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EVADEZ-MOI

7 avril 2025

Hors la brume - Julien Freu - Actes Noirs

 

En 2023, Actes Sud publiait Ce qui est enfoui, un excellent thriller dont j'avais parlé à sa sortie. C'est un réel plaisir que de relire cet auteur avec un polar superbe : Hors la brume.

 

Ce que je retiens le plus de ce texte c'est l'écriture, un style assuré et maîtrisé qui confirme que, oui, le polar, c'est de la littérature. A l'inverse de certains auteurs qui misent tout sur l'hémoglobine et le sensationnel, Julien Freu fait de son histoire un texte magnifique. J'ai vraiment été subjuguée comme rarement je le suis.

 

C'est évidemment sans compter le scénario machiavélique à souhait, très bien pensé et mis en scène.

 

C'est un polar très sombre et violent. Le premier chapitre d'ouverture donne tout de suite le ton avec le meurtre sauvage de deux jeunes dans une voiture. Deux jeunes qui, semble-t-il, sont là au mauvais endroit au mauvais moment, laissant derrière eux des familles détruites et des petits frères et petites soeurs sans plus aucun repère.

 

Les personnages des policiers sont assez atypiques et le lecteur les observe se perdre dans cette enquête qui frise parfois le surnaturel.

Les policiers autant que les autres personnages semblent tous au bord d'un gouffre prêts à sombrer dans la folie.

 

On assiste là à un scénario passionnant qui vous promet des nuits blanches à ne plus pouvoir lâcher le roman avant d'en avoir tourné la dernière page.

 

Julien Freu retrace avec justesse ce qu'étaient ces années 90 et pour celles et ceux qui les ont vécues, le flashback est assuré que cela soit au niveau politique, musical ou encore cinématographique. J'ai rajeuni de 30 ans en lisant Hors la brume alors rien que pour ça, merci Monsieur Freu !

 

 

Résumé éditeur :

Hérrières, hiver 1994. Un jeune couple d’amoureux est assassiné sur le parking du lac. Un rire glaçant retentit dans la nuit brumeuse.
Chargé de l’enquête, le commissaire Ariel Lanecquer lutte contre ses propres démons : des migraines insoutenables et des visions violentes qui le hantent. L’image d’une camionnette revient sans cesse.
Le tueur insaisissable frappe à nouveau, la rumeur enfle autour de la fermeture prochaine de l’usine et, dans une clairière toute proche, des centaines d’oiseaux sont retrouvés cloués aux arbres, dans une mise en scène macabre. Des lycéens, liés aux victimes, se confrontent alors aux lourds secrets d’Hérrières…
Dans ce polar social obsédant, Julien Freu explore avec tendresse l’effervescence de l’adolescence : ses premiers émois, ses peurs, ses doutes, ses contradictions et le vertige de la vie devant soi.

29 mars 2025

Le baiser de la Demoiselle - Kate Foster - Phébus

Le baiser de la Demoiselle - Kate Foster - Phébus

Le Baiser de la Demoiselle, comme le sous-titre l'indique, est l'histoire d'une femme décapitée.

Cette femme, c'est Lady Christian Nimmo, épouse d'un négociant en tissus, exécutée pour le meurtre de son oncle et amant.

L'autrice s'est inspirée d'une histoire vraie et en a imaginé les tenants et les aboutissants, créant ainsi une oeuvre de pure fiction.

C'est un peu une histoire "vieille comme le Monde" que nous rapporte Kate Foster. Un adultère qui détruit tout sur son passage, la jalousie qui conduit au meurtre.

Ce roman est résolument féministe car l'assassin, une femme, est très victimisée dans ce roman. On fait fi de l'acte au profit du ou des mobiles. Et ce mobile est un des premiers auquel on pourrait songer : l'amour.

On peut aborder ce roman de deux façons.

La première très premier degré : jusqu'où l'amour, sa force ou, à l'opposé, son manque, peut conduire un homme ou une femme. Est-ce que manquer d'amour justifie la trahison ? Peut-on tuer par amour ?

