L'outil et les papillons de Dmitri Lipskerov
Traduction de Raphaëlle Pache.
Aujourd’hui je ne vais pas vous parler d’un roman noir même si ce roman montre, disons, un des travers des hommes qui les conduit à certains comportements qui ont tendance à engendrer le pire.
Je ne vais pas vous parler non plus d’un polar bien que le roman débute sur une disparition qui amène le personnage central à poser des questions et à mener l’enquête sur le pourquoi du comment.
Non. Je vais surtout vous parler d’un texte complètement décalé. C’est une fable très drôle, un conte pour jeunes garçons pas très sages et pour jeunes filles vouées à des vies sous l’emprise des hommes.
Outre une ébauche de la société russe actuelle, c’est un roman profondément féministe, croustillant, subtil, ironique à la limite du cynique.
Et comme tout bon conte, on pourra y trouver une morale : « Tu seras puni par là où tu as fauté ».
Adolescente, j’adorais la littérature russe, en particulier Dostoïevski et ses héros torturés. Ici aussi j’ai retrouvé des hommes torturés, privés de leur virilité.
Le style de ce texte est aussi subtil que l’histoire que l’auteur nous raconte, avec beaucoup d’humour et une écriture moderne, parfois fleurie, si bien que j’imagine que la traductrice a dû passer des moments assez épiques et épicuriens…
Je conclurai en vous disant que c’est vraiment un roman « feel-good », une détente absolue, des éclats de rire et des moments où on se régale à se moquer des personnages.
A lire et relire dès qu’on a un petit coup de blues.
L’extrait :
Ce dernier épisode lui était envoyé par une vessie pleine qui tira Arséni Andréiévitch du sommeil, quoique pas complètement. En pilotage automatique, il quitta son lit et, sans ouvrir les yeux pour rester en contact avec son rêve, il se rendit dans sa salle de bains à laquelle l’éclairage nocturne donnait une teinte légèrement verdâtre. Les deux pieds devant la cuvette, il abaissa son pantalon de pyjama et sa main s’aventura vers son bas-ventre. Elle ne parvenait pas à trouver l’objet de sa quête, l’appendice que l’organisme utilise en général pour se séparer d’un excès de liquide. Il lui fallut se réveiller afin de restaurer sa coordination. Ouvrant les yeux, il plaqua une main sur le mur, tandis que la seconde partait à la recherche de l’organe le plus important du corps masculin. Aucune trace … Tel un vieil ordinateur qui aurait planté, le cerveau d’Iratov analysait avec difficulté l’information transmise par voie tactile. Il dut se pencher pour activer sa vision. Et à ce moment-là, un cri d’agonie monta de sa conscience, comme si on venait de la perforer à l’aide d’un couteau électrique.
Il n’y avait rien !!! Que dalle !!!
L’auteur :
Dmitri Lipskerov, né en 1964, est l'auteur de pièces de théâtre, de nouvelles et de plusieurs romans qui lui ont acquis une popularité exceptionnelle et le statut d'un des écrivains les plus marquants de la Russie actuelle. Souvent comparé à Gabriel García Márquez et à Viktor Pélévine, Lipskerov est un représentant remarquable du réalisme magique, offrant une lecture de l'état des choses dans le pays à travers des images saisissantes où le surnaturel se mêle au poétique, au grotesque et au baroque.
Déjà paru aux éditions Agullo : Le dernier rêve de la raison (janvier 2018).
4ème de couverture :
" Arséni Andréiévitch, nu comme un ver, constata sans équivoque que l'organe le plus important du corps masculin manquait à son reflet. "
Avec L'Outil et les Papillons, Dmitri Lipskerov entraîne le lecteur dans un carnaval fantastique échevelé, démoniaque et absurde, une variation hilarante sur Le Nez de Gogol.
Un beau matin, l'honorable Arseni Andréiévitch Iratov, célèbre architecte de cinquante ans dont le parcours rappelle celui d'un Rastignac soviétique (directeur d'un bureau d'architectes, amant insatiable, ex-joueur de cartes, qui a trempé dans de sombres histoires de marché noir avant d'avoir affaire au KGB et de passer quelques années en prison pour malversations financières), se réveille pour découvrir qu'il n'a plus de sexe. L'outil le plus essentiel de son anatomie a tout simplement disparu, ne laissant qu'une fente sur un bas-ventre désormais lisse.
L'organe perdu réapparaît dans un petit village, où vivent une gamine de treize ans et sa grand-mère alcoolique. Le pénis a pris l'apparence d'un gnome, qui se transforme rapidement en beau jeune homme au visage angélique.
La jeune fille décide de le garder comme animal domestique, avant d'en tomber amoureuse, de lui donner un nom français (Eugène) et de l'aider à réaliser son rêve : retrouver son propriétaire Iratov.
Avec L'Outil et les Papillons, Dmitri Lipskerov entraîne le lecteur dans un carnaval fantastique échevelé, démoniaque et absurde, une variation hilarante sur Le Nez de Gogol.
- Editeur : Agullo (février 2019)
- Collection : Agullo fiction
- Traduction : Raphaëlle Pache (traduit du Russe)
- ISBN: 979-1095718529
Un beau matin, l'honorable Arseni Andréiévitch Iratov, célèbre architecte de cinquante ans dont le parcours rappelle celui d'un Rastignac soviétique, se réveille pour découvrir qu'il n'a plus de sexe. L'outil le plus essentiel de son anatomie a tout simplement disparu, ne laissant qu'une fente sur un bas-ventre désormais lisse.
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