau à se faire

ROMAN AMERICANA ISBN 978-2-35178-190-6 Parution le 18/06/2020 384 pages 23,80 euros Veuve d'un célèbre mafioso de Brooklyn, Rena Ruggiero n'apprécie guère les lourdes avances de son voisin octogénaire Enzio qu'elle finit par assommer à coup de cendrier.

https://www.gallmeister.fr