Le deuxième est plus féministe, peut-être plus adapté à l'époque des Temps Modernes que de nos jours, mais en l'extrapolant, il colle encore à un état actuel : pourquoi les hommes auraient le droit de multiplier les conquêtes et pas les femmes. Pourquoi dit-on en souriant qu'un homme "à femmes" est un "tombeur" alors qu'une femme serait affublée d'adjectifs ou de noms plus que péjoratifs ? En vertu de quoi doit-on tolérer des hommes ce qu'on interdit aux femmes ?

Même si le thème n'est pas nouveau, on savoure ce petit bijou que Jane Austen aurait pu écrire sans problème et sans doute Daphné Du Maurier lui aurait soufflé les rouages de l'intrigue.

C'est un excellent roman noir à découvrir aux éditions Phébus et traduit par Christel Gaillard-Paris.

 

Résumé éditeur :

Édimbourg, 1679. Lady Christian Nimmo est accusée d’avoir assassiné son amant, lord James Forrester. La nouvelle de son emprisonnement et de son procès s’étale dans les journaux, avec des titres qui ne laissent guère place au doute : Femme adultère. Putain. Meurtrière.

À peine un an plus tôt, Christian était encore une jeune mariée respectable et menait une vie de privilèges. Pourquoi tout risquer pour une liaison avec celui qui est aussi son oncle par alliance ? Cette passion interdite la rend-elle pour autant coupable de l’homicide dont l’accuse Violet, la prostituée engagée par James pour satisfaire ses appétits ? Elle aussi, pourtant, aurait eu des raisons de souhaiter sa mort...

 

27 mars 2025

Le fil de l'espoir - Keigo Higashino - Actes Noirs

 

Je ne suis pas une spécialiste du polar asiatique, loin de là. Petit à petit, j'apprivoise ces noms qu'on ne sait attribuer à un personnage féminin ou masculin et c'est vraiment le seul point compliqué pour aborder ces romans policiers venus de l'autre ôté de la planète.

Keigo Higashino est un auteur prolifique japonais. Il suffit d'aller sur le site des éditions Actes Sud pour voir tous les titres déjà au catalogue.

Le fil de l'espoir est le dernier en date. L'introduction de cet excellent polar raconte un drame, la perte de deux enfants pendant un tremblement de terre. Afin de surmonter leur deuil, les parents décident de faire un autre enfant. Une décision qui influera, quinze ans plus tard, sur une enquête pour le meurtre de Yayoi, propriétaire d'un salon de thé, une femme que tout le monde semblait apprécier. Les indices et les témoins conduiront les enquêteurs dans une direction à laquelle ni eux, ni le lecteur, n'auraient pensé.

Si, pendant un bon moment, on ne sait pas vraiment où l'auteur veut en venir, les fils se rassemblent petit à petit, les pièces s'emboîtent malgré quelques retournements de situation très bien pensés.

L'auteur aborde ici ce qui fait la faiblesse de tout parent : son enfant. On aura peut-être un peu de mal à comprendre cette mère qui semblent vouloir remplacer ses enfants par un autre et Keigo Higashino nous démontre ici qu'un enfant ne peut en remplacer un autre, dans aucun cas.

Le scénario policier est très bien pensé et les différentes articulations s'emboitent parfaitement. 

Moins dense que, par exemple, la Prophétie de l'abeille, ce polar se lit d'une façon fluide.

C'est à lire chez Actes Noirs et traduit par Sophie Refle.

 

Résumé éditeur :

Quand Yayoi, propriétaire d’un paisible salon de thé, est retrouvée assassinée, les enquêteurs Kaga et Matsumiya plongent au cœur d’une affaire aussi complexe qu’émouvante. Leurs investigations les conduisent à Shiomi, un homme marqué par une tragédie indescriptible : quinze ans plus tôt, il a perdu ses deux enfants dans un terrible tremblement de terre. Alors qu’il tentait de se reconstruire, un lien caché et troublant avec la victime est venu ébranler toutes ses certitudes.
Secrets de famille, douleurs enfouies et vérités insoupçonnées se dévoilent au fil d’un suspense vibrant où chaque révélation remet en question la précédente. Dans ce nouvel opus implacable de la série “Kaga”, Keigo Higashino, maître incontesté du polar japonais, livre une exploration poignante des blessures de l’âme humaine et de l’effet papillon inconcevable de nos choix.

