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EVADEZ-MOI

16 mai 2025

Taxi de nuit - Jack Clark - Sonatine

 

"Deux tueurs et un chauffeur de taxi dans les rues de Chicago" telle est la phrase d'accroche de cette nouvelle parution chez Sonatine.

Je mettrais plutôt le chauffeur de taxi, Eddie, au premier plan puisque le lecteur va passer quelques heures sur le siège passager de son taxi de nuit.

 

Ce roman m'a beaucoup fait penser à 911 de Shannon Burke paru il y a plus de 10 ans également chez Sonatine. Au lieu d'une chronique de la vie d'un ambulancier des services d'urgence, nous avons ici celles d'Eddie, chauffeur de taxi à Chicago qui passe ses nuits à trimballer les clients en évitant autant que faire se peut certains quartiers sensibles. 

 

Le moins que l'on puisse dire c'est que l'auteur maîtrise son sujet puisqu'il est lui-même chauffeur de taxi à Chicago.

Il aurait pu se contenter de raconter les alcooliques, les prostituées, les gosses de riches complètement défoncés, oui il aurait pu, mais il a inséré dans tout ceci les meurtres de plusieurs chauffeurs et les agressions sauvages de jeunes prostituées laissées pour mortes.

 

Clark nous livre sa ville la nuit, l'extrême violence, les quartiers fantômes qui ont été désertés par les habitants et qui sont à présent les territoires de gangs tous plus dangereux les uns que les autres. Il nous parle des quartiers "blancs" qui sont devenus "noirs" et vice versa. Il nous parle de son métier, du danger que les taxis trimbalent parfois dans leur voiture. Mais, même si la prudence s'impose, en particulier dans les mégalopoles, le besoin de travailler pour subsister est parfois plus grand que la peur de tomber sur un détraqué ou un junkie qui va vous tuer pour une dizaine de dollars.

 

J'ai beaucoup aimé ces ballades avec Eddie qui n'arrive pas à éviter les ennuis, Eddie le sauveur, Eddie qui fait son possible pour aider la police à arrêter non seulement un tueur de chauffeurs de taxi mais aussi un homme qui a mutilé une jeune femme et l'a laissée pour morte dans une ruelle.

Si 911 était pas mal, Taxi de nuit est encore meilleur.

 

Traduction de Samuel Sfez.

 

Résumé éditeur :

Eddie Miles est taxi de nuit à Chicago. C'est un homme solitaire, qui connaît chaque recoin de la ville, depuis les quartiers les plus huppés jusqu'à ceux où il est devenu dangereux de s'aventurer. Du crépuscule à l'aube, chacune de ses courses est une nouvelle aventure, parfois heureuse, parfois périlleuse. Alors qu'un mystérieux tueur s'en prend aux chauffeurs de taxis, Eddie essaie tant bien que mal de ne pas se laisser gagner par la violence qui gangrène la ville. Jusqu'au jour où celle-ci l'atteint personnellement : il sauve de justesse une jeune prostituée passée à tabac, et un de ses meilleurs amis est victime du tueur. Eddie décide alors de prendre les choses en main...

12 mai 2025

Personne sur cette terre - Victor Del Arbol - Actes Noirs

 

Victor Del Arbol est un auteur dont je parle régulièrement, enfin disons plutôt de ses romans.

 

Ceux qui me connaissent savent que j'affectionne particulièrement la littérature espagnole.

 

Pour ceux qui ont déjà lu des romans de Victor Del Arbol, ils ne seront pas surpris de lire cette histoire imprégnée, encore une fois, des faits et méfaits perpétrés durant la guerre civile espagnole et les années qui ont suivi puisque une partie de cette histoire se déroule en 1975 quand la Galice était alors en pleine reconquête de son autonomie.

C'est un décor historique récurrent et qui devient peu à peu la "signature" de l'auteur.

