New Iberia blues de James Lee Burke
Traduit de l’anglais par Christophe Mercier.
Robicheaux revient dans un 22ème volet de ses enquêtes (si je ne m’abuse) et pour ma part, même si j’en ai 3 autres dans ma bibliothèque, New Iberia Blues est mon premier.
Ça ne m’a aucunement gênée dans ma lecture donc ne prenez pas cette excuse pour ne pas lire ce roman.
Même si ce livre peut impressionner par sa taille, pas loin de 600 pages, il se dévore et se lit aussi vite qu’un roman qui contiendrait moitié moins de pages. Donc, ne prenez pas cette excuse pour ne pas le lire.
Par contre, des raisons pour le lire, j’en ai plusieurs à vous suggérer.
La première est le style. C’est rythmé, l’auteur donnant un enchaînement parfait aux chapitres. Si l’intrigue est complexe, jamais le lecteur ne se sent perdu. On s’approprie les personnages et le lecteur les assimile très vite.
Justement, les personnages. Vient en premier, bien sûr, Dave Robicheaux, qui, si le personnage reste classique par certains côtés, ne sombre pas dans les clichés. C’est un homme futé avec un instinct (un peu) sur développé, protecteur avec sa fille, fidèle dans son amitié envers Clete Purcel, c’est un flic aguerri qui fait preuve de sagesse et n’hésite pas à se remettre en question. Clete est l’ancien partenaire de Dave et, pour moi, le plus attachant. Courageux, serviable, gentil, il forme un duo avec Robicheaux quasi rêvé.
L’avantage d’avoir une certaine connaissance du monde classique, c’est que rares sont ceux pour qui c’est le cas. Le second avantage, c’est qu’on a conscience que tous les problèmes qu’on affronte aujourd’hui se sont déjà produits de nombreuses fois, que la conduite des protagonistes est toujours prévisible, et que les conséquences sont toujours les mêmes. C’est un peu comme aller aux courses avec, dans la poche, les noms des gagnants et des perdants.
- Toute intrigue littéraire se trouve soit dans la Bible, soit dans la mythologie grecque, soit dans le théâtre élisabéthain. Hemingway disait qu’un auteur avait le droit de voler, à condition d’améliorer le matériau. J’avais le même sentiment en ce qui concerne une enquête sur un homicide. Les détails extérieurs sont superficiels. Les mobiles n’ont rien de mystérieux. L’avarice, la peur, la frénésie sexuelle, la vengeance, la soif de pouvoir, la rage qui a des effets chimiques sur le cerveau : tels sont les détritus flottant sur le patrimoine génétique. Lisez le récit fait par Charles Dickens d’une exécution publique à Londres. Ça vous donnera envie de fuir l’humanité.
Les lieux, la Louisiane et ses bayous, ces paysages uniques, James Lee Burke en parle avec amour et nous décrit des endroits, des fleurs, des marécages, comme s’il peignait un tableau. L’écologie reste très présente tout au long de ce texte.
De la même façon, il raconte son Etat, son Histoire, le mélange des couleurs de peaux, des origines, des rites et des croyances, mais aussi l’espoir de le préserver encore un peu et donne l’exemple dans cet opus de la Californie Hollywoodienne, pervertie par l’argent et la célébrité.
Le vent secouait le pick-up, redressant les feuilles des palmiers dans le jardin de Desmond, et précipitait les vagues sur les parpaings qui bordaient la rive à l’extrémité de la pointe. Les vagues étaient remplies d’algues et visqueuses d’écume, suçant centimètre par centimètre le sable entre les blocs de ciment, détruisant notre meilleure tentative d’empêcher l’inévitable. Je pensais à Lucinda Arceneaux et au bateau blanc dans lequel elle avait peut-être été gardée captive avant sa mort, à la personne, ou aux personnes, qui l’avaient assassinée, et je me demandais si la nature humaine et notre prédisposition au mal changeraient jamais, ou si elles perdureraient dans notre guerre contre la terre jusqu’à ce que nous ayons détruit la totalité du globe terrestre, et nos structures, et nous-mêmes, et ayons transformé la planète en la sphère d’un bleu aqueux qu’elle fut un jour.
Enfin, la trame de cette enquête qui est, ne l’oublions pas, importante et complexe.
Il est assez difficile d’en parler sans risquer d’en dire trop.
Plusieurs meurtres sont perpétrés selon un mode opératoire qui ne cessera d’envoyer Robicheaux sur de fausses pistes surtout qu’il a l’esprit ailleurs depuis que sa fille s’est entichée d’un homme travaillant pour une équipe de production d’un film dont le producteur lui-même est dans le collimateur de Dave et Clete.
Pour résumer, tout est très bon dans ce roman, rien à jeter, même la couverture est superbe !
Donc, pas d’excuses et vous m’en direz des nouvelles.
4ème de couverture :
La mort choquante d'une jeune femme retrouvée nue et crucifiée amène Dave Robicheaux dans les coulisses d'Hollywood, au cœur des forêts louisianaises et dans les repaires de la Mafia. Elle avait disparu à proximité de la propriété du réalisateur Desmond Cormier, que Dave avait connu gamin dans les rues de La Nouvelle Orléans, quand il rêvait de cinéma...
L’auteur :
James Lee Burke est l’un des auteurs les plus prolifiques du roman noir américain contemporain. Deux fois lauréat du prestigieux Edgar Award, il poursuit les sagas qui l’ont rendu célèbre, celle de l’enquêteur Dave Robicheaux (héros de Dans la brume électrique que Bertrand Tavernier a porté à l’écran) et du shérif Hackberry Holland. Unanimement loué pour le lyrisme avec lequel il évoque la nature dans ses livres, engagé dans la défense de l’environnement, Burke continue à explorer de livre en livre les ambiguïtés du bien et du mal, une quête puissante qui l’a fait comparer à Faulkner. Il partage son temps entre le Montana et la Louisiane.
Editeur : Payot-Rivages
Collection : Rivages Noir
ISBN : 9782743650858
La mort choquante d'une jeune femme retrouvée nue et crucifiée amène Dave Robicheaux dans les coulisses d'Hollywood, au coeur des forêts louisianaises et dans les repaires de la Mafia. Elle avait disparu à proximité de la propriété du réalisateur Desmond Cormier, que Dave avait connu gamin dans les rues de La Nouvelle Orléans, quand il rêvait de cinéma...
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