23 mars 2025

La Manufacture : toutes les couleurs du noir

 

La Manufacture de Livres est une maison d'édition que j'affectionne tout particulièrement et depuis des années.

 

C'est la raison pour laquelle je suis ravie de découvrir une nouvelle collection, La Manuf. Les cinq premiers titres arrivent et certains de mes auteurs favoris de la maison inaugurent cette toute nouvelle collection.

 

Pour commencer j'ai choisi La dernière étape de Guillaume Guéraud ainsi que La petite fasciste de Jérôme Leroy.

 

Je commencerai par vous présenter La dernière étape de Guillaume Guéraud.

 

 

 

Il y a du Tarentino dans ce roman terriblement original. J'ai tout simplement adoré.

 

Un règlement de compte a lieu dans un restau perdu au bord d'une route voyant peu de véhicules. On a l'impression d'arriver devant le Bagdad Café (vous avez la réf ?).

 

 

 

Le lecteur va alors revivre la même scène, inlassablement, selon le point de vue de chacune des personnes se trouvant sur les lieux, vivants ou morts à la fin. Ça canarde à tout va, avec des ralentis littéraires bluffants. C'est un roman ultra "visuel", vous ne pouvez que vous représenter la scène dans votre esprit.

 

Je suis prête à parier que vous le lirez d'une traite comme je l'ai fait. Franchement un grand bravo à l'auteur, c'est original, millimétré avec brio. 

 

 

Résumé éditeur : 

Un rade paumé dans le Sud. Un vieil homme boit un thé, un flic tendu sirote un café, un routier à cran commande une bière, un homme impatient attend quelqu’un et une serveuse navigue entre les tables sans y croire. Jusqu’à ce que deux tueurs se pointent... Quinze coups de feu éclatent alors en moins de trois minutes. Rien ne se déroule jamais comme prévu même si tout est écrit d’avance. Hormis le chaos. 
Ce roman décrit précisément chaque coup de feu comme un ballet nihiliste dont les victimes racontent leurs dernières heures.

 

 

Second roman que j'ai lu dans cette collection, La petite Fasciste de Jérôme Leroy.

 

 

Jérôme Leroy je l'ai déjà lu à maintes reprises. Je me souviens encore d'un court roman que j'avais beaucoup aimé : La petite gauloise.

 

 

Et ce n'est pas un hasard si le titre de sa nouvelle novella rappelle ce précédent roman. La petite fasciste pourrait être la petite soeur de la petite gauloise. On retrouve un personnage de jeune fille attachant, tiraillé entre son coeur et sa raison ou encore son éducation. Quand l'amour efface les préjugés qui, parfois, peuvent mener à la mort. 

 

L'auteur place à nouveau son histoire dans une France en plein chaos politique, juste à pleine plus que ce que l'on subit actuellement. Dans ce texte rien n'est tout blanc ou tout noir mais on assiste bel et bien à un dégradé de croyance, d'opinions, de propagande.

 

J'ai encore cette fois été touchée par ce texte écrit avec cette écriture parfois un peu cynique mais toujours d'une  acuité parfaite. L'auteur porte un regarde bienveillant sur ses personnages, leur passé et leur présent, leurs faiblesses et leurs forces dans ce climat politique qui ne nous laisse guère de chances.

 

 

Résumé éditeur :

Dans une France en plein chaos politique et social, qu’ont de commun une jeune militante flamande identitaire de vingt ans et un député socialiste qui va remettre son siège en jeu sans vraiment y croire ? Pas grand-chose apparemment. C’est compter sans l’amour qui frappe où il veut et quand il veut, même dans un pays en proie à une violence généralisée qui vient de loin…

 

 

20 mars 2025

L'Iguane - Carlo Lucarelli - Metailié

 

Voici un auteur que j'avais découvert quand je faisais partie de l'équipe de Toulouse Polars du Sud. J'avoue que je n'avais jamais accroché jusqu'à maintenant. J'étais très curieuse de le lire dans un genre plus populaire et plus accessible au plus grand nombre : le thriller. 

