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EVADEZ-MOI
12 octobre 2017

Otages de Sherko Fatah

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Quelque part en Irak, Albert se retrouve dans une petite pièce, ligoté. Il a été enlevé avec son interprète Osama. Albert tue les heures en essayant de se souvenir du passé, proche ou lointain. Sa relation avec sa sœur, puis celle avec Osama avec qui il partage sa détention. Ballottés de place en place par leurs ravisseurs, les deux hommes vont apprendre à se connaitre. Ils vont tenter de faire entendre leur point de vue chacun à tour de rôle. Albert, l’Allemand, un peu naïf, qui préfère croire en un rapt contre rançon. Osama, l’Irakien qui travaille pour des étrangers en tant qu’interprète et qui connait très bien les lois et coutumes de son pays et de ses extrémistes.

Nous avons là un roman, presque un document.

Dans un contexte d’attentats et d’enlèvements dans les pays islamiques où on décapite les otages devant une caméra avant de diffuser fièrement sa monstruosité, l’auteur nous place dans la peau d’un otage occidental et dans celle d’un otage autochtone.

L’auteur nous offre là deux visions et deux manières de faire face à un même évènement.

Albert est un archéologue allemand. Occidental, il n’a que la vision que les médias ont donnée de ces pays bien trop lointains pour nous paraître totalement réels.

Un peu naïf, il pense que son rapt n’a d’autre fin qu’une demande de rançon que sa famille va très vite payer. Il voit dans chaque geste de ses ravisseurs des signes de bonne volonté.

Osama est irakien, il sert d’interprète aux occidentaux, à ses risques et périls puisque pas très loin d’être jugé traître par les siens.

Osama connait son peuple et sait faire la différence entre un irakien, paisible fermier, et un fanatique assoiffé de vengeance contre l’occident.

Chacun d’eux a sa vision de la situation.

L’auteur va donc, dans son roman, tenter de faire cohabiter deux cultures différentes, deux religions aussi et deux manières de vivre les mêmes situations.

Le thème et son approche m’ont beaucoup intéressée. Ce qui m’a moins passionnée, ce sont les retours en arrière d’Albert, lorsqu’il revit des moments passés.

Certes, les occidentaux passent un peu pour des ânes avec des œillères dans ce texte, mais peut-être le sommes-nous finalement. Les médias et les gouvernements nous offrent une image déformée de la réalité sans donner aucune explication. Ici, on comprend vraiment que tout n’est pas qu’une question de religion. L’histoire, la culture, le mode de vie, tout concorde pour faire comprendre qu’on ne vit pas seulement sur un continent différent mais presque dans un monde totalement différent.

L’auteur ne défend pas réellement la cause de l’une ou l’autre des parties, lui-même étant germano-irakien.

Ce roman est donc presque plus un document qu’un roman, un livre qui vous apprendra sûrement beaucoup et qui peut aider à mieux comprendre notre environnement géopolitique actuel.

 

Extrait :

Ça se passe comme ça ici aussi, dit Osama en tentant une transition maladroite. On se connait depuis l’enfance, on a joué ensemble.

-              Dans ce cas, pour quoi toute cette haine ?

-              Elle vient plus tard, après l’enfance, quand les gens se mettent à réfléchir.

-              Quand ils réfléchissent, ils se haïssent ?

-              Oh oui, à ce moment là, ils ont des convictions.

 

4ème de couverture :

Deux otages dans le désert irakien.

Ballottés d'un lieu à un autre, d'un groupe crapuleux à une bande de fanatiques, transportés dans des camionnettes brûlantes, le visage couvert d'une cagoule, jetés dans des réduits, des caves, cachés ou exhibés, menacés, molestés, ils ne savent pas où ils sont ni avec qui. La poussière est asphyxiante, la peur aussi, l'attente les consume lentement.

Dans ce huis clos étouffant, deux hommes se jaugent, s'affrontent : Osama, l'interprète, ex-pilleur de tombes, aux prises avec un épisode peu glorieux de son passé, et Albert, l'archéologue allemand venu "faire le bien' mais incapable d'échapper à ce qu'il est.

Sherko Fatah explore avec son talent d'écrivain confirmé ces déserts troubles, si lointains qu'ils nous semblent irréels, où l'enlèvement est un marché florissant. Il s'interroge sur la possibilité d'un dialogue entre deux hommes qui partagent le même destin, mais n'ont pas le même monde, et sonde les gouffres qui, malgré tout, subsistent entre eux.

Un thriller littéraire au plus brûlant de l'actualité.

Prix Adalbert von Chamisso 2015

 

L’auteur :

Fils d'un père kurde originaire du nord de l'Irak et d'une mère allemande, Sherko FATAH est né en 1964 à Berlin-Est. Il déménage à Vienne puis à Berlin-Ouest, où il étudie la philosophie et l'histoire de l'art. Il a remporté le Grand Prix de l'Académie de Berlin 2015 pour son précédent roman, Un voleur de BagdadOtages est son cinquième roman.

 

 

Otages

Deux otages dans le désert irakien. Ballottés d'un lieu à un autre, d'un groupe crapuleux à une bande de fanatiques, transportés dans des camionnettes brûlantes, le visage couvert d'une cagoule, jetés dans des réduits, des caves, cachés ou exhibés, menacés, molestés, ils ne savent pas où ils sont ni avec qui.

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