Dans la série #nosauteursontdutalents, en voici un, qui plus est toulousain, ce qui est déjà un trait de perfection (ok je suis un tout petit peu chauvine parfois).

Mais nonobstant (oui, après avoir lu Guillaume Sire, on utilise de beaux mots) s’il avait été lyonnais ou parisien je n’aurais pu que me délecter de l’écriture de cet auteur qui n’a rien à envier à certains de ses contemporains comme Franck Bouysse.

Sur le terrain du terroir, pour parler des autochtones, de leurs travers, de leurs défauts, de leurs bagarres de clocher, Guillaume Sire semble plus qu’à l’aise et nous entraine ici dans les Corbières, une Occitanie qui a gardé un peu de son aspect sauvage.

L’auteur nous emmène à la rencontre de chatelains, maîtres de ce qu’il reste d’un domaine, un magnifique château fort qui, faute de revenus suffisants pour son entretien, tombe en ruine. Fantastique et mystique terrain de jeu pour Clémence et son petit frère, puit sans fond pour leurs parents. Le père se tue littéralement à la tâche, la mère le soutient tant qu’elle le peut, Clémence passe son temps d’adolescente à bricoler, faire de la mécanique, de la maçonnerie avec l’aide de son frère. Mais la santé du père décline et quand certains de leurs voisins profitent de leur faiblesse pour leur voler leurs terres et leur château, quand des chevreuils dévastent leurs maigres récoltes, la famille va aller jusqu’au bout et refuser de rendre les armes.

Guillaume Sire signe là un drame poignant, la chronique d’une défaite annoncée, une peinture lucide de ce qu’est l’âme humaine quand le malheur des uns fait grandement le bonheur des autres.

Il dépeint aussi cet enracinement profond qu’ont certains habitants, quand ils habitent des lieux hantés par l’âmes de générations et de générations avant eux, un héritage de sang, d’histoire, un leg de fierté et de courage pour défendre, quoi qu’il en coute cet héritage.

Cette magnifique écriture nous fait ressentir cet attachement, cette fierté aussi, la colère qui va jusqu’à la haine quand la trahison émiette la confiance.

C’est un superbe roman noir tant par son fond que par sa forme et un auteur à suivre de près.

4^ème de couverture :

Au seuil des Corbières, les Testasecca habitent un château fort fabuleux, fait d’une multitude anarchique de tourelles, de coursives, de chemins de ronde et de passages dérobés.

Clémence, dix-sept ans, bricoleuse de génie, rafistole le domaine au volant de son fidèle tracteur ; Pierre, quinze ans, hypersensible, braconne dans les hauts plateaux ; Léon, le père, vigneron lyrique et bagarreur, voit ses pouvoirs décroître à mesure que la vieillesse le prend ; Diane, la mère, essaie tant bien que mal de gérer la propriété.

Ruinés, ils sont menacés d'expulsion. Et la nature autour devient folle : des hordes de chevreuils désorientés ravagent les cultures. Frondeurs et orgueilleux, les Testasecca décident de défendre coûte que coûte le château.

L’auteur :

Guillaume Sire est écrivain et enseignant à l’université ToulouseCapitole. Son précédent roman, Avant la longue flamme rouge, a été distingué par de nombreux prix littéraires, notamment le prix Orange du livre, le prix des lecteurs de la Ville de Brive, le prix du roman Coiffard...

Les Contreforts

"Un éclair découpa l'horizon, suivi de sa morsure sonore, et une goutte tomba, grosse comme un doigt - et le grand délire commença."Au seuil des Corbières, les Testasecca habitent un château fort fabuleux, fait d'une multitude anarchique de tourelles, de coursives, de chemins de ronde et de passages dérobés.Clémence, dix-sept ans, bricoleuse de génie, rafistole le domaine au

https://calmann-levy.fr