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EVADEZ-MOI
15 juillet 2020

Resurrection Bay d'Emma Viskic

 

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Traduit de l’anglais par Charles Bonnot.

 

Aujourd’hui, nous partons en Australie avec Resurrection Bay d’Emma Viskic.

Malgré un ou deux petits défauts dont je reparlerai plus loin, c’est un vrai bon polar parmi les classiques du genre.

Par classique, je veux dire qu’on retrouve deux détectives privés dont l’un est un ex-flic alcoolique, qui vont mener une enquête en parallèle de la police qui semble nettement moins efficace.

Caleb et Frankie, donc, vont tenter de résoudre le meurtre d’un ami de Caleb, sauvagement assassiné dans ce qui ressemble à un règlement de compte.

Ce roman ne manque ni de rythme, ni de violence, mais réserve une surprise avec une histoire d’amour en trame de fond, celle de Caleb et de son ex-femme. Si on en trouve parfois dans les polars, ici elle occupe une grande place. Curieusement, ce côté romance qui m’agace d’ordinaire, ici, il s’intègre parfaitement dans la trame policière.

Ce qui différencie surtout ce polar d’autres romans similaires, c’est son personnage principal, Caleb. Caleb est malentendant et son handicap va modifier certaines scènes qui auraient été banales dans d’autres cas.

L’ex-femme de Caleb est noire alors que lui est blanc. Cela donne prétexte à l’auteur d’aborder le thème des discriminations, qu’elles soient raciales ou physiques.

-        Tu sais ce que Brad O’Brien m’a dit un jour ?

-        Quoi ?

-        Que je pourrais me faire passer pour autre chose.

Il allait lui faire la peau à cet enfoiré avec sa troche de rat.

-       Enfin pas me faire passer pour une Blanche non plus, il ne faut pas rêver. Mais selon lui je pouvais passer pour quelque chose de moins révoltant qu’une Abo : une Indienne, peut-être, ou une Pakistanaise. Elle posa le menton sur sa main. Tu crois que je devrais ? Ce serait moins gênant.

Une acidité qui lui remontait dans la gorge.

-        Je n’essaie pas de me cacher.

-       Chaque fois que tu ouvres la bouche, tu essaies de passer pour ce que tu n’es pas.

-        Je vis dans un monde entendant, Kat, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je demande à tout le monde d’apprendre la langue des signes ? Même mes parents ne l’ont pas fait.

-        Non mais tu pourrais dire quelque chose du genre : « Je suis sourd mais je fais un truc incroyable : en regardant votre bouche, votre visage et votre corps, j’arrive à former des phrases. Pourriez-vous m’aider en parlant un peu moins vite ? »

Emma Viskic avait matière pour approfondir ce thème et c’est dommage que ça n’aille pas plus loin. Mais Resurrection Bay est le premier volet des enquêtes de Caleb et on espère que ce thème sera exploité plus tard, parce que si le racisme est énormément traité dans les romans contemporains, le handicap l’est moins. On a déjà lu des polars avec un personnage mal-voyant, voir à mobilité réduite, mais c’est pour moi la première fois que je croise un personnage malentendant.

Autre défaut en ce qui me concerne, c’est le manque d’épaisseur, au niveau des personnages mais aussi du décor. Les lieux manquent de descriptions pour visualiser ce décor et les personnages restent physiquement flous. Au contraire, les scènes de crime ou d’action sont travaillées en profondeur. C’est dommage parce que dans ce type de roman reposant beaucoup sur l’action, le lecteur a besoin de visualiser ce qu’il lit sous peine d’oublier très vite.

Ceci dit, cela n’enlève rien au plaisir de lecture, bien présent ici même si l’intrigue reste classique et sans réelle surprise dans son dénouement.

Ça reste un très bon divertissement et pour ma part, je lirai le suivant avec plaisir.

 

4ème de couverture :

Caleb Zelic, détective privé à Melbourne, est bien décidé à retrouver le meurtrier de son meilleur ami Gary, un flic intègre, retrouvé égorgé chez lui. Mais Caleb est sourd depuis l’enfance et lire sur les lèvres peut parfois porter à confusion… Il sait toutefois parfaitement lire les expressions et le moindre geste de ses interlocuteurs. De plus, Caleb n’oublie jamais un visage. Avec l’aide de son associée Frankie, ex flic alcoolo, il mène son enquête mais se fait brutalement agresser. Et Frankie disparaît. Blessé, aux abois, il se réfugie chez son ex-femme à Resurrection Bay, sa ville natale.

Alors qu’il commence à remonter le fil des derniers événements menant à la mort de Gary, il réalise que tous autour de lui ont quelque chose à cacher…

 

L’auteure :

Emma Viskic, clarinettiste professionnelle et professeure de musique, est désormais une auteure australienne de renom. Resurrection Bay l'a propulsée en tête des ventes dans son pays puis en Angleterre après qu'il a remporté le Ned Kelly Award en 2016 ainsi que le Davitt Award dans trois catégories.

Elle a étudié la langue des signes australienne (Auslan) pour concevoir son personnage principal, Caleb, que l'on retrouvera dans deux autres volumes.

 

 

Resurrection Bay, Emma Viskic, Romans Policier / Thriller - Seuil

Caleb Zelic, détective privé à Melbourne, est bien décidé à retrouver le meurtrier de son meilleur ami Gary, un flic intègre, retrouvé égorgé chez lui. Mais Caleb est sourd depuis l'enfance et lire sur les lèvres peut parfois porter à confusion... Il sait toutefois parfaitement lire les expressions et le moindre geste de ses interlocuteurs.

https://www.seuil.com



 

Editeur : Le Seuil (février 2020)

Collection : Cadre noir

ISBN : 9782021417869

 

 

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