D'allumettes et d'écailles de Berta Marsé
Traduction par Jean-Marie St-Lu
D’allumettes et d’écailles est un des exemples les plus marquants de la capacité qu’a un roman de vous réserver de réelles surprises. Quand on lit le résumé de l’éditeur, on est persuadé de savoir à quoi s’attendre.
Personnellement, venant de lire le superbe « Le silence d’Ingrid Bergman » de Denis Lachaud (Actes Sud), je pensais vraiment ne pas changer de registre.
Résumé éditeur :
Yésica et Désirée ont tout pour être amies : leurs parents sont proches, elles sont nées le même mois, ont fréquenté les mêmes lieux, la même école de Barcelone. Et pourtant, une rivalité les a toujours séparées. Un soir, à la sortie d'un concert, Yési, quinze ans, est enlevée. Pendant des années, on ne trouve aucune trace d'elle, laissant son entourage traumatisé, jusqu'au jour où elle réapparaît vivante. Vivante mais brisée. Tout le monde compte alors sur son ancienne camarade pour découvrir ce qu'il s'est passé cinq ans plus tôt. Mais toute vérité est-elle bonne à connaître ? Quelques mois plus tard, c'est depuis l'atelier d'écriture d'une prison que Désirée remontera le fil de leur histoire...
On attend donc une jeune fille traumatisée, une meilleure amie ennemie qui a du mal à rendre sa place à cette chère disparue réapparue dont tout le monde parle.
En lisant ce résumé, on se dit « OK, si elle est en prison c’est qu’elle a un truc à voir avec la disparition ».
Et bien si c’était le cas, je ne perdrais même pas de temps à vous parler de ce roman qui serait d’un banal affligeant.
Non, Dési et Yési vous réservent de vraies surprises dans le scénario et là, je n’en dirai pas plus.
Je vous parlerai seulement de la construction très originale donnant la parole à Dési et le lecteur verra cette histoire au travers de ses jalousies, de ses rancœurs, de ses désirs, de ses peurs et de son refus de donner son amitié, mais l’a-t-elle réellement refusée ?
C’est grâce à l’écriture, au cours de cet atelier dispensé dans une prison pour femmes en Espagne, que Dési(rée) va enfin pouvoir effectuer ce travail d’introspection nécessaire à toute rédemption.
La fin est très loin de tout ce que vous pourrez imaginer, c’est une façon originale d’aborder l’adolescence, la solitude et le mal-être, le tout servi par une écriture tout aussi originale dans la construction de ce récit.
D'allumettes et d'écailles Berta Marsé
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