Or, encens et poussière de Valerio Varesi
Traduit de l’italien par Florence Rigollet.
Une nouvelle enquête du commissaire Soneri devient un incontournable, chaque année. En tout cas, je l’attends chaque fois avec la même impatience.
Or, encens et poussière est le cinquième roman de la série à être traduit et publié par les éditions Agullo après Le fleuve des brumes, La pension de la via Saffi, les ombres de Montelupo et Les mains vides.
Soneri, il est comme un bon vin, il se bonifie avec le temps. Chaque nouvelle enquête étoffe encore plus ce personnage auquel on s’attache vraiment. Chaque nouvelle enquête aborde un thème de société avec finesse et délicatesse.
Si le style reste celui des quatre premiers, calme, posé, il gagne ici en rythme avec toujours ce brouillard omniprésent qui masque et étouffe les décors.
Comme la brume avec le décor, le commissaire démarre son enquête un peu à l’aveugle, comptant sur les coups de chance et les coïncidences qui n’en sont jamais.
D’ailleurs tout commence dans une véritable purée de pois, au bord d’une autoroute, dans un brouillard à couper au couteau sur lequel se sont rajoutées les fumées d’un incendie. Soneri découvre le corps d’une jeune femme calcinée entre l’incendie et un camp de Tsiganes. Ça peut sembler très sombre, ça l’est matériellement, mais Valerio Varesi a ce talent d’y apporter un petit plus d’humour.
Il en profite ici pour traiter le thème des communautés du voyage, Roms, Tsiganes que la plupart des gens fuient et dont ils se méfient.
Ils gravitèrent un quart d’heure autour du feu qui rayonnait au loin, tel un soleil impossible à atteindre.
« Où est cette putain de route ? s’impatienta Soneri.
- Dottore, vous ne voulez quand même pas rendre visite aux Tsiganes ? s’inquiéta Juvara.
- Pourquoi pas ? Ne t’en fais pas, ils sont plus aimables que les taureaux.
- Mais on n’est que deux…
- Il ne va rien se passer. Ils ne sont pas agressifs.
- C’est vous qui le dites…
- Mais pourquoi tu as autant de préjugés ? Tu as peur des animaux et tu restes indifférent aux gens qui brûlent sur l’autoroute, tu as peur des Tsiganes, mais tu fréquentes des boîtes de nuit pleines de caïds raides défoncés avec un couteau dans la poche… »
L’inspecteur le fixa comme s’il n’y avait jamais pensé.
« Peut-être une question d’habitude, dottore…
- On a toujours peur de ce qu’on ne connaît pas. Quoi qu’il en soit, décida le commissaire, je vais te les présenter. »
Soneri et Juvara vont aussi avoir affaire à une femme fatale aux multiples facettes.
Et en parlant de femme fatale, dans ce roman, la vie privée de Soneri se retrouve propulsée en gros plan. Sa relation avec Angela, dont on a fait la connaissance dans les précédents romans, est une sorte de fil rouge tout au long de cette enquête.
Je dois bien avouer que c’est la seule chose qui m’a agacée, cette Angela …. Non mais c’est qu’on s’y est attaché au commissaire, ce fin limier, cet homme perspicace, ce nounours au cœur tendre.
Si la plume de Valerio Varesi est magnifique, c’est aussi le personnage de Soneri qui fait qu’on devient accro à la série, au point qu’ils commencent à devenir indissociables.
Donc, pour celles et ceux qui ne connaissent pas, je vous conseille tous les romans de Valerio Varesi à lire dans l’ordre, c’est mieux, même si vous pouvez commencer où vous le désirez. Vous rencontrerez non seulement un personnage mais aussi un auteur, les deux étant aussi attachants l’un que l’autre.
Vivement l’an prochain !
4ème de couverture :
Parme, la nuit, le brouillard. Un carambolage monstrueux se produit sur l'autoroute : une centaine de voitures ratatinées, des camions en feu, une bétaillère renversée. Des dizaines de vaches et de taureaux errent sur la route, blessés et désorientés. Et des gitans auraient été aperçus, profitant de la confusion pour piller les véhicules accidentés. Le commissaire Soneri est le seul flic de Parme qui connaît assez bien la basse plaine du Pô pour ne pas se perdre dans le brouillard : c'est lui qu'on envoie sur place. Mais au lieu de petits voleurs opportunistes, c'est un meurtre qu'il découvre : dans le chaos, le corps carbonisé d'une jeune femme est retrouvé au bord de la route. Sa mort n'a aucun lien apparent avec le carnage.
La victime est une certaine Nina Iliescu, immigrante roumaine dont la vie en Italie n'a laissé que peu de traces – à part une longue liste d'amants de la haute société parmesane. Agneau sacrificiel ou tentatrice diabolique, même dans la mort la jeune femme à la beauté énigmatique exerce son pouvoir de fascination sur Soneri. Et lui réserve quelques surprises...
L’auteur :
VALERIO VARESI est né à Turin le 8 août 1959 de parents parmesans. Diplômé en philosophie de l'Université de Bologne, journaliste notamment à La Stampa et La Repubblica, il est l'auteur de treize romans mettant en scène le commissaire Soneri, dont Le Fleuve des brumes, La Pension de la via Saffi, Les Ombres de Montelupo et Les Mains vides parus aux éditions Agullo. Les enquêtes du commissaire Soneri, amateur de bonne chère et de bons vins parmesans, sont traduites en huit langues.
Parme, la nuit, le brouillard. Un carambolage monstrueux se produit sur l'autoroute : des voitures ratatinées, des camions en feu, une bétaillère renversée. Vaches et taureaux errent sur la route, désorientés. Et des gitans auraient été aperçus, profitant de la confusion pour piller les véhicules accidentés.
http://www.agullo-editions.com
Editeur : Agullo (mai 2020)
Collection : Agullo noir
ISBN : 9791095718758