Banditi d'Antoine Albertini
La Corse.
Destination de rêve pour ceux de métropole, c’est une image de carte postale.
Qui de plus habilité qu’un privé, ex-flic, alcoolique ascendant dépressif qui ne se remet pas de la disparition de sa femme, pour nous faire découvrir la Corse de l’intérieur ?
Quand ce privé est chargé de retrouver l’oncle de son ami Fabien, ex-militant nationaliste, qui s’est évaporé dans la nature, il ne se doute pas qu’il va devoir remuer le passé alors que les cadavres s’entassent devant lui.
L’auteur nous raconte donc ces années tourmentées au début des 90’s. Il nous parle de ces militants qui ont défrayé les chroniques, réclamant l’indépendance de cette île, se battant contre des gouvernements qui tantôt les traquait, tantôt les épaulait. Il nous raconte les attentats, le trafic de drogue, les liens avec les Brigades Rouges italiennes, les trafics d’influence, les manipulations politiques…
On ressent une ambivalence de sentiments dans ce polar. On alterne entre fierté et regrets, colère et tristesse, espoir et désillusions.
Plus que dans le contexte politique, cela se ressent aussi dans le décor que nous peint l’auteur. On passe de superbes paysages, de la nature encore sauvage, aux villas des continentaux, aux hôtels pour touristes, aux villes salies et puantes.
Le personnage principal alterne lui aussi cynisme, humour, confiance et défiance.
Lorsque nous nous étions revus par hasard, deux ou trois ans plus tard, Fabien avait eu vent de mon coup de sang, peu après son arrestation : la bagarre avec un policier de l’antiterrorisme dans l’ascenseur du commissariat et ma mise au placard au Bureau des homicides simples, chargé des enquêtes sur les meurtres entre poivrots et les coups de folie au fond des caravanes. Il m’avait remercié de l’avoir correctement traité le jour de son arrestation et nous avions passé une longue nuit au comptoir d’un bar du Marché, à discuter du passé, du nationalisme et de la police, de l’histoire de notre île vouée à ne jamais connaître le moindre repos, des erreurs des gouvernements et de notre faculté à nous sentir agressés au moindre mot, de nos espoirs qui n’en étaient pas vraiment car il fallait croire que nous aimions la violence, que le soleil nous chauffait trop la tête et que nous étions finalement le contraire du roi Midas : tout l’or que nous pouvions toucher, nous le transformions en merde. « Deux Corses ensemble, trois avis différents, comment tu veux en sortir ? »
Banditi est le deuxième volet d’une série entamée avec Malamorte en 2019 et ça ne m’a aucunement dérangée de ne pas avoir lu le premier.
Donc si vous voulez lire un bon polar et découvrir la Corse, la vraie, loin des cartes postales mais dans son cœur et ses combats, je vous conseille Banditi !
4ème de couverture :
Devenu détective « sans bureau ni diplôme », un ancien policier porté sur la boisson est chargé de retrouver la trace de Baptiste Maestracci, un vieillard disparu de son village de montagne, en Corse. De découvertes en cadavres oubliés, d’une mystérieuse demeure inhabitée aux plages de la côte sarde en passant par les ruelles de Bastia et le cimetière de Bologne, le « privé » clandestin va mettre en lumière trente ans de l’histoire secrète de son île, entre négociations de l’ombre, assassinats et compromissions.
L’auteur :
Antoine Albertini est le correspondant du Monde en Corse. Il a écrit La femme sans tête (Grasset, 2013) et Les Invisibles (Lattès, 2018), premier livre de la collection du même nom. Il a publié son premier roman Malamorte (Lattès, 2019), début d’une série d’enquêtes policières en Corse.
Devenu détective " sans bureau ni diplôme ", un ancien policier porté sur la boisson est chargé de retrouver la trace de Baptiste Maestracci, un vieillard disparu de son village de montagne, en Corse.
https://www.editions-jclattes.fr
Editeur : JC Lattès (mars 2020)
ISBN : 9782709666169