 

Après les chefs d'oeuvre que sont La tristesse du samouraï ou encore La maison des chagrins, on a ici un roman noir moins dense et plus classique mais tout aussi prenant. Les personnages sont si bien mis en scène qu'on a l'impression qu'ils prennent vie. C'est toute une atmosphère comme sait si bien les créer Victor Del Arbol et il place son histoire dans un village perdu de Galice, un microcosme qui semble oublié de tous sauf des trafiquants. Les villageois ont toujours vécu ensemble comme cloisonnés si bien qu'ils se détestent autant qu'ils ont pu s'aimer. Les meilleurs amis d'hier ne sont pas forcément ceux d'aujourd'hui. 

Comme souvent dans les romans et dans la vie, Julian, le personnage central, va se rendre compte que personne n'est ni un saint ni totalement démon et que son propre père n'est pas mort sans raison même si la raison ne justifie pas le crime.

 

Julian a assisté au meurtre de son père alors qu'il était enfant et revient trente ans plus tard dans son village natal. Il y retrouve ses amis d'enfance mais aussi certains des responsables de la mort de son père. Bien que les cadavres s'accumulent autour de lui, que les soupçons se tournent vers cet enfant devenu flic à Barcelone, il continue à chercher à savoir pourquoi son père a été exécuté par ses amis.

 

Drogue, trafics en tous genres, clans rivaux, trahisons sont les jalons de ce roman toujours construit avec talent même s'il reste bien moins foisonnant que d'autres romans qui relevaient plus de la saga mais tout aussi efficace.

C'est donc ici un polar captivant que signe Victor Del Arbol, entre Galice et Catalogne.

 

Traduction de Alexandra Carrasco.

 

Résumé éditeur :

Dans un village côtier de Galice, en 1975, un enfant assiste à l’incendie criminel de sa maison et au meurtre
de son père. En 2005, à Barcelone, l’adulte qu’il est devenu semble avoir enfreint toutes les règles éthiques et morales qui avaient présidé à son entrée dans la police. Il a battu (presque) à mort un entrepreneur sans histoire et reste obstinément muet sur les raisons de son acte. Atteint d’une maladie incurable, il revient sur les terres où il est né. Pour déterrer le passé et venger sa triste enfance ? Ou pour affronter ses vieux démons et trouver le repos de l’âme ? Trente années défilent alors, qui voient des hommes chasser en meute pour garder leurs secrets, des serments d’amitié se briser contre l’intérêt supérieur du clan, la “blanche” mexicaine remplacer le bourbon irlandais de contrebande, des hommes puissants cachés
derrière des masques de loup abuser d’enfants rêveurs, et un tueur à gages aux yeux noirs accomplir son office avec une éblouissante humanité.
Car “personne sur cette terre n’est innocent, personne n’oublie, personne ne pardonne”.

 

 

9 mai 2025

A retardement - Franck Thilliez - Fleuve Noir

 

Sharko est de retour !

 

Même si je n'aime pas forcément tous les romans de Franck Thilliez, j'avoue les lire à chaque parution.

Il en va de même pour la série consacrée à Sharko dont je n'ai pas aimé toutes les enquêtes. Mais cette fois-ci il faut admettre que "A retardement" est un excellent opus. 

 

On retrouve, comme très souvent chez l'auteur, un aspect scientifique très marqué, ici médical et psychiatrique puisque le thème de ce roman est la schizophrénie.

A l'image du roman "A l'intérieur" de Jodi Picoult (chronique disponible sur le blog) qui place le lecteur dans le corps d'un enfant autiste, Franck Thilliez invite le sien à entrer dans l'esprit torturé de plusieurs schizophrènes. A l'image de Sharko qui a été en proie à ses propres démons dans une précédente enquête, cette fois-ci c'est Nicolas Bellanger, leur collègue, papa célibataire après le décès de sa compagne, qui sombre de plus en plus.

