La forêt muette de Pierre Pelot
Avec Pierre Pelot, noir c’est noir, noir foncé et concentré sur moins de 200 pages.
La forêt muette est paru en 1998 aux éditions Verticales mais je vous présente ici la version poche parue chez Points en 2000. Vingt ans et je peux vous certifier que ce roman n’a pas pris une seule ride.
Prenez un village paumé et deux bûcherons, Diên et Charlie, qui travaillent dans un endroit au doux nom du Cul de la Mort.
Ajoutez une légende de la Dame de la mort, une histoire de soldats allemands disparus dans le coin, des ouvriers qui ont péri ou ont été blessés grièvement sur les rochers qui effleurent des buissons, une jeune femme apparue comme par magie que les deux bûcherons prennent pour un mirage en lisière de forêt et vous aurez un condensé de noirceur.
Et un jour tu vois la Dame de la mort, parce que la terre ne peut plus en supporter davantage. Elle ressemble, c’est sûr, à tout ce que tu peux imaginer de mieux. J’en ai connu qui disaient que c’était le signe d’une alliance, d’un pacte. Que celui qui voyait la Dame était à peu près sûr de s’en tirer vivant. Le fait est que moi je l’ai vue et je m’en suis sorti. Le fait est, aussi, que d’autres affirmaient avoir fait le pacte mais qu’ils se faisaient sauter la gueule en retournant un cadavre viet piégé à la grenade. A mon avis, ceux-là disaient qu’ils avaient vu la Dame pour se porter chance. Ils racontaient des blagues.
C’est (très) violent, les scènes sont pour le moins explicites mais l’écriture est incroyablement belle. Même si, à mon avis, ce roman reste un texte pour public, si ce n’est averti, en tout cas habitué à des textes abrupts et crus, il faut absolument l’avoir lu.
Elle ressemblait aux filles qui n’existent pas, elle parlait une langue inconnue… Elle s’était échappée d’un univers irréel, hors des frontières connues de leur monde, et le voyage avait été long, la fuite éprouvante… Au bout de cette escapade, il y avait Diên et Charlie, plutôt que n’importe qui d’autre, et le Cul de la Mort, plutôt que n’importe quel autre endroit…
C’est un roman que je n’ai vraiment pas pu refermer dès le premier chapitre terminé et j’en suis restée pantoise pendant un certain moment tant ce texte est puissant, sombre, cruel et au final totalement inattendu. Un dénouement tel que vous pouvez relire le roman et ça ne sera plus le même.
Il est impossible de parler davantage de l’histoire sans risquer de gâcher un futur plaisir de lecture et une réelle découverte.
Donc lisez-le et n’oubliez pas que les bons romans n’ont pas de date de péremption.
4ème de couverture :
Charlie et Diên sont bûcherons, et les seuls à accepter de travailler dans une zone de coupe réputée dangereuse et surnommée le Cul de la Mort. Ils y travaillent en silence, et dans une atmosphère pesante et oppressante... jusqu’à ce jour où débarque soudain une jeune femme, qui parle une langue qu’ils ne comprennent pas. Une apparition mystérieuse, qui laisse les deux hommes perplexes et incapables de comprendre s’il s’agit d’une illusion ou d’une véritable personne. Peu à peu, l’angoisse et le désir vont naître dans le cœur de ces deux hommes, risquant bien de les faire basculer dans la folie...
L’auteur :
Pierre Pelot est un type formidable, avec une pipe et des poils. Il fait partie de ces écrivains qui disposent d’une bibliographie impressionnante, et touche à tous les genres. Il a plus de 150 titres à son actif dont, entre autres : Delirium Circus (Denoël), Méchamment Dimanche (Héloïse d’Ormesson, Pocket), C’est ainsi que les Hommes vivent (Denoël, Livre de poche), Les chiens qui traversent la nuit (Rivages), Sous le vent du Monde (Denoël). Il est aussi l’auteur de L’été en pente douce (qui a été adapté au cinéma).
Editeur : Seuil (avril 2000)
Collection : Points
ISBN : 978-2020367387