Un dernier ballon pour la route de Benjamin Dierstein
Un dernier ballon pour la route, c’est un peu la phrase « fil rouge » de ce roman noir.
Il faut avouer qu’il est beaucoup question de ballons dans cette histoire, la plupart des scènes les plus improbables se déroulent au bord d’un zinc et sont imbibées de piconard (pour savoir ce que c’est, il faudra lire le roman) ou de Suze.
L’auteur en profite pour nous offrir une avalanche de sketchs de comptoirs à prendre à différents degrés mais qui m’ont beaucoup amusée.
Mais parlons d’abord de la trame. Parce que sous un couvert de comédie se cache un vrai roman noir. Du meurtre de l’amour de jeunesse du personnage principal, Freddie Morvan, ex-flic, ex-détective privé, ex-agent de sécurité, raté notoire, en passant par un kidnapping de gamines un peu (beaucoup) barrées, sans oublier de riches propriétaires terriens aux mains pas très propres, Benjamin Dierstein nous plonge dans une enquête atypique.
Les personnages ne sont pas plus « normaux » que les situations. Vous aurez mêmes droit à des « Apaches », poussant à l’extrême l’opposition entre les riches du village dont certains membres de la famille la plus puissante occupent des postes clé comme maire ou gendarme, et ceux qui occupent parfois indument des terres pour y planter leur campement.
Freddie et son ami Didier forment un duo qui n’est pas sans rappeler les frères Babbitt dans le film Rain Man. Didier est un homme resté enfant, un cœur énorme, une fidélité sans borne mais un homme maladroit, parfois brutal et rarement sobre. Freddie est là pour les sortir des pires situations et éviter à Didier de déclencher des catastrophes. Ils forment un duo somme tout attendrissant et attachant et apportent cette originalité indéniable à ce texte bourré d’humour.
C’est un humour noir, cynique, parfois lourdingue. On aimera, ou pas, mais je défie quiconque de ne pas sourire en lisant les péripéties de Didier et Freddie, malgré le fond triste et déprimant. Parvenir à gommer une grosse part de noirceur avec des blagues de potache sans pour autant effacer la trame polar, c’est un tour de force qui n’est pas donné à tous les auteurs. Benjamin Dierstein y arrive avec une facilité déconcertante.
4ème de couverture :
Viré de l’armée, viré de la police, viré d’une boîte de sécurité privée, Freddie Morvan vivote de petits boulots. Pour rendre service à un ami, il se met sur la piste d’une enfant enlevée par des hippies. Avec Didier, qui manie aussi bien les bouteilles que les armes, Freddie parcourt la France jusqu’au village de son enfance.
Il y rencontre des propriétaires terriens mélancoliques, des apaches héroïnomanes, des chasseurs de primes asociaux, des clochards célestes, des fillettes qui parlent avec les loups, des chèvres dépressives, des barmaids alcooliques, des ouvriers rebelles, des trappeurs zoophiles, des veuves anarchistes, des médecins écervelés, des charlatans suicidaires, mais surtout des vaches mortes, beaucoup de vaches mortes.
L’auteur :
Benjamin Dierstein est né à Lannion. Il travaille dans le milieu de la musique électronique à Rennes. Entre deux afters, il couche sur papier des histoires tordues et survoltées, remplies de personnages tourmentés par leurs obsessions. Il a publié son premier roman en 2018 : La sirène qui fume, premier volet d’une trilogie, avec pour toile de fond la fin de règne de la Sarkozie. Le deuxième tome, La Défaite des idoles, a paru en février 2020.
Viré de l'armée, viré de la police, viré d'une boîte de sécurité privée, Freddie Morvan vivote de petits boulots. Pour rendre service à un ami, il se met sur la piste d'une enfant enlevée par des hippies. Avec Didier, qui manie aussi bien les bouteilles que les armes, Freddie parcourt la France jusqu'au village de son enfance.
https://www.arenes.fr
Editeur : Les Arènes (mars 2021)
Collection : Equinox
ISBN : 979-1037502902