Dans Sous le compost, Nicolas Maleski nous racontait l'histoire d'un homme « au foyer », le mettant dans une situation qui n'est pas amusante au départ mais qui s'avérait drôle parce qu'on découvrait un homme dans la peau d'une ménagère d'âge moyen, dans une petite ville, ayant un train de vie moyen assuré par son épouse qui le trompe et qui tente de sauver les apparences.

L'auteur jouait déjà les prestidigitateurs en inversant, pour une fois, les rôles.

Dans La science de l'esquive, Nicolas Maleski nous parle d'un homme en cavale et qui échoue « temporairement » dans un village paumé. L'auteur nous dresse un portrait d'homme acculé, aux abois, torturé aussi :

Wozniak ouvre un œil, foudroyé par l'acide de la gueule de bois. Il sait où il est, il se rappelle tout. Il se roule en boule, c'est comme si on le frappait à coups de bottes. Rien ne peut modifier le torrent de ses pensées. Le remords, inexpugnable, le sentiment de la faute, la torture mentale. C'est un filtre au travers duquel il repeint son existence. Il se met à chialer, les dents plantées dans l'oreiller, il chiale sur la merde noire dans laquelle il s'est plongé jusqu'au cou. Il chiale sur les vies qu'il a foutues en l'air. La culpabilité le démolit par vagues. Il voudrait avoir le courage de se tuer. Se jeter à l'eau. Il paraît qu'il suffit d'aspirer pour se remplir les poumons, et puis que la lueur du jour s'éloigne, que tout nous échappe, que c'est irrémédiable et rapide.

Alors qu'il voudrait être invisible, il sauve de la noyade un jeune du village, attirant l'attention sur lui. Petit à petit, il se laisse approcher et même apprivoiser par sa belle voisine.

Nicolas Maleski crée ici un personnage ambigu. Kamel Wozniak est en cavale mais on ne sait pas pourquoi, l'auteur laissant imaginer le pire. Mais en même temps, c'est un personnage attachant qui semble plutôt aspirer à une vie simple et sereine.

L'auteur est en fait un talentueux illusionniste qui se joue du lecteur d'une façon remarquable tout en lui parlant de rédemption et d'insertion dans le monde fermé des petites villes, il nous parle également d'addictions, de rêves que l'on poursuit et de réalité que l'on fuit.

4^ème de couverture :

Kamel Wozniak est en fuite. Locataire d'un meublé où pour rester invisible il faut se montrer habile, l'ancien boxeur sur ses gardes tente de se faire oublier le temps d'un été au vert. Mais de qui ? Et où s'arrête son plan B ? Difficile de disparaître dans une petite ville où un garçon comme lui, aux airs de desperado, n'est pas sans piquer les curiosités.

L'auteur

Nicolas Maleski est l'auteur d'un premier roman remarqué, Sous le compost (2017), finaliste du Grand Prix RTL/LiRE.

La science de l'esquive - HarperCollins France

" Rien n'indiquait que c'était son jour. Il n'y avait rien de particulier dans l'air. En refermant la porte derrière lui, il savait que c'était la dernière fois. Il n'y avait plus à réfléchir. Sa décision était prise. Il restait à exécuter le plan.

https://www.harpercollins.fr

Editeur : HarperCollins (janvier 2020)

Collection : Traversées

ISBN : 9791033904144