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7 novembre 2018

Sur le ciel effondré de Colin Niel

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A Wïlïpuk comme dans les autres villages du Haut-Maroni, on avait besoin de modèles. Pour faire mentir les statistiques. Pour pouvoir, parfois, évoquer des réussites. Conjurer mal-être, échec scolaire, chômage, alcool, suicide, autant de maux qui rongeaient la jeunesse amérindienne.

 

Colin Neil nous amène une nouvelle fois en Guyane dans ce polar passionnant.

Sur fond de l’enlèvement d’un adolescent Wayana lors d’une soirée ainsi que de braquages perpétrés en ville, ce polar met en scène deux enquêteurs pas si différents l’un de l’autre.

D’un côté il y a Angélique, une noir-marron, native de Guyane, revenue chez elle après avoir réchappé à un attentat en France qui l’a laissée défigurée. Elle revient en terre Wayana afin de retrouver le fils unique de l’homme qu’elle aime, Tapwili, un amérindien. Traumatisée par ce qu’elle a vécu en métropole, Angélique Blakaman est une femme meurtrie mais courageuse, entêtée.

De l’autre côté, nous faisons la connaissance du capitaine Anato, noir-marron comme elle. Lui est hanté par des douleurs et des absences qui vont bien faillir lui couter la vie. Persuadé qu’il est victime d’un mauvais sort, il se soigne par la médecine ancestrale faite de bains et d’applications de plantes. En charge de l’enquête sur les braquages, il est confronté à une attaque qui tourne mal et à un adolescent assassiné dans une des cités de la ville.

Mais, ce roman, même si c’est un polar très bien construit, très rythmé, c’est bien plus que ça.

Ici sont abordés des thèmes très importants.

Tout d’abord, bien sûr et évidemment quand on parle de la Guyane, il est question de l’orpaillage. De ses techniques mais surtout de cette soif de l’or qui entraîne règlements de comptes, meurtres et rivalités entre anglais, français, amérindiens et brésiliens. Les garimpeiros, ces orpailleurs clandestins qui puisent dans les rives côté Surinam du fleuve, non seulement sont hors la loi (française) mais « spolient » les mines des industriels et propriétaires attitrés des parcelles à exploiter.

Toute cette chaîne de l’or est donc abordée sans mettre de côté la pollution au mercure qu’engendre l’orpaillage.

Ensuite, reste la misère qui sévit dans ce lointain bout de France, souvent oublié des hommes politiques, où les lois ne sont pas forcément adaptées au contexte. Les hommes et les femmes se sentent délaissés et incompris. La jeunesse conserve peu ou pas d’espoir dans un avenir en Guyane, témoins en sont les statistiques de criminalité, de délinquance et du taux de suicide chez les moins de 20 ans. Les différentes cultures qui ont du mal à coexister, les différentes langues et dialectes, les croyances, les légendes, les religions, la couleur de la peau, tout ce qui fait que les hommes n’arrivent pas à vivre ensemble sans s’entre-tuer, réuni au bord d’un Fleuve. Un microcosme à des milliers de kilomètres de ceux qui entendent le gouverner.

Je pourrais vous parler des heures de ce roman qui m’a emportée tout au long de ses 500 et quelques pages mais lues en moins de temps qu’un roman de 200 tant l’histoire et les personnages sont passionnants. Mais lisez-le, je vous le conseille sans aucune hésitation.

Je vous conseille de regarder cette vidéo où Colin Niel parle de son roman car qui de mieux que l’auteur pour vous parler de ce texte ?

 

 

 

 

4ème de couverture :

En raison de sa conduite héroïque lors d’un attentat en métropole, l’adjudante Angélique Blakaman a obtenu un poste à Maripasoula, dans le Haut-Maroni, là où elle a grandi. Au bord du fleuve, il lui faut supporter de n’être plus la même, une femme que sa mère peine à reconnaître, de vivre aussi dans une ville qui a changé au voisinage des rives du Suriname, avec leurs commerces chinois, leurs dancings et leurs bordels, les filles dont rêvent les garimpeiros qui reviennent des placers aurifères. Et après les derniers spots de vie urbaine s’ouvre la forêt sans bornes vers les mythiques Tumuc-Humac, le territoire des Wayanas, ces Amérindiens qui peu à peu se détachent de leurs traditions, tandis que s’infiltrent partout les évangélistes. C’est là que vit Tapwili Maloko, le seul homme qui met un peu de chaleur dans son cœur de femme. Aussi, lorsque de sombres nouvelles arrivent de Wïlïpuk, son village à plusieurs heures de pirogue, hors de question qu’Angélique ne soit pas de la partie. Pour elle s’engage l’épreuve d’une enquête dans la zone interdite, ainsi qu’on l’appelle parfois. Et pour affronter le pire, son meilleur allié est le capitaine Anato, noir-marron comme elle, et pour elle prêt à enfreindre certaines règles.

 

L’auteur :

Colin Niel a travaillé en Guyane à la création du Parc amazonien durant plusieurs années. Sa série guyanaise multiprimée : Les Hamacs de carton (2012, prix Ancres noires 2014), Ce qui reste en forêt (2013, prix des lecteurs de l’Armitière 2014, prix Sang pour Sang Polar 2014) et Obia (2015, prix des lecteurs Quais du polar/20 Minutes 2016, prix Polar Michel Lebrun 2016) met en scène le personnage d’André Anato, un gendarme noir-marron à la recherche de ses origines.
En 2017 il publie Seules les bêtes, pour lequel il reçoit le prix Landerneau Polar ainsi que le prix Polar en Séries.

 

 

Sur le ciel effondré | rouergue

En raison de sa conduite héroïque lors d'un attentat en métropole, l'adjudante Angélique Blakaman a obtenu un poste à Maripasoula, dans le Haut-Maroni, là où elle a grandi.

https://www.lerouergue.com



 

Editeur : Editions du Rouergue ( 3 octobre 2018)

Collection : Rouergue Noir

ISBN : 978-2812616587

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