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EVADEZ-MOI
16 mars 2020

La fabrique de la terreur de Frédéric Paulin

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Avec La fabrique de la terreur, Frédéric Paulin clos sa trilogie sur le terrorisme après La guerre est une ruse et Les prémices de la chute.

L’auteur, dans le premier volet, La guerre est une ruse, dessinait une fresque remarquable sur l’Algérie du début des années 90 quand le monde bascula dans le terrorisme et l’intégrisme. Profondément politique et factuel, ce roman qui tient beaucoup d’un roman d’espionnage est tout simplement passionnant tout en restant une fiction.

Le personnage principal, Tedj Benlazar, et que l’on retrouve dans les trois tomes, est un franco-algérien qui travaille pour la DGSE pour Remy Bellevue. Tous deux, par les renseignements qu’ils ont pu récolter, pressentent le pire et prédisent une « exportation » des actes terroristes qui ensanglantent l’Algérie depuis l’arrivée au pouvoir du FIS. Tedj va se lancer dans une chasse aux preuves pour convaincre les responsables de la DGSE et de la DST.

L’auteur dresse un portrait d’une Algérie meurtrie, rongée de l’intérieur, où seule la terreur règne.

Dans le second volet de la trilogie, Les Prémices de la chute, on retrouve Tedj en plein conflit serbo-croate, exilé par ses supérieurs. La Bosnie et la Serbie sont devenues des viviers pour terroristes venant d’Afghanistan où ils ont suivi des entrainements dans les camps de ce qu’on appelle déjà Al-Qaïda, commandé par un certain Ben Laden.

Disséquant la période de 1996 à 2001, Frédéric Paulin tente de décortiquer les tentacules d’Al-Qaïda en reprenant la plupart des personnages du premier tome, certains prenant une ampleur inattendue mais salutaire et d’autres disparaissant.

Quand débute La Fabrique de la terreur, 10 ans ont passé et nous sommes propulsés en plein Printemps arabe, période trouble et animée dans tous les pays Arabes depuis le Maghreb jusqu’au Golfe Persique et à la Turquie.

Tedj est retraité mais sa compagne Laureline est toujours en poste, à Toulouse. Vanessa, sa fille, est journaliste et, aussi obstinée que son père, a bien l’intention de parler de tous ces jeunes qui disparaissent en France et en Belgique pour s’engager en Syrie afin de combattre sous le drapeau noir de Daesh.

J’ai beaucoup redouté ce dernier tome, j’ai même commencé la lecture à reculons tout en sachant comment Frédéric Paulin avait abordé les 30 années précédentes.

Toulousaine, ayant vécu de près les attentats et la traque de Merah, je redoutais les passages qui en parleraient.

Mais l’auteur s’en est superbement tiré, sans tomber dans le piège du sensationnalisme dans lequel se sont noyés beaucoup d’auteurs avant lui.

Son écriture reste très factuelle avec certains passages du roman très fournis où l’on peut parfois perdre le fil. Cependant, la fiction amenée par Tedj et les autres personnages arrive à gommer ces passages un peu trop techniques.

L’auteur garde la distance qu’il avait dans les deux précédents tomes, il ne juge pas, n’interprète pas, laissant le lecteur seul juge.

Il ressort de cette trilogie un sentiment de gâchis, de vies, de jeunesses, l’impression d’avoir eu des gouvernements qui ont été tour à tour laxistes, optimistes, inefficaces, incompétents à gérer cette crise et à des services qui manquent de moyens pour mener à bien cette lutte sans fin. Une cruelle impression que tout le monde a baissé les bras.

 

Cette trilogie reste un document essentiel pour comprendre et un roman poignant, parfois dur sans cependant montrer l’atrocité, elle est dite mais non décrite. Les personnages sont impressionnants et, croyez-moi, la fin vous remuera.

A lire, à relire, à faire lire.

 

Un extrait :

Réif n’ira pas défiler.

Bien sûr, il a été terrassé par l’annonce des attentats. Le choc a été tel que pendant un moment, il a eu peur que cela ne ravive son angoisse. L’angoisse était partagée par tout un pays, l’angoisse aurait été normale en ce moment. Le choc de ces images, celle de l’exécution en plaine rue de ce policier boulevard Richard-Lenoir, celles de la rue Nicolas-Appert remplie de véhicules de secours et de police, les gyrophares qui éclairaient le visage stupéfait des badauds et des journalistes ont fait écho à celles du 11 septembre 2001 gravées dans sa mémoire. Il a pesé le pour et le contre tout au long de ces jours tragiques, lors de la traque des frères Kouachi ou de Coulibaly, lorsqu’ils sont morts, lorsque le président a appelé à l’union nationale : que faire en tant que citoyen ? Devait-il participer aux marches républicaines ?

