Il était une fois dans l’Est d’Arpad Soltész
Traduction du slovaque par Barbora Faure.
Un des avantages pour nous, à l’Ouest, avec ce qu’on peut appeler l’ouverture des pays de l’Est, c’est qu’on a le bonheur de découvrir beaucoup de très bons auteurs.
Et nous avons également la chance de pouvoir découvrir ces textes grâce, entre autres, aux éditions Agullo.
En septembre est paru Il était une fois dans l’Est d’Arpad Soltész, un polar-roman noir-fresque incroyable de la Slovaquie des années 90 alors que les guerres que mènent les ex-républiques soviétiques pour sortir du joug russe font rage et déclenchent de vrais génocides.
L’auteur, avec ce polar ultra musclé et ultra viril, dénonce surtout la corruption qui gangrène la Slovaquie mais aussi la république Tchèque et tous ces autres pays qui ont émergé avec l’éclatement de ce qu’on appelait l’URSS. Une corruption de la police, des services secrets, des politiques, qui est exacerbée par le trafic d’êtres humains.
Que cela parle des passeurs concernant les exodes massifs de migrants vers l’Europe de l’Ouest, ou de la traite des blanches quand des jeunes filles, voir des gamines, sont enlevées en pleine rue pour être ensuite vendues à quelques proxénètes Tchèques, Bulgares, Roumains, Arpad Soltész n’a d’indulgence pour personne. Il nous démontre tous les liens qui relient toutes sortes de trafics depuis les petits rabatteurs, les trafiquants de cigarettes ukrainiennes, en passant par les douaniers aveugles, les passeurs, la police et les services secrets qui n’hésitent devant rien pour camoufler les transactions et empocher leurs parts, jusqu’aux avocats, juges et procureurs. La seule loi est celle de l’argent, le tout sous la bienveillance d’un gouvernement russe qui sait en tirer profit.
L’exode n’était pas une chose nouvelle, même en 1990, et un autre auteur parle également de migrants, 20 ans avant, Viliam Klimáček, dans Bratislava 68, dont je vous avais parlé ici :
Cette histoire, basée sur des personnages réels dont les noms ont été changés (dixit l'auteur), commence il y a cinquante ans. Il y a cinq décennies, des évènements se sont déroulés en Europe, telle qu'on la connait aujourd'hui, et qui ont changé beaucoup de choses sans que personne ne s'y intéresse à l'Ouest.
http://www.evadez-moi.com
Mais si Bratislava 68 délivre un message de tolérance, Il était une fois dans l’Est est sans concession car même une victime ne l’est jamais totalement dans un pays où vivre correctement devient compliqué et où les fossés qui séparent les classes sociales sont devenus des gouffres creusés par le capitalisme.
C’est un roman violent, parfois sulfureux mais par-dessus tout passionnant et instructif. La plume est acerbe, précise et corrosive. Un excellent roman.
4ème de couverture :
" En Slovaquie, les filles étaient jolies, la gnôle forte, les policiers faibles, les politiciens bon marché et les services secrets aveugles. "
Fin des années 1990, dans l'est sauvage de la Slovaquie. Veronika, 17 ans, est enlevée par deux hommes alors qu'elle fait du stop. Après l'avoir violée, les deux malfrats prévoient de la vendre à un bordel au Kosovo. Mais lors du transfert, la jeune fille s'échappe, puis porte plainte auprès de la police locale. C'est alors que les choses se compliquent : les kidnappeurs semblent bénéficier de protections haut placées, et l'enquête piétine... Aidée de Pavol Schlesinger, le journaliste qui raconte son histoire, Veronika tente d'échapper aux trois plus grands groupes criminels de l'époque : la police, la justice et les services secrets. Réfugiée dans un hôtel désert à la frontière ukrainienne, elle fait la connaissance du mystérieux Igor, qui l'initie à la fabrication des bombes. Car si elle ne peut obtenir justice, Veronika refuse de laisser impunis ses tortionnaires. Et la vengeance est un plat qui se mange froid...
L’auteur :
Arpád Soltész, né en Tchécoslovaquie en 1969, est l'un des journalistes slovaques les plus connus pour son travail sur le crime organisé en Slovaquie. Il a fondé et dirige le nouveau Centre slovaque pour l'investigation journalistique qui porte le nom de Ján Kuciak, son confrère assassiné en 2018. Tout ce qu'il ne peut pas écrire dans ses articles, il en fait des romans.
Il était une fois dans l'Est est son premier roman, lauréat du prix du Premier roman slovaque en 2017
Veronika, 17 ans, est enlevée par deux hommes alors qu'elle fait du stop. Après l'avoir violée, les deux malfrats prévoient de la vendre à un bordel au Kosovo. Mais la jeune fille s'échappe, puis porte plainte auprès de la police locale.
http://www.agullo-editions.com
Editeur : Agullo (septembre 2019)
Collection : Agullo noir
ISBN : 979-1095718642