Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
EVADEZ-MOI
11 mars 2020

Les abattus de Noëlle Renaude

renaude

 

 

Dans la série « romans déprimants » mais très bons, je vous présente Les abattus de Noëlle Renaude.

Parce que le moins que l’on puisse dire c’est que c’est sombre, pas une once de bonheur dans ce roman mais ce n’est pas pour me déplaire.

Ce roman est constitué de trois parties dans lesquelles l’angle de vue change radicalement. La construction est inattendue et inédite.

Dans la première partie, un jeune homme, dont nous ne connaîtrons jamais le nom, ni même le prénom, ni ceux de ses deux frères ainés, raconte ce qui a été son enfance, entre un père absent, une mère qui sombre, deux frères qui le maltraitent puis, plus tard, le suicide de sa mère, sa petite sœur que doit élever seul son beau-père qui le rejette. Nous assistons, impuissants, à tous les drames, tous ses espoirs déçus, ses échecs. Mais il tient bon le bonhomme, malgré tout. Il finit même par se rapprocher de ce beau-père qui, au seuil de la retraite, démuni, n’a finalement plus que l’épaule du jeune homme pour se reposer.

L’écriture de cette première et grande partie du roman est également différente de ce que l’on peut lire habituellement. Elle donne une impression d’histoire saccadée avec des faits énoncés plus que des phrases longues et imagées. Mais ce style même trouve tout son sens dans la deuxième partie.

Dans la deuxième partie, le narrateur disparait, corps et âme, et laisse place aux protagonistes et personnages secondaires de la première partie, chacun leur tour, donnant l’impression au lecteur de mener l’enquête, rassemblant des indices. C’est très finement joué de la part de l’auteure et c’est en partie ce qui m’a définitivement séduite dans ce roman. Personne ne se soucie de la disparition du narrateur de la première partie sauf le lecteur finalement, parce qu’il est le seul à tout connaitre de sa vie.

La troisième partie est, quant à elle, digne de Usual suspects avec un assassin qu’on n’attendait pas et tout un tas de situations décrites dans la première partie qu’on aborde d’un œil nouveau.

C’est impressionnant de maîtrise, je suis restée assez bluffée.

Il est vrai que la première partie peut en décourager certains. Le style est particulier, on ne voit pas du tout où l’auteure veut en venir. Mais, croyez-moi, ça vaut la peine parce que ce texte a vraiment une construction très intelligemment pensée.

 

4ème de couverture :

Un jeune homme sans qualité relate ses années d’apprentissage entre 1960 et 1984 dans une petite ville de province, au sein d’une famille pauvre et dysfonctionnelle. Marqué par la poisse, indifférent au monde qui l’entoure, il se retrouve néanmoins au centre d’événements morbides : ses voisins sont assassinés à coups de cutter, son frère cadet commet un braquage et disparaît avec le magot, des malfrats reviennent régler leurs comptes, une journaliste qui enquêtait sur le narrateur est retrouvée noyée, etc., jusqu’au jour où lui-même disparaît sans laisser de traces. Dans la deuxième partie, situé en 1984, son entourage cherche à comprendre ses motivations, le considérant tantôt comme une victime, tantôt comme un importun, tantôt comme un suspect.

 

L’auteure :

Noëlle Renaude est auteure de nombreuses pièces de théâtre. Elle est également l’auteure, sous pseudonyme, de fictions publiées dans la revue Bonne soirée, dont l’une est en cours d’adaptation cinématographique. Les abattus est son premier roman.

 

Les Abattus

Un jeune homme sans qualité relate ses années d'apprentissage entre 1960 et 1984 dans une petite ville de province, au sein d'une famille pauvre et dysfonctionnelle.

https://www.payot-rivages.fr



 

Editeur : Payot-Rivages (février 2020)

Collection : Rivages Noir

ISBN : 978-2743649630

 

Commentaires
Newsletter
Archives