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EVADEZ-MOI
19 février 2020

Le poids des morts de Victor Del Arbol

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Traduction de l’espagnol par Claude Bleton.

 

Ce mois-ci, les éditions Actes Sud ont eu la très bonne idée de publier le premier roman de Victor Del Arbol, jusqu’ici inédit en France, Le poids des morts.

Dans la préface, l’auteur dit qu’aujourd’hui, il n’écrirait pas cette histoire de la même façon. Je dois avouer que c’est un grand bien qu’elle n’ait pas été réécrite…

Je n’avais pas aimé son dernier roman Par-delà la pluie dans lequel, je l’avoue, je m’étais ennuyée.

Dans Le poids des morts, c’est tout le contraire. Plus court, plus rythmé, ce roman s’avère réellement passionnant.

On peut difficilement faire plus noir que ce texte, tragique du début qui commence par une exécution en 1945, jusqu’à la fin dont, bien évidemment, je ne vous dirai rien.

Dans ce roman, tout tourne autour de quelques personnages.

Lucia, tout d’abord. Lucia revient en Espagne de longues années après l’avoir quittée, suite à l’assassinat de son père par la milice d’après-guerre. Le général Franco est agonisant et la dictature franquiste vit ses derniers instants. Restent encore beaucoup de gradés de la police politique de Franco, brutaux, des assassins, des monstres et qui, par-dessus tout, n’oublient et ne pardonnent rien.

Ainsi, le commissaire Ulysse, dit le Moro.

La meute d’enfants se tut. Même le mendiant cessa de crier, seul dans sa posture tragique, pétrifié au milieu du bourbier. Tous regardaient le chapeau d’Ulysse, El Moro, ses chaussures noir et blanc, sa veste couleur ivoire. Tous savaient à quoi ressemblait un policier de la secrète.

Ce n’était pas une bonne nouvelle d’en voir dans le quartier. Les enfants se dispersèrent comme des sauterelles pour porter la mauvaise nouvelle dans les cloaques et les repaires des malfrats, et sous les porches des putains. La présence d’Ulysse, c’était la brise qui précède la tempête, secoue le feuillage et met en fuite les oiseaux. Drapé de nuit, tels les mauvais augures ou les péchés inavouables, il n’annonçait rien de bon.

Lucia, arrivée à Barcelone est pressée par un de ses amis d’enfance de rencontrer un vieil homme, interné depuis trente ans dans un asile psychiatrique. Cet homme semble détenir des secrets concernant le père de Lucia mais est aussi lié à un médecin, Nahum Marquez, exécuté en 1945 pour avoir empoisonné la femme d’un officier de Franco, Amelia.

Amelia se révèle le point central par qui tout arrive, une femme vénéneuse sans réellement le savoir.

Victor Del Arbol confronte dans ce texte le passé de Lucia et son présent, les faisant s’entremêler et liant sa destinée à celle de son pays pendant ces décennies d’horreurs, de meurtres, de terreur, de bourreaux agissant en toute légalité. Les castes se heurtent, riches et hauts gradés contre classes moyennes ou pauvres, les premiers n’hésitant pas à sacrifier les seconds. Rien n’a beaucoup évolué mais l’auteur se fait un peu le témoin de ce passé qui laisse un goût amer. L’écriture est belle et d’une noirceur extrême, sans fioritures inutiles.

C’est un roman que j’ai beaucoup aimé et une plume que j’aimerais retrouver, brute et originelle.

 

 

4ème de couverture :

Novembre 1975 : Lucía rentre à Barcelone après des années d’exil, accompagnée par les cendres de son père et par les fantômes qui avaient provoqué son départ. Le général Franco agonise et avec lui une Espagne décrépite et violente. Incarnant ce pays vénéneux qu’une atmosphère “fin de règne” incite plus encore à la terreur et à la suspicion, le commissaire Ulysse s’apprête à livrer la dernière bataille. Décidés à se délester du fardeau du poids des morts, le policier et la jeune femme convergent vers l’aile psychiatrique de la prison Modelo où un indigent, qui y vit reclus depuis trois décennies, semble détenir les clés de la rédemption. L’esprit de l’homme est perturbé mais quelques souvenirs fugaces viennent contredire les conclusions d’un drame qui s’est joué près de trente ans plus tôt.

Un vieux militaire inflexible, une belle épouse délaissée, un jeune médecin éperdument amoureux : autour de cette funeste trinité gravitaient aussi un terrifiant policier formé dans les bataillons coloniaux de Melilla et un pauvre bougre qui, par lâcheté, lui avait vendu sa petite fille. L’inévitable face-à-face entre ce policier et la femme que cet enfant est devenu renvoie chacun au mensonge “originel” sur lequel il a bâti sa vie.

 

L’auteur :

Victor Del Árbol est né à Barcelone en 1968. Après avoir étudié l'Histoire, il a travaillé dans les services de police de la communauté autonome de Catalogne. En France, son œuvre est publiée chez Actes Sud dans la collection Actes Noirs.

 

Le Poids des morts

On sent les angoisses rutilantes de l'homme contaminer ses mots et la grande histoire, un Guernica en prose, hacher les pages. On y est, on y croit. On plonge dans son livre comme dans un film d'épouvante, avec ce savant mélange de fascination et d'horreur. (...).

https://www.actes-sud.fr

 

 

Editeur : Actes Sud (février 2020)

Collection : Actes Noirs

ISBN : 978-2330129958

 

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