 

Je dois bien avouer que j'ai été bluffée et très agréablement surprise par ce roman parfaitement maitrisé. L'auteur a parfaitement su s'adapter. Il a utilisé tous les codes du genre avec brio.

 

Ainsi le personnage central, Grazia Negro, est une femme policier, mère célibataire de jumelles nouvelles nées. Dès son accouchement, elle est mise, avec ses filles, sous protection car l'Iguane, un tueur en série qu'elle a arrêté, s'est échappé de l'hôpital psychiatrique où il était interné. Si les inspectrices sont de plus en plus nombreuses dans les thrillers, rares sont celles qui sont en même temps mères et cela apporte la touche de réalité avec les tracas du quotidien qui manquent souvent aux romans basés uniquement sur l'action.

 

Carlo Lucarelli enchaine les retournements de situations, les twists de scénario, et déroute le lecteur, tout autant que ses personnages.

 

C'est une vraie réussite que ce thriller italien et j'espère que l'auteur en produira d'autres. Je n'ai aucun doute qu'il trouvera son public parmi les amateurs du genre.

 

C'est chez Métailié et traduit par Serge Quadruppani.

 

Résumé éditeur :

Bologne. Grazia Negro est encore étourdie par l’anesthésie de la césarienne et elle sourit. Enfin, elle a découvert ce qu’elle voulait être : une mère. Finies les enquêtes, les morts, les chasses aux monstres. Elle est heureuse. Mais elle se rend compte que quelque chose ne va pas. Une infirmière lui prend ses deux bébés, tandis qu’un officier pousse son lit hors de la chambre. Son équipe l’enlève à la maternité pour la mettre à l’abri.

L’Iguane, le tueur fou qui s’en était pris aux étudiants des années auparavant, a disparu de l’établissement psychiatrique où il était détenu, laissant deux morts derrière lui. Le Monstre veut se venger et c’est Grazia qui l’avait attrapé. Aucune des personnes impliquées dans l’affaire n’est à l’abri.

Le rythme rapide du récit, les personnages forts, le timing des événements, tout aboutit à un thriller terrifiant, bien dosé, implacable. Frissons garantis.

16 mars 2025

Troubles fêtes - Patrick S Vast - Taurnada

 

Voici un auteur que je suis ravie d'enfin découvrir. Je le croise depuis de nombreuses années sur les réseaux sociaux et parfois sur des salons du polar. C'est chose faite ce mois-ci grâce aux éditions Taurnada (merci Joël).

 

Allez, direction une cité de banlieue parisienne. Des tours de béton, des occupants entassés, des gamins et des jeunes oisifs qui ont trouvé dans les vols, les trafics, de l'argent facile à gagner.

 

Johnny est l'un de ces jeunes. Sa famille n'a pas de quoi acheter de la nourriture pour un réveillon du nouvel an. Alors comme ça avait roulé comme sur des roulettes pour Noël, il choisit sa piquer le caddie de sa voisine, autant dire tout ce qui lui restait à elle aussi.

 

La peur, le ras le bol de devoir courber l'échine devant des jeunes agressifs, violents, hargneux, une vie qui ne fait aucun cadeau, et une arme dans la poche. Ce sont plusieurs vies qui seront brisées alors qu'aucun retour en arrière ne sera possible. C'est le coup de feu qui déclenche l'avalanche, le battement d'aile du papillon qui déclenche le tsunami. Règlements de compte, enquête policière, Violette a provoqué un désastre. Pourra-t-elle en assumer les conséquences ? 

 

Quand le milieu dans lequel vous vivez, les nuisances que vous subissez, la surpopulation, l'abandon des représentants locaux, conduisent à des extrêmes dramatiques.

 

Résumé éditeur :

Aux Bois radieux, une cité sensible du 93, vivent notamment les Butel, une famille de marginaux, ainsi que Violette Grignon, une retraitée que l'existence a rendue extrêmement méfiante.
La veille de Noël, Johnny Butel, âgé de 25 ans, dérobe les provisions d'un couple de seniors.
La semaine suivante, il récidive avec sa voisine Violette, qui, après avoir hésité, a emporté un revolver pour se rendre au centre commercial.
Les fêtes vont alors virer au cauchemar.

