Le vestibule des lâches de Manfred Kahn
Pour le choix de mes lectures, je fonctionne souvent à l’instinct.
Une couverture, un résumé en quatrième de couverture, deux des critères que je prends en compte même si certains trouveront idiot celui de la couverture, je l’assume.
Un livre c’est comme une personne : si la couverture est laide, vous n’aurez pas forcément envie de découvrir le contenu.
Ici, je la trouve superbe cette couverture même si au fond elle n’a pas de rapport avec le roman.
Et quel roman !
Certains seront très surpris car ici passé et présent se chevauchent au travers de la vie de Victor. Sa nouvelle vie qu’il essaie de construire dans la Vallée, dans un village de chasseur dominé par la montagne et ses Abymes, un lieu que les anciens disent maudit. Une nouvelle vie que vient chambouler une femme, Josepha, à la personnalité étrange, indéfinissable et dont le mari règne en maître sur la Vallée.
Son ancienne vie, avec sa femme et sa fille, dont il recouvre peu à peu le souvenir, après qu’ils ont été tous trois victimes des attentats à Paris.
Les personnages sont impalpables et déroutants.
Victor est un homme brisé physiquement mais aussi psychologiquement. Retrouver la mémoire est comme revivre sans cesse sa douleur. Quand il retrouve son chien tué dans sa cuisine, quand il comprend que Josepha est victime d’un mari violent, il a besoin d’explications, besoin aussi de retrouver un semblant de sérénité, de calme.
Josepha est la femme du « mâle dominant » d’une meute de chasseurs de la Vallée et de leurs chiens. C’est certainement le personnage le plus étrange de ce roman. Ni les autres personnages, ni le lecteur, ne parviennent à la cerner réellement.
Charles, le mari de Josepha, est quant à lui un personnage de « méchant » plus classique dans ces romans noirs qui se déroulent dans de petites villes reculées de France ou d’ailleurs.
Quant à la trame de ce roman, c’est bien évidemment un drame pour lequel on souhaiterait un « happy end » bien mérité mais existe-t-il des conclusions où tout se finit bien dans les romans noirs ? Je ne crois pas.
Le style enfin est aussi original que le texte auquel il s’applique. Il est de ces styles qu’on aime ou qu’on déteste, à l’image du magnifique roman de Noëlle Renaude Les Abattus (Rivages 2020). Personnellement, j’affectionne ces romans qui sortent du lot. C’est ici aussi un premier roman, il est magistralement réussi.
Résumé éditeur :
Dans une vallée alpine proche de l'Italie, un homme s'est installé dans une maison isolée. Il n'a presque aucun contact avec le voisinage ; son unique compagnon est un chien. Un soir, alors qu'il rentre chez lui après être allé en ville pour son travail, il retrouve le chien égorgé, baignant dans une mare de sang. Il comprend aussitôt la signification de cet acte barbare. Il part à la recherche de Charles, le mari de Josepha, l'homme qui règne sur le village et la vallée, un homme auquel il ne fait pas bon s'opposer.
A découvrir aussi :
Dans la série " romans déprimants " mais très bons, je vous présente Les abattus de Noëlle Renaude. Parce que le moins que l'on puisse dire c'est que c'est sombre, pas une once de bonheur dans ce roman mais ce n'est pas pour me déplaire.
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