 

Une enquête sur plusieurs meurtres perpétrés par des malades schizophrènes, sans aucun antécédent pour certains, va permettre à l'équipe de Sharko de mieux appréhender cette maladie mentale et leur permettre de réaliser que ces hommes et ces femmes sont peut-être, avant tout, des victimes, qu'ils et elles sont en souffrance.

 

Comme toujours dans les romans de cette série, c'est très violent, parfaitement rythmé et particulièrement bien ficelé quant au scénario pour le moins tortueux.

On apprend toujours également une foule de choses que j'ai toujours la curiosité de vérifier ensuite et qui ne sont pas franchement faites pour me rassurer...

 

Quoi qu'il en soit, ça se lit toujours aussi bien et aussi vite. Même si Sharko est quand même un peu (beaucoup) vieillissant, on aimerait bien une autre enquête avant la retraite.

 

Résumé éditeur :

Unité pour malades difficiles de Chambly. Un nouveau patient est accueilli. Délirant, sans papiers, inapte à la garde à vue, celui-ci a poussé sans raison un passager sur les rails et prétend " fuir des vers ".
Seine-Saint-Denis, à cinquante kilomètres de là. Sharko et son équipe découvrent le corps d'un quinquagénaire sauvagement assassiné près de son lit. Chez lui, aucune empreinte digitale ni trace d'ADN, pas même les siennes.
Qui sont ces deux hommes ? Quelles sont leurs histoires ?

5 mai 2025

Les oreilles de Buster - Maria Ernestam - Actes Sud Babel

 

Traduction de Esther Sermage.

 

Je ne sais pas vous mais parfois un titre, une couverture, accrochent mon attention. Comme je le fais souvent avec certaines maisons d'édition, je vais regarder leur "fond" sur leurs sites internet respectifs et je passe parfois plus d'une heure à lire chaque résumé. En ce qui concerne Les oreilles de Buster c'est le trio résumé/couverture/titre qui m'a convaincue d'acheter ce roman qui, pourtant, est bien loin du thème habituel de mes lectures.

 

Ici, pas de roman noir, pas d'enquête policière, pas de tueur (quoi que), pas de fantastique.

Par contre, vous y trouverez de l'amour, de l'amitié, de la joie, de la douleur, du désespoir aussi.

 

Eva, pour faire plaisir à sa petite-fille qui lui a offert un joli carnet, passe ses nuits d'insomniaque à coucher sur papier ses "mémoires". Les premières phrases de ce récit sont "J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution".

Eva va revivre son enfance avec une mère qui l'a toujours rejetée. Eva, plus que d'être une enfant maltraitée, a été une fillette négligée, dans l'ombre d'une mère exubérante et foncièrement égoïste.

Avec Eva, le lecteur va revivre une enfance sans bonheur, une adolescence sans pilier pour montrer le chemin, un premier amour qui la marquera d'une façon indélébile.

 

On pourrait croire à un roman plat mais ce n'est rien de tout ça. On sourit souvent, on rit même parfois et on se prend à se moquer avec Eva de certains des personnages qui ont traversé sa vie. On souffre aussi pour elle et on apprend à détester cette maman qui n'en a jamais été vraiment une.

C'est superbement écrit et on ne s'ennuie à aucun moment.

Le final réserve même une révélation totalement imprévisible.

J'ai tellement aimé ce roman que j'en ai commandé deux de plus de cette autrice.

 

Et si je vous dit que Les oreilles de Buster a été récompensé par le Prix Page des Libraires, le prix du Festival Lire en poche et le grand prix des lecteurs de l'Armitière, je finis de vous convaincre de découvrir ce petit bijou ?

