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EVADEZ-MOI
22 juillet 2019

La transparence selon Irina de Benjamin Fogel

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En principe, les romans d’anticipation ou de SF sont absents de ce site.

En théorie, j’ai tendance à préférer des romans plus dans notre réalité ou dans notre passé.

En pratique, Benjamin Fogel nous propose ici un roman d’anticipation, mâtiné de thriller et totalement d’actualité.

Quoique niveau anticipation, l’auteur ne situe pas son roman bien loin, à peine 40 ans.

Big Brother est finalement là et la référence à George Orwell est clairement présente dans ce texte puisque non seulement le thème est la transparence totale de toutes les informations concernant chaque personne par le biais du Réseau, mais une utilisation d’une novlangue y est de plus présente.

Il existe des dizaines de termes pour qualifier le positionnement des gens par rapport au Réseau : les rienacas, les rienacalistes, les nonymes, les nonistes, les vifistes, les airlai, les fouineurs ; une litanie de novlangue. Mais il n’en existe aucun pour les gens qui, comme moi, s’en foutent.

Si vous ne connaissez pas 1984 d’Orwell, je vous encourage à le lire, mais juste après La transparence selon Irina 😊

Une sorte d’hyper réseau social qui aurait englouti toutes vos applis actuelles : Facebook, Twitter, Insta, WhatsApp, etc… Pucés dès votre naissance, rien de ce qui vous concerne n’est secret pour personne et chacun ne vit qu’au travers de ce Réseau.

Avouez que si l’action se déroule dans 40 ans, aujourd’hui on n’en est pas très loin, surtout quand vous passez beaucoup (trop) de temps sur les réseaux sociaux où vous partagez les photos de vos bambins, les dates et lieux de vos vacances, vos derniers résultats médicaux. Ça ne vous rappelle rien ?

Elle se souvient de cette époque où les gens s’exposaient sur les réseaux sociaux, non pas dans une logique de transparence, mais au contraire avec le désir d’offrir une vision fantasmée de leur vie.

Irina est une des stars de ce Réseau, suivie par des milliers de personnes, de fans. Elle a un avis sur tout et ne supporte aucune contradiction.

Son « bras droit », fidèle et dévouée, c’est Camille qui oscille entre défenseuse de la transparence et adepte du « nonyme », se créant pseudos et autre vie pour écumer les bars sans être affichée sur son profil. Proche des Obscuranets, un groupe d’activiste refusant de se plier au Réseau, ses convictions commencent à vaciller lorsque son ami Chris, policier chargé de les traquer est assassiné. Tiraillée entre son amour pour Irina et son désir de liberté Camille va devoir faire des choix.

Benjamin Fogel tire donc la sonnette d’alarme sur ces réseaux qui ne nous veulent pas que du bien, leurs dangers pour des personnes fragiles, leurs méfaits car peuplés de personnes agressives qui s’en servent de défouloir, mais aussi dangereux car pouvez-vous être sûr de qui est de l’autre côté de l’écran ?

Pour Irina, les systèmes informatiques sont une projection de la psyché humaine et le Réseau a émergé pour justifier l’inavouable, à savoir que nous ne supportons plus de vivre ensemble. Nous aurions, selon elle, créé un cadre où nous pourrions continuer de vivre ensemble, tout en restant à l’écart des autres.

 

La transparence selon Irina est plus qu’un roman, c’est une réflexion approfondie sur nos comportements actuels et ce qu’il va (risque de) se passer dans les années à venir que cela soit au niveau humain ou même politique. Un roman à lire et à conseiller, même s’il n’est pas sûr que nous puissions arrêter la machine.

PS spécial Benjamin : je crois que tu as été très large avec tes 40 ans, ou très optimiste.

 

 

4ème de couverture :

2058 : le monde est entré dans l’ère de la transparence. Les données personnelles de chacun sont accessibles en ligne publiquement. Il est impossible d’utiliser Internet sans s’authentifier avec sa véritable identité. Pour préserver leur intimité, un certain nombre de gens choisissent d’évoluer sous pseudonyme dans la vie réelle.

Sur le réseau, Camille, 30 ans, vit sous l’emprise intellectuelle d’Irina Loubowsky, une essayiste controversée qui s’intéresse à l’impact de la transparence sur les comportements humains. Dans la réalité, Camille se fait appeler Dyna Rogne et cultive l’ambiguïté en fréquentant un personnage trouble appelé U.Stakov, aussi bien que Chris Karmer, un policier qui traque les opposants à Internet. Mais Karmer est assassiné. Entre cette mort brutale et le mystère qui entoure Irina, Camille remet en question sa réalité mais reste loin de soupçonner la vérité.

 

L’auteur :

Benjamin Fogel est le cofondateur des éditions Playlist Society qui publient des essais culturels sur le cinéma, la musique et la littérature.

La transparence selon Irina, qui parait chez Rivages cette année, est son premier roman qu’il présentera au festival Toulouse Polars du Sud du 11 au 13 octobre 2019.

 

Benjamin Fogel - "La Transparence selon Irina"

 

La transparence selon Irina | Rivages

2058 : le monde est entré dans l'ère de la transparence. Les données personnelles de chacun sont accessibles en ligne publiquement. Il est impossible d'utiliser Internet sans s'authentifier avec sa véritable identité. Pour préserver leur intimité, un certain nombre de gens choisissent d'évoluer sous pseudonyme dans la vie réelle.

https://www.payot-rivages.fr



Editeur : RIVAGES (mars 2019)

Collection : Rivages/Noir

ISBN : 978-2743646387

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