Mon cœur restera de glace d'Eric Cherrière
Quand on m’a prêté ce livre en me disant « tiens, c’est un auteur toulousain » je me suis dit « pourquoi pas ».
On m’avait prévenue que c’était un peu « rude », enfin ce n’est pas vraiment le mot mais c’est l’idée.
Mais je dois avouer que c’est vraiment une très belle surprise.
Pour résumer, l’auteur nous retrace le parcours de certains membres d’une famille sur un siècle.
Pendant la 1ère guerre mondiale, un jeune garçon est envoyé dans les tranchées combattre les allemands. Il en reviendra « gueule cassée ». Son jeune frère disparaîtra avec lui dans les bois, emportant son frère mutilé et laissant sa mère dont le mari n’est jamais revenu de la guerre avec le grand-père, Lucien, boulanger du village.
Pendant la seconde guerre mondiale, Lucien est toujours boulanger du village et son maire. Alors qu’une garnison de SS arrive au village afin d’organiser une rafle d’hommes juifs et tuer leurs vieillards, femmes et enfants, Lucien tente de sauver une famille sans succès. Puis oriente la garnison sur un raccourci en forêt.
En 2020, l’arrière-arrière-petit-fils de Lucien est appelé au chevet d’un ancien nazi qui ne veut raconter son histoire qu’à lui seul. Pourquoi ?
N’espérez pas que je vous le dise !
Cette histoire est, il est vrai, cruelle, brutale et parfois frise l’horreur. Mais elle est surtout pleine d’humanité malgré tout, ni les uns, ni les autres, ne sont vraiment ni des monstres, ni des héros. Même si vous croyez deviner quelque chose en cours de récit, je vous parie que vous serez très surpris(es) par le dénouement.
J’ai aimé cette écriture sans fioritures, ce sentiment de paix qui finalement en résulte et qui nous rappelle que nous avons tous des sentiments, des peurs, que nous commettons tous des erreurs, que la vengeance, même si elle est légitime et utile à celui qui l’applique, reste un acte aussi monstrueux, voir pire, que celui qui l’a suscitée.
4ème de couverture :
Dans ces bois du fin fond de la Corrèze, un jeune garçon trouve refuge en 1918, en compagnie de son frère, une " gueule cassée ". Une guerre plus tard, des soldats allemands s'y enfoncent, sur les traces d'une de leurs unités disparues. Ces mêmes arbres que l'on retrouve en 2020, peints sur les murs de la chambre d'hôpital d'un vieillard allemand.
Aujourd'hui le vieil homme va parler. Révéler le secret de cette forêt qui ébranlera bien des existences, bien des certitudes. Bien des familles.
De 1918 et 1944 à 2020, Mon cœur restera de glace couvre un siècle de guerres fratricides.
L’auteur :
Éric Cherrière est réalisateur, scénariste et écrivain. Il est l'auteur de Je ne vous aime pas (Le Cherche Midi, 2010, prix du Polar de la prison de la Santé). Il a également écrit et réalisé deux longs-métrages, Cruel, Grand prix du polar de Cognac 2016, et Ni dieux ni maîtres.
Editeur : Belfond (janvier 2020)
ISBN : 9782714493330
" Mon coeur restera de glace possède d'abord une puissance littéraire rare : celle qui consiste à sonder le mal, à nous entrainer dans les grands cimetières sous la lune. Il faut imaginer Croix de fer de Sam Peckinpah mâtiné de tragédie grecque, un coeur de glace dans les flammes de l'enfer.
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