 

Gageons que le résumé éditeur vous convaincra :

Eva cultive ses rosiers. À cinquante-six ans, elle a une vie bien réglée qu'elle partage avec Sven. Quelques amies, des enfants, et une vieille dame acariâtre dont elle s'occupe. Pour se donner bonne conscience ? Le soir, lorsque Sven est couché, Eva se sert un verre de vin et écrit son journal intime. La nuit est propice aux souvenirs, aussi douloureux soient-ils. Peut-être aussi la cruauté est-elle plus douce lorsqu'on l'évoque dans l'atmosphère feutrée d'une maison endormie. Eva fut une petite fille traumatisée par sa mère, personnage fantasque et tyrannique, qui ne l'a jamais aimée et a toujours tout fait pour la ridiculiser.
Très tôt, Eva s'était promis de se venger. Et elle l'a fait, avoue-t-elle d'emblée à son journal intime.

 

2 mai 2025

Le livre des portes - Gareth Brown - Sonatine


Traduction de Julie Sibony

 

J'avais envie de quitter un peu le monde des thrillers et autres romans policiers pour lire un autre genre que j'apprécie beaucoup : la littérature fantastique.

Je ne pouvais pas mieux tomber avec Le livre des portes. 

 

C'est un petit pavé mais qui se dévore avec gourmandise tant le rythme reste incroyablement soutenu tout au long de ses presque 600 pages.

Pour tous les amoureux des livres, ce roman est un condensé de tout ce qui rend la lecture si magique.

 

Cassie, l'héroïne de ce roman, est libraire. Un soir, l'un de ses clients, très âgé, décède dans sa librairie en lui laissant en héritage un mystérieux livre, écrit dans une langue tout aussi mystérieuse. Cassie va vite découvrir que ce livre est magique et ouvre des portes vers le passé.

L'apprentissage des pouvoirs de ce livre va entrainer Cassie vers certains retours dans le passé qui vont lui chavirer le coeur et émouvoir bien des lecteurs.

Cassie va aussi découvrir que le livre des portes n'est pas le seul livre avec des pouvoirs et que certaines personnes en font la chasse avec des intentions plus ou moins innocentes et bienveillantes.

 

Cette histoire emporte le lecteur vers des infinis possibles car qui ne rêverait pas de pouvoir revoir des êtres chers ou avoir la possibilité de dire tout ce qu'il n'a pas eu le temps de dire à ceux qui ne sont plus là ?

 

Mais c'est aussi une flamboyante allégorie de tout ce que peut apporter la littérature.

Voyager dans le temps avec les romans historiques, vivre de grandes amitiés ou des histoires d'amour qui, pour une fois, finiraient bien. Pouvoir maitriser les éléments, ressentir de la joie en lisant un roman "feel-good", rire avec une comédie ou simplement se détendre, tout oublier, vivre mille vies.

Ce roman est rempli d'aventure, d'action, l'auteur s'amusant à faire et défaire les noeuds de son intrigue vers un final superbe.

 

Cette lecture a vraiment été un régal.

 

Résumé éditeur :

Cassie Andrews travaille dans une petite librairie newyorkaise. Elle mène une vie plutôt tranquille jusqu'au jour où un de ses clients décède en laissant derrière lui un ouvrage rempli d'inscriptions dont il allait lui faire cadeau, le Livre des Portes. Cassie et sa colocataire Izzy vont bientôt découvrir que cet ouvrage a un incroyable pouvoir. Grâce à lui, chaque porte s'ouvre à l'époque et à l'endroit que l'on désire. Les deux amies font alors la connaissance d'un homme, Drummond Fox, qui leur révèle l'existence d'autres livres magiques : le Livre de la Chance, le Livre des Illusions, le Livre de la Douleur... Autant d'artefacts qui, s'ils tombaient dans de mauvaises mains, pourraient s'avérer terribles. Leur mission est désormais claire : percer le mystère de l'origine de ces livres, et les réunir afin de les mettre à l'abri. Mais, dans l'ombre, une mystérieuse femme veille, avec d'obscurs desseins...

27 avril 2025

Everglades - RJ Ellory - Sonatine

 

Traduit par Etienne Gomez.