 

7 mars 2025

Jeux de lumière - Daniel Kehlmann - Actes Sud

 

Les romans abordant la période de la Seconde guerre mondiale sont légion. Ils sont pour la plupart axés sur le génocide perpétré par les nazis ou encore sur ceux qui sont entrés dans la résistance pour continuer à se battre malgré la reddition de Pétain.

 

Ici, l'auteur nous raconte dans un documentaire-fiction l'histoire de GW Pabst. Ce cinéaste qui a vécu les deux guerres mondiales a fini quasiment oublié. 

 

Le cinéaste se remémore cette époque où, avec femme et enfant, il se retrouve en Autriche alors que le Reich est en marche pour anéantir l'Europe. Cinéaste déjà renommé, il est sollicité par les dirigeants du Reich. Pabst, aveuglé par sa soif de gloire et le besoin de savoir sa famille protégée, cède à l'appel des lumières de ce cinéma qui est plus qu'un métier pour lui, une véritable passion.

 

L'auteur nous transporte aux côtés de Pabst et interroge sur ce que l'on est prêt à accepter ou disons à éluder pour parvenir à ses fins. Est-ce que si le but est légitime, les moyens le sont-ils tout autant ?

 

Après la guerre, Pabst a tenté de se racheter une conscience mais est-ce aussi facile ?

Détourner le regard est-ce se rendre complice ?

 

Ce roman rappelle aussi que la propagande passait aussi par le cinéma, par tous les médias de nos jours. C'était ainsi à l'époque d'Hitler, ça l'est encore de nos jours et les médias continuent de détourner le regard pour mieux orienter celui de ceux qui les écoutent.

 

C'est un roman biographique vraiment passionnant sur un cinéaste du siècle dernier à lire chez Actes Sud et traduit par Juliette Aubert-Affholdere.

 

 

Résumé éditeur :

Le réalisateur G. W. Pabst tourne en France au moment où Hitler prend le pouvoir outre-Rhin. Fuyant l’horreur qui se dessine dans cette nouvelle Allemagne, il se réfugie à Hollywood, mais là-bas, celui qui fut l’un des maîtres du cinéma allemand d’avant-garde, qui a dirigé les plus grandes stars du muet, n’est qu’un réalisateur parmi d’autres. Même Greta Garbo, qu’il a immortalisée dans "La Rue sans joie", ne peut rien pour lui. Lorsqu’il apprend que sa vieille mère est malade, Pabst rentre dans son Autriche natale, annexée par
l’Allemagne nazie, mais la guerre éclate et les frontières se ferment. Bloqué dans le Troisième Reich, Pabst est vite confronté à la brutalité du régime. Bientôt Goebbels, le ministre de la Propagande du Reich, veut faire tourner le génie du septième art. Persuadé de pouvoir résister à ses avances et de ne se plier à aucune autre dictature que celle de l’art, Pabst fait alors le premier pas vers un enlisement sans retour.
Daniel Kehlmann revisite avec maestria la vie de l’un des géants du cinéma et montre ce que peut la littérature : se rapprocher de la vérité par l’invention.

1 mars 2025

Pardonne-Lui - Jodi Picoult - Michel Lafon

 

Je l'ai déjà dit après la lecture de La tristesse des éléphants puis celle de A fleur de peau. Je vais me répéter. Jodi Picoult ne cesse de m'émerveiller par son talent de conteuse.

 

Quel que soit le thème qu'elle choisit d'aborder c'est magnifiquement écrit. Le travail de recherche, de création est d'écriture est tout simplement exceptionnel. Rarement j'ai lu un auteur qui insufflait autant de vie à ses personnages, à donner autant de réalisme au décor.

 

Elle parvient chaque fois à mettre de la beauté sur un thème très difficile. Après le deuil d'un enfant dans La tristesse des éléphants, la solitude d'une personne autiste dans un monde qui n'est pas fait pour elle dans A fleur de peau, Jodi Picoult nous interroge sur la faculté de l'homme à pardonner, sur un instinct qui fait avancer malgré toutes les horreurs auxquelles on doit faire face : la survie. 

