Population 48 de Adam Sternberg
Traduction de l’anglais par Charles Bonnot.
Paru en 2018 chez Super 8 éditions, j’étais complètement passé à côté et ne l’avait donc pas lu lors de sa sortie.
Heureusement, les éditions 10/18 l’éditent en poche ce mois-ci et si vous ne l’avez pas lu, n’hésitez pas un instant.
Le roman se déroule dans une sorte de huis clos, dans un enclos-village caché dans le fin fond du Texas. Caesura ou « Bling Town » a été créé huit ans auparavant par une mystérieuse fondation afin de permettre à des meurtriers mais aussi à des victimes de se cacher et de disparaître aux yeux de tous.
Ils sont 48, ils ont tous une raison d’être là, mais aucun ne la connaît puisque leur mémoire a été partiellement effacée.
Ils sont 48, puis 47, 46 … dès que commencent les meurtres.
Il est très difficile de parler des personnages ou de la trame de l’histoire sans en révéler trop.
Le texte est terriblement bien construit, les pourquoi, comment, qui, se révélant peu à peu.
Alors je me contenterai de souligner l’ingéniosité du scénario, les scènes d’action parfois très violentes.
C’est un roman qui commence dans une quasi sérénité pour de venir de plus en plus addictif et passionnant.
La trame est tellement bien construite qu’une fois happé, on ne peut le refermer jusqu’au final.
Ça parle de possibilité de rédemption, c’est profondément humain, c’est touchant et l’auteur réussit le tour de force de faire passer des monstres pour des enfants de cœur dont on prendra pitié et nous amènera à nous interroger sur la légitimité d’être un cobaye humain, juste parce qu’on a une dette envers la société.
C’est franchement un excellent roman, énergique et très bien mené.
Un extrait :
Elle les regarde quitter lentement la grande place l’air anxieux en parlant à voix basse de la réunion, de la nouvelle, de ce qui s’est produit et de ce qui n’est pas encore arrivé. Elle se demande ce que ça fait de s’arracher à tout ce que l’on connaît, à tous ceux que l’on aime, à tout ce que l’on a gagné, pour se condamner, par choix, à vivre dans un lieu où on a tout oublié. De se voir offrir la chance d’oublier toutes ses mauvaises actions. Quelque part, elle est presque envieuse.
Non pas que tout le monde ici ait eu le choix, bien sûr, elle le comprend aussi. C’est parfois la décision qui vient vous trouver. Parfois, la décision enfonce votre porte, elle vient vous réveiller dans votre cellule ou se présente en des termes froids dans une pièce totalement vide à l’exception de la table à laquelle vous êtes menotté et d’un avocat. Cette décision : une vie de peur dans une prison, à redouter de mourir dès qu’une ombre passe, ou une nouvelle existence, planqué ici et délesté de tous vos péchés, avec un nouveau nom, une nouvelle maison, de nouveaux voisins. Un choix qui vous est présenté dans un jargon juridique difficile à suivre, tandis qu’un représentant de l’Institut fait glisser vers vous une pochette argentée agrémentée d’un seul mot, inconnu, frappé sur la couverture : Caesura.
4ème de couverture :
Caesura Texas – une minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population ? 48 habitants. Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d'identité, et leur mémoire a été effacée. Pour leur bien. Dans l'optique d'un nouveau départ.
En échange de l'amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l'extérieur, aucun visiteur, et aucun retour possible en cas de départ. Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu'à aujourd'hui. Errol Colfax, en effet, s'est suicidé... avec une arme qu'il n'aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Calvin Cooper, le shérif local, est contraint de mener l'enquête. Ce faisant, il risque de déterrer des secrets que l'essentiel des habitants – y compris lui-même – auraient préféré voir rester enfouis. Trop tard pour faire marche arrière. Bientôt, un irrépressible déferlement de violence va s'abattre sur les rues poussiéreuses de Caesura...
L’auteur :
Journaliste (New York, GQ, Times, The Independant on Sunday...), ancien responsable des pages " Culture " du New York Times, Adam Sternbergh, qui a grandi à Toronto, vit aujourd'hui à Brooklyn avec sa famille. Il se décrit lui-même comme brillant ou méprisable – où peut-être les deux. Le Fossoyeur (Denoël), son premier roman, a figuré sur de nombreuses listes de prix à sa sortie.
Population : 48, de Adam STERNBERGH (Auteur). Tout le monde est coupable. Personne ne sait de quoi.
https://www.lisez.com
Editeur : 10 X 18 (janvier 2020)
Collection : Domaine policier
ISBN : 978-2264075031
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