Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
EVADEZ-MOI
11 avril 2020

Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf

A1iYyUcbooL

 

 

Traduction de l’anglais par Rémy Lambrechts.

 

Le temps venu de tuer le veau gras et d’armer les justes.

Tel est l’étrange sous-titre de ce roman.

Je me suis demandée si j’allais rédiger un article sur ce livre. Tous les experts du Noir semblent l’avoir déjà lu. Pour ma part, ce sont les Docteurs Polar de Fondu au noir qui me l’ont conseillé, il y a deux ans. Je me suis dit que beaucoup ne le connaissaient pas mais il est difficile de trouver les mots justes pour en parler.

John est né dans une bourgade industrielle du Midwest. Son père est mort avant sa naissance. C’est un enfant chétif, victime de harcèlement à l’école, un gamin qui n’a quasiment rien hormis une ténacité à toute épreuve pour entretenir la ferme où il vit avec sa mère.

John va avoir une adolescence chaotique qui va l’entraîner loin de Baker, sa ville.

Quand il va y revenir, ça sera avec la ferme intention de leur faire payer tout ce qu’il a enduré.

Raconté par un témoin des derniers évènements qui se sont déroulés à Baker, c’est un texte dur où personne n’a le beau rôle. Il n’y a aucun héro et l’histoire est relatée après la mort de John.

 

J’ai rarement ressenti autant de rage dans les lignes d’un roman, autant de haine et de ressentiment. Le personnage de John aurait tendance à attirer la sympathie du lecteur mais chacun réagira différemment selon sa sensibilité.

L’auteur profite de cette histoire pour parler de beaucoup des fondements des Etats-Unis. La conquête des terres et le traitement réservé aux Indiens, la prohibition, le racisme, particulièrement ancré dans les états du sud, il n’oublie pas non plus les pires travers des hommes comme l’alcoolisme, la consanguinité, les armes et j’en passe.

C’est réellement un très beau et grand texte même s’il faut un peu s’accrocher aux premiers chapitres, un « must have » pour tout amateur de Noir qui se respecte. Dans la lignée des Faulkner et Steinbeck, Egolf rentre dans la catégorie des classiques de la littérature américaine.

 

Un extrait :

L’un des paradoxes majeurs de Pullman Valley, c’est que, toutes marques de civilisation exceptées, le paysage est vraiment splendide. En de rares occasions – rares – John avait presque l’impression d’en faire partie.

Mais ces quelques moments étaient anéantis dès l’instant où il se levait pour rentrer. Alors même que la communauté somnolait aux petites heures du matin et que l’éclairage public s’éteignait par mesure d’économie, il lui suffisait d’un regard dans n’importe quelle direction pour se rappeler qu’à Baker les biquets qui emmenaient leur maman paralytique aux urgences se faisaient éperonner par des trolls, se voyaient refuser les soins médicaux nécessaires, se faisaient battre à mort et jeter dans des cellules crasseuses, tandis qu’au dehors tout ce que la ville comptait de racaille blanche à pitbull s’égosillait à des matchs de football boueux entre l’équipe du shérif et celle des pompiers. Il avait beau faire, il ne pouvait s’en dépêtrer. Il y avait trop de signes évocateurs de tous côtés, trop d’accessoires toujours là sur le plateau. Il était installé à demeure sur le lieu du crime, et il ne pouvait y échapper. Comme tout être raisonnablement sensible né dans un cul-de-sac de campagne, ostracisé comme idiot, traité de crétin, de perdant-né et de monstre par une fraternité de fascistoïdes et de tyrans domestiques, il cultiva bientôt une haine implacable envers non seulement Hortense, ou Mentzer, ou n’importe quel groupe d’individus en particulier, mais envers la communauté qui l’entourait comme entité.

 

4ème de couverture :

Ce premier roman singulier commence avec la mort d'un mammouth à l'ère glaciaire et finit par une burlesque chasse au porc lors d'un enterrement dans le Midwest d'aujourd'hui. Entre-temps, on aura assisté à deux inondations, à quatorze bagarres, à trois incendies criminels, à une émeute dans une mairie, à une tornade dévastatrice et à l'invasion de méthodistes déchaînés ; on aura suivi la révolte d'une équipe d'éboueurs et vu comment un match de basket se transforme en cataclysme. Tout se passe dans la petite ville de Baker, sinistre bourgade du Midwest ravagée par l'inceste, l'alcoolisme, la violence aveugle, le racisme et la bigoterie. Au centre des événements, John Kaltenbrunner, un enfant du pays, en butte à toutes les vexations, animé par une juste rancœur. Comment John se vengera-t-il de la communauté qui l'a exclu ? Jusqu'où des années de désespoir silencieux peuvent-elles conduire un être en apparence raisonnable ? Dans un style flamboyant, Le seigneur des porcheries retrace l'histoire de cette vengeance, telle qu'elle est contée, après la mort de John, par un des "humiliés et offensés" qu'il défendait.

 

L’auteur :

Je vous mets le lien vers un article de l’Actu du Noir.

 

Tristan Egolf l'étoile filante - Le blog de Jean-Marc Laherrère

Deuxième (et dernière) fiche n'ayant pas pu se caser dans le DILIPO : Tristan Egolf est né en 1971 en Europe, où il vit ses premières années avec ses parents qui sont écrivain et peintre. Quand ils divorcent, il suit sa mère et son nouveau mari à Washington...

http://actu-du-noir.over-blog.com



 

Primo édition : Gallimard (1998)

Editeur : Folio (octobre 2000)

ISBN : 978-2070414734

 

 

Commentaires
Newsletter
Archives