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EVADEZ-MOI
27 janvier 2022

La cour des mirages de Benjamin Dierstein

dierstein

 

J’ai découvert le talent de Benjamin Dierstein en 2021. Son roman « Un dernier ballon pour la route » était alors en sélection du Prix des chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud dont je m’occupais. Le roman a par ailleurs été le lauréat de ce même prix en Octobre plébiscité par 4 des 5 jurés de ce prix. Son talent ne faisait aucun doute mais jamais je n’aurais imaginé le voir autant confirmé dans La cour des mirages.

Il y a quelques mois, son éditeur, Aurélien Masson, m’a parlé de ce roman. Comme sur le communiqué de presse, il m’avait promis un roman digne d’Ellroy et de Peace. Je lui avais dit que cela me semblait très ambitieux et lui de me répondre qu’il assumait totalement et il avait raison.

Avec ses plus de 800 pages d’un polar époustouflant, à défaut de La cour des mirages, Benjamin Dierstein rejoint la cour des grands.

J’ai rarement lu un polar aussi travaillé à tous les niveaux. La cour des mirages est la suite de Les sirènes qui fument et de La chute des idoles (tout deux parus en poche) mais peut tout à fait se lire seul.

Le contexte politique tout d’abord et presque par-dessus le reste. Nous sommes en pleine année d’élections présidentielles, celle pendant laquelle Hollande a accédé au « trône ». L’auteur a imaginé une trame policière idéale pour ressortir tous les vieux dossiers, toutes les magouilles qui ont entouré ces élections (mais quelles élections ne sont pas comme ça ?). Affaires de sexe, d’adultère, de pots de vin, de détournements de fonds, d’abus de faiblesse et j’en passe. Des affaires tombées depuis longtemps dans le domaine public, révélées par des médias plutôt moins que plus indépendants et neutres (un non-sens quand on parle de médias, n’est-ce pas ?), de DSK à Julie Gayet, en passant par Sarkozy bien-sûr, Jupé et compagnie. Tout le monde en prend pour son grade.

Le thème majeur, la pédopornographie, la pédophilie, est plus qu’abordé, parfois, souvent, trop détaillé pour des âmes sensibles qu’il est bon de prévenir. Ce texte est dur, très éprouvant, ça parle d’enfants, c’est cru, violent et malheureusement vrai. Là, je mettrai un petit bémol. Des affaires sont abordées, non résolues à ce jour, des faits non prouvés rapportés et, à mon avis, les noms auraient dû être modifiés, par respect pour les parents.

Les personnages sont également travaillés et maîtrisés, en particulier celui de Gabriel Prigent, à la recherche de sa fille enlevée il y a des années. Si au début du roman il est persuadé qu’elle est morte dans les heures ayant suivi sa disparition, peu à peu, sa certitude s’effrite tout comme sa raison.

La nuit, le froid, et puis les voix.

Les ténèbres qui disparaissent, lentement, les voix qui s’évanouissent avec les ombres, comme des fantômes qui auraient peur du jour.

Une heure que je suis dans la 406 et que je scrute les premiers rayons du soleil, là-bas, tout à l’est : les garants de mon retour dans le monde réel, enfin.

Encore une nuit constellée d’apparitions, de bruits, de voix, encore une nuit infernale et pourtant j’ai augmenté la dose d’antideps, j’ai augmenté la dose de stabis, mais non, à chaque crépuscule elles reviennent : la voix de Juliette, papa, où tu es, la voix de Zagreus, tu nous prends pour des bleus, hein, la voix de Kolia, celle de Guillot, celle de Marchand, celle d’Anaïs, celle de Justine, des tas de voix qui m’empêchent de dormir.

Une heure que je suis dans la voiture à me tourner, à me retourner, j’ai mal au dos, mal aux côtes, mal à la mâchoire.

Dans le rétro : mon visage, cabossé, plus d’attelle mais le nez de traviole, comme un boxeur.

Cabossé par les coups, cabossé par les doutes.

Avec la commandante Verhaeghen, ils vont devoir faire face à un double homicide suivi d’un suicide, une enquête qui va les mettre sur les traces d’un réseau de pédo-criminels, de proxénètes, mais aussi d’un vaste trafic financier impliquant, dans les deux cas, des banquiers, des politiciens, des ministres, des écrivains, un dossier prêt à exploser et à faire des dégâts considérables. Des parents qui vendent leur progéniture, des enfants placés en foyers et qui sont utilisés dans des soirées privées, des gamines enlevées dont le corps est retrouvé des jours, des semaines ou même des mois plus tard, enterré dans un bois. N’oublions pas les policiers complices ou corrompus, les services intérieurs partie prenante, des témoins amnésiques et quelques victimes évaporées.

Malgré quelques incohérences de dates comme un enfant né en 1980 et décédé à l’âge de 8 ans en 1991, ou des incohérences médicales comme une injection d’insuline pour faire monter la glycémie (c’est le contraire, je suis bien placée pour le savoir), ce roman est manifestement le fruit d’un travail de recherche colossal.

Même si le fond est politique, la trame policière est passionnante et permet de comprendre certains aspects justement de ces rouages politiques qui souvent, en tout cas pour ma part, nous échappent.

A lire absolument.

 

Résumé de l’éditeur :

Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l'Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et rallie la Brigade criminelle de Paris. Elle est rapidement rejointe par son ancien collègue Gabriel Prigent, hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt.

Pour leur retour au 36, les deux flics écopent d'une scène de crime sauvage : un ancien cadre politique a tué sa femme et son fils avant de se suicider. L'enquête débouche sur la découverte de réseaux puissants, à mi-chemin entre l'organisation pédo-criminelle, la prostitution de luxe et l'évasion fiscale. Désabusés par leurs erreurs et leurs doutes, tourmentés par leurs obsessions,

Verhaeghen et Prigent vont partir pour un voyage sans retour vers la barbarie moderne.

 

 

La Cour des mirages - les arènes

Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l'Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et rallie la Brigade criminelle de Paris.

https://www.arenes.fr



 

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Commentaires
P
Et devine qui c'est qui va bientôt le lire ? Hein, devine un peu ! BIZ
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