Réif n’ira pas défiler. Il ne croit pas que « l’union nationale » durera. C’est loin d’être comparable, mais il se souvient de ce qu’est devenue la France black-blanc-beur d’après la Coupe du Monde 1998. Il y a eu le Pen au deuxième tour de la présidentielle de 2002, il y a eu la révolte des banlieues en 2005, il y a eu les scores du Front National, Sarkozy et son ministre de l’Identité nationale, il y a eu Mohamed Merah, et ce relent de xénophobie assumé par les électeurs, il y aussi eu les Akim et Mickaël dans son lycée, il y a eu enfin les attentats du 7 janvier. Réif ne ressent pas l’angoisse, il est simplement déprimé.

 

Pour rappel :

 

La Guerre est une Ruse de Frédéric Paulin - EVADEZ-MOI

La Guerre est une Ruse est le premier roman français publié par les éditions Agullo. Il est également un des trois finalistes du Prix des Chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud. Et ce n'est pas un hasard. Frédéric Paulin nous offre ici une fresque remarquable sur l'Algérie du début des années 90 quand le monde bascula dans le terrorisme et l'intégrisme.

http://www.evadez-moi.com



 

Les Prémices de la chute de Frédéric Paulin - EVADEZ-MOI

En septembre 2018, on a pu découvrir le premier auteur français des éditions Agullo : Frédéric Paulin. Son roman, La Guerre est une ruse, premier volet d'une trilogie était finaliste du prix des Chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud.

http://www.evadez-moi.com



 

4ème de couverture :

Janvier 2011 : après l'immolation de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant poussé au désespoir par la misère et l'arbitraire, le peuple tunisien se soulève et " dégage " Ben Ali. C'est le début des " printemps arabes ", et Vanessa Benlazar, grand reporter, est aux premières loges. Derrière la liesse populaire, la jeune Française pressent que cette révolution court le risque d'être noyautée par les islamistes, toujours prompts à profiter d'un vide du pouvoir. Bientôt, la chute de Khadafi, la guerre civile en Syrie et le chaos qui s'installe dans tout le Levant lui donnent raison : un nouveau groupe semble émerger peu à peu des décombres, venu d'Irak pour instaurer un califat dans la région ; un groupe dont la barbarie est sans limite, aux méthodes de recrutement insidieuses et modernes, et qui prône la haine de l'Occident.

À Toulouse, justement, Laureline Fell, patronne de l'antenne locale de la DCRI tout juste créée par Sarkozy, s'intéresse à un certain Merah, soupçonné de liens avec des entreprises terroristes. Mais les récentes réformes du renseignement français ne lui facilitent pas la tâche. Quand le pire advient, Fell comprend que la France n'est pas armée pour affronter ce nouvel ennemi qui retourne ses propres enfants contre leur pays : d'autres jeunes sont prêts à rejoindre l'État islamique, autant de bombes à retardement que Laureline, avec l'aide de Vanessa, va tenter de désamorcer.

Avec ce dernier tome, Frédéric Paulin clôt la trilogie Benlazar qui nous mènera de Tunis à Toulouse, de Lunel à Bengazi, dessinant la carte des nouveaux réseaux terroristes qui frapperont Paris en plein cœur au cours de l'année 2015.

 

L’auteur :

Frédéric Paulin écrit des romans noirs depuis presque dix ans. Il utilise la récente Histoire comme une matière première dont le travail peut faire surgir des vérités parfois cachées ou falsifiées par le discours officiel. Ses héros sont bien souvent plus corrompus ou faillibles que les mauvais garçons qu'ils sont censés neutraliser, mais ils ne sont que les témoins d'un monde où les frontières ne seront jamais plus parfaitement lisibles.

 

Editeur : Agullo (mars 2020)

Collection : Agullo noir

ISBN : 979-1095718734

 

à paraître - Agullo Éditions

Janvier 2011 : après l'immolation de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant poussé au désespoir par la misère et l'arbitraire, le peuple tunisien se soulève et " dégage " Ben Ali. C'est le début des " printemps arabes ", et Vanessa Benlazar, grand reporter, est aux premières loges.

http://www.agullo-editions.com



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Commentaires
P
Salut LauLo, rien à ajouter à ton avis sur ce roman remarquable, incroyable par son ambition largement réussie et dépassant nos attentes. Ce sera mon prochain coup de coeur. Le précédent m'avait aussi remué, ayant vécu les attentats du 11 septembre. celui ci rouvre une plaie mais m'a rendu plus intelligent. Ce qui est terrible, c'est l'explication de la situation actuelle qu'il esquisse. Une histoire sans fin à faire frémir. Amitiés
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