 

Ahhhh chaque année je l'attends avec beaucoup d'impatience le nouveau roman de R.J. Ellory !

Je n'ai encore jamais été déçue et chacun de ses nouveaux livres devient mon préféré.

Celui-ci ne fait pas exception et j'ai adoré chacune des pages de ce thriller à la sauce américaine.

 

Cette fois-ci, l'auteur nous emmène en Floride dans les si dangereuses Everglades, peuplées d'alligators qui semblent attendre l'imprudent qui oublierait qu'il se promène dans des marécages inhospitaliers.

Si en plus dans ce décor on y plante les murs d'une prison à haute sécurité dont certains des pensionnaires attendent l'application de leur sentence dans le couloir de la mort, l'ambiance est définitivement posée.

Et dans ce décor, un ancien flic, mis sur le banc de touche suite à une blessure, tombe amoureux de sa kinésithérapeute dont le père et le frère sont agents pénitenciers dans cette prison. Embauché lui aussi comme gardien dans cette prison, il se retrouve à devoir non seulement apprendre à gérer des pensionnaires dangereux mais aussi à accompagner les condamnés à mort jusqu'au bout, à assister à leur exécution, alors qu'une évasion et une mutinerie secouent les murs d'enceinte.

 

Abordant des thèmes comme les conditions de détention ou la peine de mort, R.J. Ellory traite également des conditions de travail du personnel pénitentiaire. C'est un sujet plus que d'actualité ces jours-ci en France avec des attaques répétées contre du personnel de certaines centrales. Les salaires insuffisants, les risques qui semblent négligés par les directions, le manque cruel de personnel, tout ceci peut entrainer certaines dérives de la part de ces fonctionnaires qui, faut-il le rappeler, ne sont ni juges ni parties.

 

Quant au thème de la peine de mort, certains passages sont durs, très durs, si durs qu'on a du mal à imaginer la réalité. Chacun a son opinion sur la peine capitale et à l'image, je pense, de bon nombre de personnes, Nelson, le personnage central de ce roman, hésite sur sa réelle position face à la peine de mort. Est-ce qu'un crime horrible mérite la mort du coupable ? Est-ce qu'il existe un risque d'exécuter un innocent ? Nelson se posera toutes ces questions et devra décider si ce métier est fait pour lui ou si cela va le changer jusqu'à en perdre la raison et la femme de sa vie.

 

Ce roman c'est encore un grand "Ellory" et je reste grande fan de cet auteur que j'ai eu la chance de rencontrer de nombreuses fois, de mener une rencontre avec lui lors d'une des éditions du salon de Lectoure (32).

J'attends déjà le prochain en trépignant d'impatience.

 

 

Résumé éditeur :

Août 1976. Garrett Nelson est shérif adjoint en Floride. Lors d'une arrestation qui tourne mal, il est grièvement blessé. C'en est fini pour lui du service actif. Suivant les conseils de sa thérapeute, Hannah Montgomery, il rejoint le père et le frère de celle-ci à Southern State, en tant que gardien au pénitencier d'État. Édifiée sur l'emplacement d'une ancienne mission espagnole située au beau milieu des Everglades, la prison est censée être d'une sécurité absolue. Et pourtant... Entre un étrange suicide et une curieuse évasion, l'instinct d'enquêteur de Nelson reprend vite le dessus. Dans ce milieu clos, cerné par une nature hostile, il va bientôt se rendre compte que les murs renferment des secrets aussi dangereux que bien gardés.

 

 

7 avril 2025

Hors la brume - Julien Freu - Actes Noirs

 

En 2023, Actes Sud publiait Ce qui est enfoui, un excellent thriller dont j'avais parlé à sa sortie. C'est un réel plaisir que de relire cet auteur avec un polar superbe : Hors la brume.

