Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EVADEZ-MOI
8 septembre 2021

Mortepeau de Natalia Garcia Freire

31L7lciIVeS

 

 

Traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon.

 

En cette rentrée littéraire 2021, les éditions Christian Bourgois publient le premier roman d’une jeune autrice Equatorienne : Natalia Garcia Freire.

Mortepeau est un roman noir troublant.

Lucas est un homme qui revient sur les lieux de son enfance après la mort de sa mère. Il se rend sur la tombe de son père dans le jardin de leur ancienne demeure familiale désormais habitée par deux hommes leur ayant tout volé il y a des années.

Lucas, loin de se recueillir sur cette tombe, parle à son père et extériorise douleur, chagrin, rancune et colère envers ce père qui, plus que de ne pas les avoir protégés des deux hommes, a contribué à la destruction de sa famille et à sa propre mort. Il ne pleure pas son père mais c’est à sa mère, passionnée par ses fleurs et son jardin, qu’il pense et à son père qu’il reproche sa disparition.

« Dans la nuit, le livre entre les mains et le corps fébrile, j’ai pris la décision de quitter cette maison. Je devais sortir ma mère de là et nous irions dans un endroit où nous pourrions créer un jardin gigantesque, mélodieux et regorgeant de vie ? Pour la première fois, père, j’ai pensé que vous deviez disparaître de notre existence. Dans l’obscurité, j’ai serré fort les dents et une sombre démangeaison a picoré mon corps. On peut vivre sans père, me suis-je dit, mais pas cohabiter avec Napoléon.

Je ne crois pas avoir songé à votre mort ou peut-être que si, mais je me rappelle vous avoir imaginé déjà trépassé. Un jour vous existiez et le lendemain il me suffisait de croiser les doigts pour que vous ne soyez plus là.

L’esprit d’un enfant ne résout pas les problèmes et n’envisage pas de sauter des obstacles. Il se demande seulement ce qui adviendrait s’il était victorieux. »

Mortepeau est un texte envoutant.

Lucas est passionné par les insectes, volants ou rampants.

Les insectes, dans ce roman, sont presque des personnages à part entière tant leur présence agit sur Lucas et sur la trame de l’histoire.

Ils sont aussi un symbole. Face à un personnage du père très croyant que sa foi a rendu cruel, l’autrice oppose ici ces animaux qui œuvrent à faire disparaître les corps dès leur mise en terre : vers, mouches et autres insectes qui s’en nourrissent. Ils sont aussi des rappels de croyances plus « terrestres » comme nos anciens qui pensaient que lorsque les araignées rentrent dans les maisons cela veut dire que le froid arrive. Cette volonté d’opposition à la religion avec une ambiance très noire à la limite du mysticisme est donc plus que suggérée mais sous forme de paraboles poétiques superbes.

Mortepeau est un superbe texte.

Empreint de poésie, en fond sonore le bruissement des ailes des insectes, le discours funeste de Lucas est emprunt de regrets, d’un manque qui ne peut plus être comblé, d’un sentiment d’impuissance face à des évènements qui auraient pu être évités. C’est un premier roman et l’écriture est déjà belle, mature.

Superbe découverte donc que ce roman noir.

 

4ème de couverture :

Mortepeau est un conte noir. Lucas, un jeune homme, s’adresse à son père décédé et enterré dans le jardin familial. Quelques années plus tôt, il était luxuriant et entretenu par Josephina, sa mère passionnée de botanique. Dorénavant, il n’est plus que mauvaises herbes et désolation. S’ils en sont arrivés là, c’est à cause de deux hommes mystérieux invités par son père dans la maison, bouleversant l’équilibre de la famille et la précipitant vers sa fin.

Récit de la chute et de la décadence d’une famille, Mortepeau est un roman qui sent la terre humide, la pourriture et les fleurs séchées. Une histoire sombre où les liens se défont, où l’on vit dans la claustration et la crainte, où l’amour filial est comme les corps voué à se décomposer. Ses pages sont aussi pleines de ces insectes qui unissent les hommes à la terre et qui passionnent le narrateur. Car dans ce monde de l’infiniment petit, les chrysalides sont autant de promesses, et l’on meurt parfois pour mieux renaître à un monde nouveau.

 

L’autrice :

Natalia García Freire est née à Cuenca, Équateur, en 1991. Elle a étudié la communication et a travaillé comme journaliste pour le magazine Nan et de nombreux journaux et magazines hispanophones. Elle vit désormais à Madrid.

 

 

Mortepeau - Christian Bourgois éditeur Mortepeau

Mortepeau est un conte noir. Lucas, un jeunehomme, s'adresse à son père décédé et enterrédans le jardin familial. Quelques années plus tôt,il était luxuriant et entretenu par Josephina,sa mère passionnée de botanique.

https://bourgoisediteur.fr



 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité