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EVADEZ-MOI
20 août 2020

Ce qu'il faut de nuit de Laurent Petitmangin

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Cette rentrée littéraire nous réserve de belles surprises made in France et Ce qu’il faut de nuit en fait partie.

Laurent Petitmangin nous parle d’un père et de ses deux fils, un homme veuf qui se retrouve à devoir élever deux adolescents.

Quand il découvre que son fils ainé fréquente des jeunes d’extrême droite, ce père se retrouve démuni, tiraillé entre de multiples sentiments.

Il ne sait pas quoi faire et, faute de trouver les mots, dresse un mur entre lui et son fils, fait de briques de déception.

Lui, il bosse à la SNCF et fait partie d’une cellule de gauche.

L’auteur nous parle aussi de sa Lorraine, des difficultés économiques, de vies simples, de foot, de copains du parti.

Comment son fils peut-il se retrouver à l’opposé ? Pourquoi ? Autant de questions qu’il ne peut poser sans craindre les réponses.

« Crois-moi, les mecs sont aux côtés des ouvriers, il y a vingt ans, vous auriez été ensemble. Ils s’en fichent pas mal de ce qui se dit à Paris, eux. C’est notre coin qui les intéresse, ils n’ont pas envie de le laisser crever. Ils se bougent. Ils en ont marre des conneries de l’Europe. Ils reçoivent de la tune de Paris qu’ils redistribuent dans le coin. Tiens, Samedi dernier, ils ont rééquipé de fond en comble la maison d’un vieux qui venait de se faire cambrioler. Que cela te plaise ou pas, les gens ne crachent pas dessus. » Voilà comment on justifiait en moins de dix minutes de traîner avec l’extrême droite. Comment on se résignait à ce que son fils soit de l’autre côté. Pas chez Macron, mais chez les pires salauds. Les potes des négationnistes, des ordures. Fus était calme, presque content que cette explication arrive. Il assumait. Un vrai témoin de Jéhovah, perfusé de conneries, avec de nouvelles certitudes, qui restait aimable. J’avais honte. Désormais on allait devoir vivre avec ça, c’était ce qui me gênait le plus. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on veuille, c’était fait : mon fils avait fricoté avec des fachos. Et d’après ce que j’en avais compris, il y prenait du plaisir. On était dans un sacré chantier. La moman pouvait être fière de moi. Fus avait fini par se lever et dire : « Cela ne change rien. »

Parce qu’il ne comprend pas, ce père va faire des choix, prendre des décisions, pensant protéger son deuxième fils.

J’avoue avoir détesté ce père, sa façon de réagir, son rejet de son fils.

Peut-être parce que je suis une mère et que la relation entre une mère et son fils est souvent différente qu’entre un père et son fils.

Et c’est aussi pour ça que ce roman m’a touchée et émue. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est Fus, le fils, qui m’a touchée, l’instinct maternel sans doute qui pousse une mère à toujours protéger son enfant, à accepter ses choix sans que son amour en soit entaché.

La fin est bouleversante, autant vous prévenir.

C’est un très beau roman à découvrir et qui, sans doute, fera réfléchir certains lecteurs, enfin je l’espère.

 

Un extrait :

Des nuits entières, j’avais essayé de l’effacer de mes souvenirs, mais il continuait à danser devant moi, joyeux, torse nu, enlaçant son frère, sortant de notre petite piscine en caoutchouc, ce petit rond de deux mètres, tellement moche, qui les avait occupés des étés durant. Après je le voyais faire le mariole à table. Il catapultait le bouchon de la bouteille d’eau vers son frère. Les cris et les énervements qui suivaient, car ça trichait, car ça renversait de l’eau, le bouchon arrivait toujours là où il ne fallait pas. Il m’accompagnait à l’hôpital, je le voyais enfant sage, sportif appliqué qui se consolait dans mes bras à la fin d’un match perdu. J’essayais de tailler dans tout ça, de virer cet enfant perdu et de reformater mes souvenirs. Tant pis si je sacrifiais de beaux moments, tant pis si je devais perdre un peu des autres. Mais il était partout. Sans lui, que me restait-il ? Des souvenirs de jeunesse avec la moman, avant qu’il ne naisse ? Tellement flous qu’ils ne tenaient pas au corps.

 

4ème de couverture :

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.

 

L’auteur :

Laurent Petitmangin est né en 1965 en Lorraine au sein d’une famille de cheminots. Il passe ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour poursuivre des études supérieures à Lyon. Il rentre chez Air France, société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. Grand lecteur, il écrit depuis une dizaine d’années. Ce qu’il faut de nuit est son premier roman.

 

Editeur : Manufacture de livre éditions (août 2020)

Collection : LITTERATURE

ISBN : 9782358876797

 

Ce qu'il faut de nuit

Fus s'arrache sur le terrain. Il tacle. Il aime tacler. Il le fait bien, sans trop démonter l'adversaire. Suffisamment vicieux quand même pour lui mettre un petit coup. Parfois le gars se rebiffe, mais Fus est grand, et quand il joue il a un air mauvais. Il s'appelle Fus depuis ses trois ans.

https://www.lamanufacturedelivres.com



 

 

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