 

Ce que je retiens le plus de ce texte c'est l'écriture, un style assuré et maîtrisé qui confirme que, oui, le polar, c'est de la littérature. A l'inverse de certains auteurs qui misent tout sur l'hémoglobine et le sensationnel, Julien Freu fait de son histoire un texte magnifique. J'ai vraiment été subjuguée comme rarement je le suis.

 

C'est évidemment sans compter le scénario machiavélique à souhait, très bien pensé et mis en scène.

 

C'est un polar très sombre et violent. Le premier chapitre d'ouverture donne tout de suite le ton avec le meurtre sauvage de deux jeunes dans une voiture. Deux jeunes qui, semble-t-il, sont là au mauvais endroit au mauvais moment, laissant derrière eux des familles détruites et des petits frères et petites soeurs sans plus aucun repère.

 

Les personnages des policiers sont assez atypiques et le lecteur les observe se perdre dans cette enquête qui frise parfois le surnaturel.

Les policiers autant que les autres personnages semblent tous au bord d'un gouffre prêts à sombrer dans la folie.

 

On assiste là à un scénario passionnant qui vous promet des nuits blanches à ne plus pouvoir lâcher le roman avant d'en avoir tourné la dernière page.

 

Julien Freu retrace avec justesse ce qu'étaient ces années 90 et pour celles et ceux qui les ont vécues, le flashback est assuré que cela soit au niveau politique, musical ou encore cinématographique. J'ai rajeuni de 30 ans en lisant Hors la brume alors rien que pour ça, merci Monsieur Freu !

 

 

Résumé éditeur :

Hérrières, hiver 1994. Un jeune couple d’amoureux est assassiné sur le parking du lac. Un rire glaçant retentit dans la nuit brumeuse.
Chargé de l’enquête, le commissaire Ariel Lanecquer lutte contre ses propres démons : des migraines insoutenables et des visions violentes qui le hantent. L’image d’une camionnette revient sans cesse.
Le tueur insaisissable frappe à nouveau, la rumeur enfle autour de la fermeture prochaine de l’usine et, dans une clairière toute proche, des centaines d’oiseaux sont retrouvés cloués aux arbres, dans une mise en scène macabre. Des lycéens, liés aux victimes, se confrontent alors aux lourds secrets d’Hérrières…
Dans ce polar social obsédant, Julien Freu explore avec tendresse l’effervescence de l’adolescence : ses premiers émois, ses peurs, ses doutes, ses contradictions et le vertige de la vie devant soi.

29 mars 2025

Le baiser de la Demoiselle - Kate Foster - Phébus

Le baiser de la Demoiselle - Kate Foster - Phébus

Le Baiser de la Demoiselle, comme le sous-titre l'indique, est l'histoire d'une femme décapitée.

Cette femme, c'est Lady Christian Nimmo, épouse d'un négociant en tissus, exécutée pour le meurtre de son oncle et amant.

L'autrice s'est inspirée d'une histoire vraie et en a imaginé les tenants et les aboutissants, créant ainsi une oeuvre de pure fiction.

C'est un peu une histoire "vieille comme le Monde" que nous rapporte Kate Foster. Un adultère qui détruit tout sur son passage, la jalousie qui conduit au meurtre.

Ce roman est résolument féministe car l'assassin, une femme, est très victimisée dans ce roman. On fait fi de l'acte au profit du ou des mobiles. Et ce mobile est un des premiers auquel on pourrait songer : l'amour.

On peut aborder ce roman de deux façons.

La première très premier degré : jusqu'où l'amour, sa force ou, à l'opposé, son manque, peut conduire un homme ou une femme. Est-ce que manquer d'amour justifie la trahison ? Peut-on tuer par amour ?

Le deuxième est plus féministe, peut-être plus adapté à l'époque des Temps Modernes que de nos jours, mais en l'extrapolant, il colle encore à un état actuel : pourquoi les hommes auraient le droit de multiplier les conquêtes et pas les femmes. Pourquoi dit-on en souriant qu'un homme "à femmes" est un "tombeur" alors qu'une femme serait affublée d'adjectifs ou de noms plus que péjoratifs ? En vertu de quoi doit-on tolérer des hommes ce qu'on interdit aux femmes ?

