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EVADEZ-MOI
7 juin 2020

Le sang ne suffit pas d'Alex Taylor

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Traduit de l’anglais par Anatole Pons-Reumaux.

 

J’avais découvert la sublime écriture d’Alex Taylor dans Le verger de marbre  il y a presque 4 ans (Gallmeister Août 2016).

Alors que Le verger de marbre était un roman dans la tradition de la littérature sudiste des Etats-Unis, avec un style très années 50 rappelant celui de Steinbeck, Le sang ne suffit pas s’intègrera plutôt dans la lignée des westerns.

Le lecteur se trouve propulsé au milieu du XVIIIème, en plein hiver, à l’ouest de la Virginie. Là les indiens Shawnees règnent encore autour de communautés de colons qui survivent en livrant des offrandes au chef Black Tooth.

Ces offrandes sont des nouveau-nés et quand Della est sur le point d’accoucher, elle n’a d’autre solution que de s’enfuir dans les montagnes et de se cacher des siens tout autant que des indiens.

C’est dans un décor glacial, sauvage, brutal, presque primaire, que nous entraine l’auteur où les dangers et les pièges sont nombreux, où les destins tragiques se croisent ou bien se poursuivent.

C’est toute une partie de l’histoire de ce pays où des gens venus d’ailleurs méprisent les tribus indiennes, sont prêts à beaucoup de bassesses pour quelques pièces mais aussi pour se nourrir. Des terres ancestrales que les tribus défendent dans le sang et pour qui l’argent n’a aucune valeur. Ce sont des endroits que les colons n’ont pas encore apprivoisés.

Ce sont des histoires d’amour, de fraternité, de vanité, de croyance, de trahisons.

C’est aussi l’histoire d’une nation qui n’a plus rien à perdre et de colons qui savent qu’ils ont déjà gagné.

Et c’est encore une fois une écriture magistrale, parmi les plus travaillées et abouties assortie d’une superbe traduction. Les scènes de luttes entre les hommes mais aussi avec les animaux et la nature sont impressionnantes. A part vous dire que tout est absolument magnifique dans ce roman, je ne vois rien à ajouter si ce n’est un extrait pour tenter de vous convaincre.

 

Un extrait :

-              J’ai percé les mystères de l’avenir, dit le chef en grattant les oreilles du chien. Les feux de mon peuple s’éteignent. Tous. Un par un, les feux s’éteignent. Il n’y a rien à faire. Il y aura sans cesse davantage d’hommes blancs, de poneys blancs, de villages blancs emplis d’enfants blancs. Mon peuple ne peut vivre dans un tel monde. Nous avons tué bien des ennemis et gagné bien des guerres, mais tout cela appartient au passé. C’est désormais notre tour de mourir.

Black Tooth leva la main vers le trio d’enfants blancs.

-              Parce que mon peuple doit mourir, ces enfants aussi seront tués. (Il dirigea sa main vers la vieille femme atteinte de variole.) Et ma femme. Et tous mes chevaux. Et beaucoup de chiens. Tous ceux-là me suivront dans le ciel étoilé, où ne vont que les plus anciens et les plus grands des rois. Mais il n’est pas juste que je n’aie pas mon quatrième enfant blanc. Il m’a été promis et je ne l’ai pas. Comment puis-je mourir sans mon dernier enfant blanc ?

Elijah remua la neige avec la pointe de sa botte.

-              Que se passera-t-il si tu ne reçois pas l’enfant ? demanda-t-il.

Le chef le dévisagea d’un air choqué. Comme si une telle perspective enfreignait un ordre immémorial.

-              Alors ton peuple souffrira bien des tourments, finit-t-il par dire.

 

 

4ème de couverture :

1748. Dans les montagnes enneigées de l’Ouest de la Virginie, un voyageur affamé arrive près d’une cabane isolée. Reathel erre depuis des mois, flanqué d’un dogue féroce. Mais l’entrée lui est refusée par un colon hostile qu’il n’hésite pas à tuer. Il découvre alors à l’intérieur une jeune femme, Della, sur le point d’accoucher. L’enfant naît dans cette solitude glaciale. Pourtant, le froid, la faim et l’ourse qui rôde dans les parages ne sont pas les seuls dangers pour la mère et le nouveau-né. Car ce dernier a été promis à la tribu Shawnee : c’est le prix à payer pour que Blacktooth, leur chef, laisse les Blancs du village environnant en paix. Alors que les Shawnees se font de plus en plus impatients, le village envoie deux frères à la poursuite de Della, désormais prête à tout pour sauver son bébé.

 

L’auteur :

Alex Taylor vit à Rosine, Kentucky. Il a fabriqué du tabac et des briquets, démantelé des voitures d’occasion, tondu des pelouses de banlieue et aussi été colporteur de sorgho pour différentes chaînes alimentaires. Il est diplômé de l’université du Mississippi et enseigne aujourd’hui à l’université de Western Kentucky. Ses nouvelles ont été publiées dans de nombreuses revues littéraires.

 

 

Le Sang ne suffit pas

ROMAN AMERICANA ISBN 978-2-35178-224-8 Parution le 28/05/2020 320 pages 23,00 euros 1748. Dans les montagnes enneigées de l'Ouest de la Virginie, un voyageur affamé arrive près d'une cabane isolée. Reathel erre depuis des mois, flanqué d'un dogue féroce. Mais l'entrée lui est refusée par un colon hostile qu'il n'hésite pas à tuer.

https://www.gallmeister.fr



 

Editeur : Editions Gallmeister (mai 2020)

Collection : Americana

ISBN : 9782351782248

 

 

 

 

 

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