Portraits cannibales de Dominique Forma
Il n’existe qu’une seule règle au cinéma : il faut mentir pour séduire et ne jamais tout dire, mélanger les dates et souvent se tromper ; en toute innocence.
Il n’y a pas que le Noir dans la vie, quoi que…
Dominique Forma a pas mal de romans noirs à son actif, ne serait-ce que son dernier paru à La Bête Noire.
Mais Dominique est aussi un fin connaisseur de cinéma puisque scénariste et réalisateur.
Alors quand il s’associe avec Marest Editeur, une maison d’édition spécialisée dans les textes alliant littérature et cinéma, cela donne un livre regroupant deux nouvelles, à mi-chemin entre fiction et réalité, en tout cas la réalité que veut nous révéler l’auteur.
Une image repêchée sur internet ne véhicule d’autres secrets que ceux qu’on lui attribue.
Bonne fille, l’image numérique passe de main en main, procurant à chacun la satisfaction qu’il espère, en lui délivrant le message personnalisé et secret qu’il était venu chercher.
Dominique Forma nous présente ici Sophia Loren et Fritz Lang, une actrice vs un réalisateur, deux grands du cinéma du siècle dernier.
Sophia est élevée et modelée par sa mère qui rêve que sa fille ait la carrière qu’elle n’a pas réussi à avoir. Sophia est une battante et saura employer tous les moyens pour y arriver.
Les filles qui ont acquis des galons d’ancienneté savent que l’âme des hommes traîne au fond de leur pantalon.
L’auteur nous raconte la naissance de cette actrice, un peu comme une chenille devenue papillon et c’est touchant. Et comme il le dit lui-même :
Le reste est connu, banal, ennuyeux.
Le succès, la renommée. Les amants glorieux, forcément.
Sa légende est inscrite dans les livres qu’on ne lit pas et qu’on s’offre entre amis pour les fêtes de fin d’année.
Quant à Fritz Lang, c’est un homme ambitieux, très sûr de lui que nous présente l’auteur. C’est un homme également très seul avec pour seul ami Peter, qui restera à ses côtés jusqu’à la fin.
Il lui reste treize ans à vivre, à ne plus travailler, à ne plus jamais enregistrer un morceau de pellicule.
Le monde se rétrécit, tandis que le corps s’assèche et se plisse. Forcément, chaque instant est plus amer que le précédent.
L’argent s’est dispersé, les amis et les courtisans sont partis, la renommée s’est volatilisée ; il ne reste que des copies rayées de films exploitées dans de rares cinémas ; en somme, l’urgence d’être brillant n’existe plus.
Tel un roseau pensant, le vieil homme tangue sans jamais briser, car il lui reste un ami auquel s’agripper.
Un seul.
Peter.
Alors je ne sais pas pour vous mais quand on me parle de se battre pour un rêve, coûte que coûte, d’arriver au sommet, de faire avec les arrivistes, les profiteurs, les hypocrites, puis de tomber de haut et de finir seul, ou fou… pour moi, on reste dans le noir, version Cinecittà en noir et blanc.
Et comme j’aime beaucoup cette petite maison d’édition et cet auteur, que ces deux portraits sont passionnants et touchants, eh bien je vous conseille triplement d’être curieux (ça va devenir mon leitmotiv) et de partir à la rencontre de Sophia et de Fritz, chez Marest Editeur et sous la plume de Dominique Forma.
Présentation de l’éditeur :
Dans la Rome des années 1950, la jeune Sophia est élevée par sa mère, strictement, et dans la promesse d’un grand destin. Après-guerre, l’argent est rare, et la future actrice découvre, dans les sombres recoins de Cinecittà, les heures moins glorieuses mais plus secrètes du cinéma italien. Berlin, les années 1920, un film éveille l’intérêt général : Le Cabinet du Dr Caligari. Le jeune Fritz Lang est ambitieux, il cherche sa voie, passant des lieux de débauche aux conquêtes amoureuses. Il a, pour seul confident, un mystérieux ami.
C’est en toute liberté que Dominique Forma nous offre sa vision très personnelle de ces deux icônes du cinéma. Avec cet ensemble de nouvelles, ponctué par un hommage à Andréa Ferréol, l’auteur détourne la réalité, et nous la rend déformée et teintée d’un érotisme noir.
L’auteur :
Dominique Forma, né en 1962 à Puteaux, est un scénariste, réalisateur et écrivain franco-américain. Il quitte Paris et s’installe à Hollywood en 1991, où il devient music supervisor pour plusieurs films, dont L’Extrême Limite de James B. Harris. Il se lance alors dans l’écriture et la réalisation de La Loi des armes (Scenes of the Crime) avec Jeff Bridges, Noah Whyle et Peter Greene.
De retour en France en 2007, Dominique Forma écrit un premier roman chez Fayard, avant d’être repéré par François Guérif qui le publie chez Rivages dans la collection Rivages/Noir. Il poursuit cette carrière chez différents éditeurs (La Manufacture de livres, Robert Laffont).
Editeur : Marest Editeur (Octobre 2019)
ISBN : 9791096535187
Dans la Rome des années 1950, la jeune Sophia est élevée par sa mère, strictement, et dans la promesse d'un grand destin. Après-guerre, l'argent est rare, et la future actrice découvre, dans les sombres recoins de Cinecittà, les heures moins glorieuses mais plus secrètes du cinéma italien.
http://www.marestediteur.com