Même si le thème n'est pas nouveau, on savoure ce petit bijou que Jane Austen aurait pu écrire sans problème et sans doute Daphné Du Maurier lui aurait soufflé les rouages de l'intrigue.

C'est un excellent roman noir à découvrir aux éditions Phébus et traduit par Christel Gaillard-Paris.

 

Résumé éditeur :

Édimbourg, 1679. Lady Christian Nimmo est accusée d’avoir assassiné son amant, lord James Forrester. La nouvelle de son emprisonnement et de son procès s’étale dans les journaux, avec des titres qui ne laissent guère place au doute : Femme adultère. Putain. Meurtrière.

À peine un an plus tôt, Christian était encore une jeune mariée respectable et menait une vie de privilèges. Pourquoi tout risquer pour une liaison avec celui qui est aussi son oncle par alliance ? Cette passion interdite la rend-elle pour autant coupable de l’homicide dont l’accuse Violet, la prostituée engagée par James pour satisfaire ses appétits ? Elle aussi, pourtant, aurait eu des raisons de souhaiter sa mort...

 

27 mars 2025

Le fil de l'espoir - Keigo Higashino - Actes Noirs

 

Je ne suis pas une spécialiste du polar asiatique, loin de là. Petit à petit, j'apprivoise ces noms qu'on ne sait attribuer à un personnage féminin ou masculin et c'est vraiment le seul point compliqué pour aborder ces romans policiers venus de l'autre ôté de la planète.

Keigo Higashino est un auteur prolifique japonais. Il suffit d'aller sur le site des éditions Actes Sud pour voir tous les titres déjà au catalogue.

Le fil de l'espoir est le dernier en date. L'introduction de cet excellent polar raconte un drame, la perte de deux enfants pendant un tremblement de terre. Afin de surmonter leur deuil, les parents décident de faire un autre enfant. Une décision qui influera, quinze ans plus tard, sur une enquête pour le meurtre de Yayoi, propriétaire d'un salon de thé, une femme que tout le monde semblait apprécier. Les indices et les témoins conduiront les enquêteurs dans une direction à laquelle ni eux, ni le lecteur, n'auraient pensé.

Si, pendant un bon moment, on ne sait pas vraiment où l'auteur veut en venir, les fils se rassemblent petit à petit, les pièces s'emboîtent malgré quelques retournements de situation très bien pensés.

L'auteur aborde ici ce qui fait la faiblesse de tout parent : son enfant. On aura peut-être un peu de mal à comprendre cette mère qui semblent vouloir remplacer ses enfants par un autre et Keigo Higashino nous démontre ici qu'un enfant ne peut en remplacer un autre, dans aucun cas.

Le scénario policier est très bien pensé et les différentes articulations s'emboitent parfaitement. 

Moins dense que, par exemple, la Prophétie de l'abeille, ce polar se lit d'une façon fluide.

C'est à lire chez Actes Noirs et traduit par Sophie Refle.

 

Résumé éditeur :

Quand Yayoi, propriétaire d’un paisible salon de thé, est retrouvée assassinée, les enquêteurs Kaga et Matsumiya plongent au cœur d’une affaire aussi complexe qu’émouvante. Leurs investigations les conduisent à Shiomi, un homme marqué par une tragédie indescriptible : quinze ans plus tôt, il a perdu ses deux enfants dans un terrible tremblement de terre. Alors qu’il tentait de se reconstruire, un lien caché et troublant avec la victime est venu ébranler toutes ses certitudes.
Secrets de famille, douleurs enfouies et vérités insoupçonnées se dévoilent au fil d’un suspense vibrant où chaque révélation remet en question la précédente. Dans ce nouvel opus implacable de la série “Kaga”, Keigo Higashino, maître incontesté du polar japonais, livre une exploration poignante des blessures de l’âme humaine et de l’effet papillon inconcevable de nos choix.

