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EVADEZ-MOI
13 avril 2020

Tamanoir de Jean-Luc D'Asciano

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La maison d’édition Aux Forges Vulcain verse rarement dans le polar, celui-ci étant annoncé comme tel, il a attiré mon attention.

Tamanoir est le surnom d’un détective privé. En lisant dans le journal le fait qu’on a retrouvé deux cadavres au cimetière du Père Lachaise, il décide de mener l’enquête sans pour autant avoir été mandaté par quelque client.

Soyons honnêtes dès le départ, la trame policière n’a pas beaucoup d’intérêt. Mal menée et sans cohérence, ce n’est visiblement pas le but de ce roman qui, par contre, est beaucoup plus politique qu’il n’y paraît et qui a un fond très intéressant.

Les deux cadavres en question font partie de l’ASS, une association qui vient en aide aux SDF afin de les réinsérer dans la société mais…

Un clochard ne meurt jamais de mort naturelle, coupe Malscazoni. Il meurt assassiné par le froid, le manque de logement, la spéculation. Il meurt assassiné par le Grand Capital.

L’auteur dénonce alors la condition des SDF mais aussi des réfugiés ou migrants comme on les appelle maintenant. C’est bien ça l’intérêt de ce roman, ces hommes et ces femmes qu’on voit sans vouloir les voir, en oubliant qu’ils ont eu un passé, une vie « normale », qu’ils sont des personnes comme les autres mais qu’ils ne servent souvent que de faire valoir pour des associations plus ou moins à but non lucratif.

Quant au style, le policier se heurte au fantastique qui prend finalement le dessus, la notion de polar n’étant plus qu’un prétexte à un roman sombre même s’il se veut léger au travers de personnages aussi rocambolesques que non crédibles. Mais comment mieux parler d’un sujet qu’en y ajoutant une étincelle de dérision et un souffle d’humour ?

J’ai beaucoup aimé ce décalage et cette originalité du récit tout comme celle de l’écriture.

Un roman, un auteur et une maison d’édition à découvrir.

 

Un extrait :

-      J’ai croisé des disciples de saint François au XIIe siècle. Ceux qui voulaient pendre les riches et les évêques. Surtout les évêques. Les Fraticelli qu’on les appelait. Ce sont les premiers à avoir compris que la propriété allait scinder le monde. On allait plus se contenter d’exploiter les pauvres, on allait les chasser, comme du gibier. La propriété est devenue le symbole de l’homme : tous ceux qui ne peuvent plus revendiquer une terre doivent mourir. Les Indiens de toutes plumes. Les Apaches de tous les quartiers. Les pauvres sans toit. Les sans domicile. Les romanichels. Les mécréants. Dans le fond, c’est pour ça que vous interdisiez aux Juifs d’avoir des terres. Vous vous détestez entre religions, entre sexes, entre couleurs de peau. Mais tous, vous trouvez votre union dans la lapidation des sans-terre. J’ai beaucoup marché, le siècle fut rude. J’avoue. J’ai abandonné.

 

4ème de couverture :

Dans le cimetière du Père Lachaise, au petit matin, trois meurtres. Non : deux. Car une des victimes se relève, prend son chat sous le bras et s'enfuit. Quand il apprend ces meurtres dans le journal, Nathanaël Tamanoir, un privé anarchiste et volontiers querelleur, se dit qu'il faut qu'il fouine. Il va fouiner, mais à sa manière. En créant le maximum de chaos possible.

 

L’auteur :

Jean-Luc A. d'Asciano est né à Lyon en 1968. Son premier roman, Souviens-toi des monstres, a reçu la mention des lecteurs du Prix Hors Concours en 2019. Tamanoir est son deuxième roman.

 

Editeur : Aux Forges de Vulcain (mars 2020)

Collection : Fiction

ISBN : 978-2373050790

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