My Absolute Darling de Gabriel Tallent

16 mars 2018

My Absolute Darling de Gabriel Tallent

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Le pitch :

Julia, alias Turtle, est une adolescente de 14 ans élevée par son père. Marty est un homme violent et abusif qui fait tout pour maintenir sa fille dans un carcan de peur. Quand Turtle rencontre Jacob et Brett, elle découvre alors un autre monde. Partagée entre son désir de vivre autre chose et son amour pour son père, la jeune fille va devoir tout remettre en question et faire des choix.

Mon avis :

Je ne vais pas faire dans l’originalité en disant que cette histoire est un coup de cœur, un roman magnifique mais dur, très dur. Tous les chroniqueurs s’accordent sur sa qualité.

Mais qu’est-ce qui en fait un roman aussi exceptionnel ?

Il y a bien-sûr cette histoire d’amour entre un père et sa fille. Une histoire d’amour qui les a consumés tous les deux. Il y a aussi les secrets et les « autres » qui ne remarquent rien, ou qui savent mais ne font rien, comme très souvent. C’est une histoire très sombre où parfois un rayon de soleil apparait et disparait aussi vite. Violence, maltraitance, courage, sont autant de thèmes traités ici.

C’est horrible à dire mais c’est plus simple de lâcher prise et de te laisser couper en deux que de t’accrocher, de persévérer, de souffrir sans savoir ce qui va se passer. C’est ça le courage. Prendre ta putain de vie en main, quand ça semble la chose la plus difficile à faire. Personne n’y pense jamais. Les gens sont tous persuadés qu’ils prendraient la bonne décision, mais c’est faux. Ils ne comprennent pas à quel point c’est effrayant. A quel point c’est difficile. Personne ne peut comprendre à moins de l’avoir vécu. On est en train de le vivre, Jacob, et tu vas faire ce qu’il faut, malgré la peur, et malgré la douleur.

Il y a ce personnage de Turtle qui est époustouflant. Turtle est une jeune fille endurcie par son père, un homme convaincu que le monde s’est déjà écroulé, vivant en quasi autarcie au milieu de nulle-part, avec seul horizon des champs, des bois, une rivière et l’océan. Turtle est violée depuis tellement longtemps par son père que s’en est devenu presque normal pour elle, seule marque d’affection d’un père extrêmement violent et paranoïaque. Mais, par-dessus tout, Turtle se déteste elle-même, ce qui la rend totalement asociale. Turtle va se chercher et devoir se trouver non sans souffrance. Fragile mais en même temps d’une force de caractère incroyable, c’est une enfant courageuse mais fidèle, d’une loyauté envers son père peut-être difficile à comprendre mais l’auteur a ce talent de vous immerger totalement dans l’univers de Turtle.

Et elle pense, Tu es dur avec moi mais tu es bon envers moi, et j’ai besoin de cette dureté. J’ai besoin que tu sois dur avec moi parce que je ne vaux rien par moi-même, et tu me pousses à faire ce que je veux mais que je n’arrive pas à faire seule ; et pourtant, pourtant… parfois tu n’es pas prudent. Il y a quelque chose en toi, quelque chose de pas prudent, de presque… Je ne sais pas, je ne suis pas sûre, mais c’est là en toi et je le sais.

Marty quand à lui est ravagé par son amour pour sa fille. Parfois conscient que sa façon de l’élever n’est pas normale, il reste un homme déséquilibré et violent. Même si l’auteur tente de lui accorder quelques circonstances atténuantes comme le décès de sa femme, le fait d’avoir été élevé lui-même à la dure, il n’en reste pas moins un monstre qui se révèle de pire en pire tout au long du roman.

Il y a également cette nature, très présente dans le roman. Une nature souvent hostile nous offrant une scène époustouflante qui rapprochera Jacob et Turtle. Cette nature qui révèlera beaucoup à Turtle sur ce qu’elle est capable d’accomplir, sur sa force et sur sa ténacité. Gabriel Tallent sait dépeindre cette faune et cette flore que la plupart du temps on ne remarque pas.

Enfin, il y a surtout l’écriture. Une écriture magnifique et ultra précise. Les descriptions quant aux décors sont minutieuses. Les personnages sont totalement aboutis. Un autre roman paru aux éditions Gallmeister pourrait s’y apparenter : Dans la Forêt de Jean Hegland. En tout cas, j’y ai retrouvé la même beauté de texte, de personnages et de décors. Quand on sait que Gabriel Tallent a tout juste 30 ans et que c’est son premier roman, c’est tout simplement époustouflant.

C’est un roman sensible, très noir, brutal et magnifique. Ames sensibles s’abstenir.

My Absolute Darling, à lire absolument.

4^ème de couverture :

À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.

L’auteur :

Gabriel Tallent est né en 1987 au Nouveau-Mexique et a grandi en Californie. Il a mis huit ans à rédiger My Absolute Darling, son premier roman qui a aussitôt été encensé par la critique et fait partie des meilleures ventes aux États-Unis. Il vit aujourd’hui avec sa femme à Salt Lake City.