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EVADEZ-MOI
10 février 2021

La république des faibles de Gwenaël Bulteau

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On disait : Vive la république ! et le client répondait : qui prend soin des faibles !

Caron connaissait l’expression, bien sûr. Grâce à l’Etat de droit, la république s’enorgueillissait de protéger les faibles, surtout les enfants, et de les aider en cas de malheur. Il s’agissait de leur donner une chance de s’en sortir malgré un mauvais départ dans la vie. Ici, tout le contraire, la pauvre Esther s’en prenait plein la gueule.

Dans cette république dévoyée, les faibles buvaient le calice jusqu’à la lie.

 

Le moins que l’on puisse dire à la lecture de ce roman, c’est que les enfants sont loin d’être les protégés de cette république de la fin du XIXème.

Ce roman policier dit « historique » (j’y reviendrai en fin de chronique) s’ouvre sur la découverte du cadavre décapité d’un enfant, à Lyon, le 1er janvier 1898.

Va s’en suivre une enquête parmi la population la plus pauvre, au sortir d’une guerre contre l’Allemagne et les Prussiens, d’où certains sont revenus traumatisés, mutilés. Beaucoup d’enfants s’en sont retrouvés orphelins.

Qui dit enlèvement et meurtre d’enfants dit souvent pédophilie et c’est évidemment un des thèmes de cet excellent polar.

La trame est bien ficelée et parvient à retenir l’attention du lecteur tout au long du scénario.

Les personnages sont certes nombreux mais tous très différents, offrant plusieurs facettes politiques et sociologiques intéressantes.

Les policiers ne sont pas des héros des temps anciens, les victimes n’en sont peut-être pas toutes.

L’auteur s’attache beaucoup, et très bien, au côté sociologique de ces classes populaires de petits commerçants, bouchers ou merciers, pharmaciens mais aussi aux ouvriers et autres petits travailleurs comme les chiffonniers. Il montre l’importance du paraitre, l’influence de l’opinion publique, certains tabous qui existaient encore jusqu’à il y a peu de temps.

Pour ça et pour l’enquête policière prenante, je tire mon chapeau car c’est un premier roman et de qualité.

Mais, car il y a un « mais », j’apporterai deux bémols.

Le premier est que l’histoire et ses personnages ne sont pas suffisamment ancrés dans la période choisie. Il y a un manque certain de descriptions, tant au niveau du décor que des personnes. Le style choisi est bien trop moderne, que ça soit dans les dialogues ou dans le texte, pour correspondre à la fin du XIXème. Pour s’en convaincre, il suffirait de comparer avec un roman d’Hervé Le Corre (Rivages).

Le deuxième c’est que la période, l’environnement politique choisi offrait d’énormes possibilités d’en tirer parti mais malheureusement tout cela n’est qu’abordé en fin de roman alors qu’il s’agit d’un moment de l’Histoire important. C’est vraiment dommage.

Malgré cela, je me suis régalée avec ce polar et après tout, c’est ça qui compte non ?

 

4ème de couverture :

Le 1er janvier 1898, un chiffonnier découvre le corps d’un enfant sur les pentes de la Croix Rousse. Très vite, on identifie un gamin des quartiers populaires que ses parents recherchaient depuis plusieurs semaines en vain. Le commissaire Jules Soubielle est chargé de l’enquête dans ce Lyon soumis à de fortes tensions à la veille des élections. S’élèvent les voix d’un nationalisme déchainé, d’un antisémitisme exacerbé par l’affaire Dreyfus et d’un socialisme naissant. Dans le bruissement confus de cette fin de siècle, il faudra à la police pénétrer dans l’intimité de ces ouvriers et petits commerçants, entendre la voix de leurs femmes et de leurs enfants pour révéler les failles de cette république qui clame pourtant qu’elle est là pour défendre les faibles.

 

L’auteur :

Né en 1973, Gwenaël Bulteau est professeur des écoles. Particulièrement attiré par le genre noir, il écrit diverses nouvelles et remporte plusieurs prix. En 2017, il est notamment lauréat du prix de la nouvelle du festival Quais du Polar, pour Encore une victoire de la police moderne ! publiée par la suite aux éditions 10-21. La République des faibles est son premier roman.

 

La République des faibles

Pierre Demange se réveilla dans son lit bien avant l'aube de ce premier jour de l'an 1898. Comme chaque nuit, il avait rêvé de montagnes de vieux journaux, d'affiches de campagnes électorales et de tracts syndicaux, de tous les papiers, en fin de compte, que l'on jetait au rebut.

https://www.lamanufacturedelivres.com

 

 

Éditeur : La Manufacture de livres (février 2021)

ISBN : 978-2358877190

 

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