 

C'est clairement un roman très difficile à lire mais magnifique.

 

Sage a récemment perdu sa mère et participe à un groupe de soutien pour les personnes qui doivent faire face à la perte d'un être cher. Elle y rencontre Joseph, un vieil homme qui n'arrive plus à porter un lourd fardeau et n'aspire plus qu'à mourir. Il choisit Sage pour l'y aider. Il lui révèle alors qu'il est un ancien SS ce qui bouleverse Sage, dont la grand-mère est rescapée des camps de la mort. Elle va choisir de le dénoncer au FBI mais avant cela, sa grand-mère va devoir lui raconter son calvaire.

 

Comme d'habitude, Jodi Picoult m'a fait pleurer. Cela a été une lecture éprouvante dont j'ai refermé la dernière page avec le regret de quitter ces personnages.

 

Jodi Picoult offre une fin à son histoire totalement imprévisible, comme pour chaque roman que j'ai lu d'elle auparavant, et c'est aussi ce que j'adore avec cette autrice qui se place définitivement en tête de mes auteurs favoris.

 

C'est aux éditions Michel Lafon en grand format et en poche, traduit par Eric Betsch.

 

 

Résumé éditeur : 

Sage Singer est une solitaire. Meurtrie par la vie, elle s'est repliée sur elle-même à la mort de sa mère, fuyant ses semblables. Elle dort le jour et travaille la nuit dans une boulangerie, où elle oublie ses peurs et ses mauvais souvenirs en pétrissant le meilleur pain de la ville. Quand elle rencontre Josef Weber, un vieil homme insomniaque, ancien instituteur et pilier de la communauté, Sage a pourtant enfin le sentiment d'avoir trouvé quelqu'un à qui confier ses peines. Malgré leurs différences, chacun devine les cicatrices intimes de l'autre, et une amitié inattendue voit le jour.
Jusqu'au soir où Josef lui révèle le terrible secret qu'il cache depuis soixante ans et lui demande la plus incroyable des faveurs : le tuer. Sage commence par refuser, bien entendu, mais le choix lui appartient-il vraiment ? Tiraillée entre la quête de rédemption de Josef et ses propres illusions fracassées, Sage se tourne vers l'histoire de sa famille pour tenter de résoudre son dilemme. Mais alors qu'elle plonge dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale à la recherche de la vérité, elle découvre que la frontière est parfois bien floue entre trahison et pardon, amour et vengeance. Et elle devra répondre à la plus difficile des questions : un meurtre peut-il représenter la justice ? Ou la pitié ?

 

 

26 février 2025

Dream Girl - Laura Lippman - Actes Noirs

 

Après Corps inflammables (2019) et La voix du lac (2022) Laura Lippman revient cette année chez Actes Noirs avec Dream Girl.

 

Tout bon fan de Stephen King fera sans nul doute le parallèle entre Misery, le livre, pas le film (évidemment), et cet excellent thriller psychologique.

 

Les points communs sont nombreux ce qui m'amène à préférer penser qu'il s'agit d'un hommage plutôt que d'une très forte inspiration...

 

Gerry Anderson est écrivain (1). A la suite d'un accident, il se retrouve alité (2). Ne pouvant pas se débrouiller seul, il se retrouve aux bons soins d'une infirmière de nuit assez taciturne (3).

 

Je m'arrêterai là car ce roman se détache quand même de l'oeuvre de SK. 

 

Laura Lippman nous entraine dans les somnolences de Gerry qui ne sait plus lui-même s'il est la proie de cauchemars, d'hallucinations ou bien de réels phénomènes inexpliqués. Il faut dire que le pauvre Gerry se retrouve harcelé par le personnage de son best seller Dream Girl. Une femme vient dans sa chambre et la torture psychologique commence. Personne ne croit Gerry même quand celle qui lui tient compagnie la journée, son irremplaçable assistante est retrouvée morte.

 

Le scénario est bien huilé et la tension psychologique monte relativement vite pour un final assez bien trouvé.

 

Laura Lippman sait très bien créer des personnages féminins ambigus. Ici elle se révèle machiavélique.