23 mars 2025

La Manufacture : toutes les couleurs du noir

 

La Manufacture de Livres est une maison d'édition que j'affectionne tout particulièrement et depuis des années.

 

C'est la raison pour laquelle je suis ravie de découvrir une nouvelle collection, La Manuf. Les cinq premiers titres arrivent et certains de mes auteurs favoris de la maison inaugurent cette toute nouvelle collection.

 

Pour commencer j'ai choisi La dernière étape de Guillaume Guéraud ainsi que La petite fasciste de Jérôme Leroy.

 

Je commencerai par vous présenter La dernière étape de Guillaume Guéraud.

 

 

 

Il y a du Tarentino dans ce roman terriblement original. J'ai tout simplement adoré.

 

Un règlement de compte a lieu dans un restau perdu au bord d'une route voyant peu de véhicules. On a l'impression d'arriver devant le Bagdad Café (vous avez la réf ?).

 

 

 

Le lecteur va alors revivre la même scène, inlassablement, selon le point de vue de chacune des personnes se trouvant sur les lieux, vivants ou morts à la fin. Ça canarde à tout va, avec des ralentis littéraires bluffants. C'est un roman ultra "visuel", vous ne pouvez que vous représenter la scène dans votre esprit.

 

Je suis prête à parier que vous le lirez d'une traite comme je l'ai fait. Franchement un grand bravo à l'auteur, c'est original, millimétré avec brio. 

 

 

Résumé éditeur : 

Un rade paumé dans le Sud. Un vieil homme boit un thé, un flic tendu sirote un café, un routier à cran commande une bière, un homme impatient attend quelqu’un et une serveuse navigue entre les tables sans y croire. Jusqu’à ce que deux tueurs se pointent... Quinze coups de feu éclatent alors en moins de trois minutes. Rien ne se déroule jamais comme prévu même si tout est écrit d’avance. Hormis le chaos. 
Ce roman décrit précisément chaque coup de feu comme un ballet nihiliste dont les victimes racontent leurs dernières heures.

 

 

Second roman que j'ai lu dans cette collection, La petite Fasciste de Jérôme Leroy.

 

 

Jérôme Leroy je l'ai déjà lu à maintes reprises. Je me souviens encore d'un court roman que j'avais beaucoup aimé : La petite gauloise.

 

 

Et ce n'est pas un hasard si le titre de sa nouvelle novella rappelle ce précédent roman. La petite fasciste pourrait être la petite soeur de la petite gauloise. On retrouve un personnage de jeune fille attachant, tiraillé entre son coeur et sa raison ou encore son éducation. Quand l'amour efface les préjugés qui, parfois, peuvent mener à la mort. 

 

L'auteur place à nouveau son histoire dans une France en plein chaos politique, juste à pleine plus que ce que l'on subit actuellement. Dans ce texte rien n'est tout blanc ou tout noir mais on assiste bel et bien à un dégradé de croyance, d'opinions, de propagande.

 

J'ai encore cette fois été touchée par ce texte écrit avec cette écriture parfois un peu cynique mais toujours d'une  acuité parfaite. L'auteur porte un regarde bienveillant sur ses personnages, leur passé et leur présent, leurs faiblesses et leurs forces dans ce climat politique qui ne nous laisse guère de chances.

 

 

Résumé éditeur :

Dans une France en plein chaos politique et social, qu’ont de commun une jeune militante flamande identitaire de vingt ans et un député socialiste qui va remettre son siège en jeu sans vraiment y croire ? Pas grand-chose apparemment. C’est compter sans l’amour qui frappe où il veut et quand il veut, même dans un pays en proie à une violence généralisée qui vient de loin…

 

 

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