La violence en embuscade de Dror Mishani
Traduit de l’hébreux par Laurence Sendrowicz.
Cet été j’avais découvert Dror Mishani en lisant son dernier roman : Une, deux, trois paru à la Série Noire.
J’avais beaucoup aimé son écriture et j’ai donc voulu lire un de ses autres romans. Le (heureux) hasard a voulu que je prenne La violence en embuscade.
Il s’agit ici de la deuxième enquête de l’inspecteur Avraham Avraham. Je n’ai pas lu le précédent et si l’auteur s’y réfère pour dessiner les contours psychologiques de l’inspecteur, cela ne gène en rien la lecture de cette deuxième enquête, si ce n’est que ça me donne envie de la lire bientôt.
Concernant la trame de ce polar, tout part d’un concours de circonstances. Un colis piégé est découvert aux abords d’un crèche, colis qui s’avère finalement inoffensif mais qui traduit une réelle tentative d’intimidation. Un suspect est appréhendé mais Avraham le relâche très rapidement. Sauf qu’un des témoins présents lors de la découverte de la valise piégée intrigue l’inspecteur qui se persuade que cet homme cache des choses et est lié à l’affaire.
Je vous laisse découvrir la suite en lisant ce polar choral où l’auteur fait parler tour à tour l’inspecteur et Haïm, un homme étrange père de deux petits garçons et dont la femme est, semble-t-il, partie en voyage.
Dans chaque enquête, il y a un moment où l’on croit que jamais le tableau ne s’éclaircira. On pense qu’il y a trop de détails, trop différents, trop éloignés les uns des autres. Aussi éloignés que les gens assis sur cette plage. On a l’impression que tout est noir ou masqué par le brouillard. Mais au bout d’un certain temps, les connexions se font et l’image s’éclaircit. Toujours. Un point s’allume soudain dans l’obscurité, qui jette une nouvelle lumière sur le reste, les détails apparaissent sous un autre jour, prennent un sens, s’ordonnent. Les éléments qui semblaient sans rapport entre eux se révèlent au contraire étroitement liés.
C’est bien ce qui fait la qualité des polars de Dror Mishani. A l’opposé des polars anglo-saxons qui reposent souvent sur des scènes musclées et des scenarii à 100 à l’heure, Mishani a ce style de beaucoup d’auteurs du Sud, d’Europe comme par exemple l’Italien Valerio Varesi et les enquêtes de l’inspecteur Soneri (Agullo Editions), d’Afrique ou d’Orient.
Le rythme est plus lent car l’auteur s’attache aux détails, mise sur la cohérence du déroulé de l’enquête. Aucun détail n’est laissé de côté et les personnages ont autant d’importance que l’histoire elle-même. Dans ce roman, que cela soit Haïm ou Avraham, chacun est parfaitement dessiné et maitrisé. L’intrigue pourrait être relativement simple sauf que Dror Mishani en fait plus qu’un fait divers et parvient à rendre cette enquête plus importante que n’importe quel braquage ou meurtres en série.
Encore une fois, je ne peux que vous conseiller de partir à la rencontre des auteurs de polars Israéliens, pas seulement parce que je les affectionne mais parce qu’ils sont souvent très bons et permettent aussi de découvrir un pays, une manière de vivre et une culture différente.
4ème de couverture :
Encore traumatisé par son affaire précédente (Une disparition inquiétante), Avraham Avraham enquête sur la présence d’une valise contenant une fausse bombe près d’une crèche de Holon, banlieue de Tel-Aviv.
Un suspect est vite appréhendé, mais il a un alibi en béton.
Avraham repère alors Haïm, modeste traiteur qui livre chaque matin ses sandwichs faits maison avant d’accompagner ses fils, le cadet à la crèche, l’aîné à l’école. Haïm a eu une altercation avec la directrice de la crèche, et son comportement est bizarre. Pourquoi s’occupe-t-il seul de ses enfants ? Où est donc passée son épouse philippine ? En visite chez les siens, comme il le prétend ?
Au moment où l’on craint qu’Avraham se trompe de nouveau, le policier, cramponné à son intuition contre l’avis de sa hiérarchie, va faire preuve d’audace pour démêler une intrigue tout en fausses pistes, dans une atmosphère crispée et déroutante.
L’auteur :
Né en 1975, Dror Mishani, universitaire israélien spécialisé dans l’histoire du roman policier, critique littéraire et éditeur de polars renommé, est présenté comme le successeur de l’illustre et regrettée Batya Gour.
Sa série policière, mettant en vedette l'inspecteur de police Avraham Avraham, a été d'abord publié en hébreu en 2011 et traduite dans de nombreuses langues. Le premier roman de la série, "Une disparition inquiétante," a été sélectionné pour le prix du CWA International Dagger 2013 et a remporté le prix Martin Beck, pour le meilleur roman policier traduit en Suède.
Il vit à Tel Aviv avec sa femme et leurs deux enfants. Il parle français.
A lire aussi :
Traduit de l'hébreux par Laurence Sendrowicz. Une, deux, trois, comme trois parties, trois victimes, trois personnages féminins face à un seul, masculin. Une : Orna est une jeune mère dont le mari est parti refonder une famille avec une autre. Elle est seule avec son petit garçon, seule à les faire vivre, seule.
http://www.evadez-moi.com
La Violence en embuscade, Dror Mishani, Laurence Sendrowicz : La deuxième enquête de l'inspecteur Avraham AvrahamEncore traumatisé par son affaire précédente ( Une disparition inquiétante ), Avraham Avraham enquête sur la présence d'une valise contenant une fausse bombe près d'une crèche de Holon, banlieue de Tel-Aviv
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Hanté par ses erreurs passées, le commandant Avraham doit démêler une étrange affaire. Une bombe factice a été retrouvée près d'une crèche de Holon, dans la banlieue de Tel-Aviv. Les suspects ne manquent pas : exécrable, la directrice a été accusée par des parents de maltraitance envers leurs enfants.
https://www.editionspoints.com
Editeur pour la version grand format : Seuil (mars 2015)
Collection : Seuil policiers
ISBN : 978-2021077100