 

C'est très bien construit, sans fausse note et se dévore avec un réel intérêt jusqu'au final.

 

C'est à lire chez Actes Sud et traduit par Thierry Arson.

 

 

Résumé éditeur :

Gerry Andersen, auteur à succès en panne d’inspiration et célibataire endurci après trois mariages ratés, se retrouve soudain prisonnier de son appartement luxueux de Baltimore à la suite d’un terrible accident.
Alité sous la surveillance d’Aileen, la mystérieuse infirmière de nuit, il sombre peu à peu dans la paranoïa. Alors qu’il pensait n’avoir qu’à composer avec sa solitude forcée, des appels inquiétants commencent à briser son isolement. La voix au bout du fil prétend être Aubrey, l’héroïne de "Dream Girl", le roman qui l’a rendu célèbre. Hallucinations dues aux médicaments ? Démence naissante ? Ou retour vengeur de son personnage ?Cloîtré dans sa tour d’ivoire, Gerry devient le héros d’un huis clos épouvantable où sa création semble prendre vie pour l’entraîner dans une descente aux enfers. Les nuits se succèdent, l’angoisse monte et, un matin, un cadavre gît à son chevet. 
Entre suspense insoutenable et mystères insondables, "Dream Girl" fait basculer le lecteur dans un labyrinthe psychologique aux frontières de la folie, un palais des glaces où l’auteur est pris au piège de sa propre fiction.

 

 

20 février 2025

On ne sait rien de toi - Fabrice Tassel - La Manufacture de Livres

 

En 2023, nous découvrions un nouvel auteur à La Manufacture de Livres, Fabrice Tassel, avec l'excellent roman On Dirait des Hommes.

 

Cette année, l'auteur revient avec un roman tout aussi excellent, On ne sait rien de toi. C'est également l'occasion de retrouver certains personnages du précédent roman dont la juge Dominique Bontet.

 

Fabrice Tassel nous offre cette fois encore un roman sur des gens ordinaires, dans un monde ordinaire et qui pourtant s'assombrit au fil des pages. On retrouve alors cette superbe écriture, mystérieuse et envoutante qui instaure une tension de plus en plus importante. Le lecteur se rend compte que quelque chose va arriver avant de réaliser que l'auteur l'a laissé s'égarer du mauvais côté. Le texte est subtil, intelligent et l'intrigue menée avec une extrême finesse. Encore une fois, ce roman est à la frontière de deux genres, la littérature dite blanche et le roman noir, si tant est que cette frontière existe vraiment.

 

Nous faisons donc la connaissance de la famille Perrière. Charles, le père, est policier à l'IGPN, la "police des police". Sa femme Alice a toujours été entièrement dévouée à ses enfants : Alexandra, Virgile et Anouk. Il vivent une vie tranquille jusqu'à ce que Charles apprenne qu'il est atteint d'un cancer et décide de partir seul au bout du monde pour se ressourcer avant d'attaquer le traitement.

De son côté, la juge Bontet reçoit une femme qui aurait des révélations à faire.

 

Il faudra attendre la deuxième moitié du roman pour que les pièces du puzzle se rassemblent petit à petit pour un final déconcertant et déchirant.

 

C'est une superbe découverte de ce mois de février à lire absolument.

 

Résumé éditeur :

Charles Perrière est un grand flic, directeur de l’IGPN, la « police des polices ». Droit et cartésien, en guerre contre la corruption qui ronge l’État, il est porté par des idéaux d’ordre et de justice qu’il investit entièrement dans son travail. Avec sa femme Aline et ses enfants, ils forment une famille comme il y en a tant, à l’existence simple et paisible. Une ombre pèse sur ce tableau : Alexandra, l’aînée, avec qui le dialogue est rompu. De son côté, la pugnace juge d’instruction Dominique Bontet, bientôt à la retraite, reçoit la visite d’une femme mystérieuse qui lui raconte une histoire troublante. Dominique se fie à son intuition et se lance dans une enquête en solitaire qui tourne à l’obsession… Connaît-on vraiment la personne avec qui l’on partage sa vie depuis des décennies ?

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