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EVADEZ-MOI
29 novembre 2019

Le second disciple de Kenan Görgün

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Le terrorisme, c’est pas l’explication, c’est l’effet.

C’est peut-être la phrase qui en dit le plus sur ce roman.

Kenan Gorgun nous livre un roman choral laissant parler tour à tour Brahim et Xavier.

Brahim est l’un des responsables d’un attentat sur la Grande Place de Bruxelles ayant fait de nombreuses victimes. Libéré pour vice de procédure en conditionnelle, il tente de retourner à son ancienne vie et n’a en tête qu’une seule chose : comprendre pourquoi les autres membres de sa cellule djihadiste l’ont laissé tomber.

Xavier est issu d’un quartier défavorisé. Ancien militaire, il échoue en prison après une rixe dans un bar. C’est en prison que Brahim le convertit à l’Islam mais aussi à sa haine.

Quand il ressort de prison, il est devenu Abu Kassem, il a pris la tête de la cellule des anciens frères musulmans de Brahim et met sur pied l’attentat qui « en comparaison, le 11 septembre sera l’enfance de l’art ».

Tout parait simple mais rien ne l’est. Et ce texte va stimuler en vous empathie, sens de l’écoute, compréhension, acceptation mais va nécessiter un esprit d’ouverture rarement aussi sollicité qu’ici.

L’auteur offre des pistes pour, peut-être, un jour, parvenir, si ce n’est à arrêter, en tout cas limiter les actes terroristes.

Pour cela il faut comprendre deux choses essentielles qui sont que si la cause n’est pas traitée, l’effet restera et qu’il ne faut pas oublier que ces kamikazes sont aussi des hommes. C’est au travers de Xavier qu’on peut comprendre tout ça.

Ainsi les raisons qui expliquent (mais n’excusent bien évidemment pas) sont multiples :

En Belgique, un élève est aux arrêts pour avoir refusé de respecter une minute de silence. En Belgique, démineurs et forces spéciales se positionnent pour ce qui pourrait être un assaut ou une fausse alerte. En Allemagne, un réfugié irakien s’est vu refuser sa régularisation administrative. Un réfugié a disjoncté. Un réfugié a ouvert le feu dans un centre commercial. En France, dans un village, un curé s’est fait poignarder en plein office. Un homme de Dieu s’est fait suriner au nom de Dieu. Un camion fonce dans la foule. Boko Haram assassine deux cent étudiantes. L’Etat islamique décapite des chrétiens et des musulmans dont la tolérance à l’horreur a des limites. Des extrémistes chrétiens attaquent des mosquées, des extrémistes musulmans attaquent des églises. On incendie des enfants pour tuer les adultes qu’ils deviendront. Dans toutes ces informations, Xavier Abu Kassem entend la même chose : la méprise. La méprise se répète, s’amplifie, s’aggrave, tragique. La méprise est une maladie. Elle infeste une ville après l’autre. Elle dresse des peuples les uns contre les autres. Elle tue et fait tuer. Des âmes égarées croient servir Dieu. Des âmes perdues confondent le Jugement dernier avec leurs erreurs de jugement.

On parle de terrain propice, on parle d’ignorance et de non implication, de laisser aller, d’abandon.

Le seul espoir réside peut-être dans l’ambiguïté de ceux qui commettent l’irréparable.

Jekyll ne devient jamais Hyde à 100%. C’est essentiel pour comprendre :  Jekyll ne devient jamais Hyde à 100%, Hyde a encore Jekyll en lui. Comme une image mentale, et pareil à l’envers : il y a du Hyde en Jekyll. Histoire de tous les hommes. De la mauvaise conscience qui nous éprend tant qu’on vit : notre bonté gênée par ce soupçon de mal en nous, notre goût du mal entravé par un fond de bonté. Être un homme, c’est être ce déchirement.

Ce texte peut être perçu comme dérangeant mais la noirceur et la qualité de son écriture, n’ont d’égal que la puissance de son message qui, je l’espère en tout cas, vous amènera à y réfléchir à défaut de l’accepter et de le comprendre.

Pour moi, c’est une lecture indispensable et la plus marquante de cette année.

 

 

4ème de couverture :

Xavier Brulein, ancien militaire de retour du Moyen-Orient, est écroué après une rixe sanglante dans un bar. En prison, il rencontre Abu Brahim, prédicateur islamiste, l'un des cerveaux du terrible « attentat de la Grand-Place ». Seul membre de son réseau capturé, Brahim est convaincu d'avoir été sacrifié.

Converti avant sa remise en liberté, Xavier devient Abu Kassem, adoptant l'un des noms du Prophète de l'Islam. Il infiltre une cellule terroriste pour démasquer ceux qui ont trahi Brahim, devenant l'instrument de sa vengeance, un homme-machine que rien ne saurait faire dévier de sa mission : « En comparaison, le 11-Septembre sera l'enfance de l'art. »

 

L’auteur :

Kenan Görgün est un auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de scripts et de films... Mais rien n'est moins sûr : Kenan Görgün est une idée, et les idées circulent.

 

Editeur : Les Arènes (novembre 2019)

Collection : Equinox

ISBN : 978-2711201112

 

 

Le Second Disciple - les arènes

Xavier Brulein, ancien militaire de retour du Moyen-Orient, est écroué après une rixe sanglante dans un bar. En prison, il rencontre Abu Brahim, prédicateur islamiste, l'un des cerveaux du terrible " attentat de la Grand-Place ". Seul membre de son réseau capturé, Brahim est convaincu d'avoir été sacrifié.

http://www.arenes.fr



 

 

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