Le mort était trop grand de Luis Miguel Rivas
Traduction d’Amandine Py.
Amandine Py est la traductrice, entre autres, d’Alexis Ravelo, un auteur que j’adore. Quand elle était en pleine traduction de ce roman, elle a commencé à m’en parler puis me l’a conseillé quand il est paru. Et elle a bien fait !
Ce roman, assez inclassable s’il faut coller une étiquette, est un vrai petit bijou.
Comment parler de la violence des gangs en Colombie ?
Comment parler de corruption et d’extorsion ?
Comment parler de ces gamins utilisés pour poser des bombes ou perpétrer des meurtres à la place des caïds en les sacrifiant la plupart du temps ?
Enfin, comment parler de la misère ?
Luis Miguel Rivas y arrive avec un réel génie de cynisme et d’humour.
Il a su créer des personnages décalés, attendrissants, un peu pathétiques aux entournures mais qui ont tous, quel que soit leur rôle, des qualités et des défauts.
Ici, pas de héros, mais des jeunes qui rêvent de fringues de marque, de moins jeunes qui rêvent d’être enfin remarqués par « Le Patron », et de plus âgés qui ont grandi ensemble et s’entre-tuent à présent.
Le style est aussi remarquable et apporte encore un plus à cette histoire. L’auteur réussit le tour de force d’écrire des phrases longues de plusieurs pages donnant au texte le ton d’un récit relaté à bout de souffle. C’est impressionnant et il faut dire que la traduction est parfaite.
Découvrez ces anti-héros ordinaires, riez et pleurez avec eux, laissez vous porter par cette plume originale et incisive, le tout avec un tango en fond sonore.
4ème de couverture :
À Villeradieuse, c’est le tout puissant don Efrem qui dicte les règles. Lorsqu’on travaille pour le Patron, l’argent coule à flots et la vie semble facile. Sauf quand on vous retrouve criblé de balles bien sûr, et qu’un ami aperçoit vos chaussures dépasser du fourgon prêt à partir pour la morgue. Celles de Chepe étaient vertes – Manuel ne peut pas les oublier – et identiques à celles que porte le jeune homme accoudé au bar à côté de lui. Incapable de penser à autre chose que ces mocassins, Manuel aborde alors leur propriétaire, et ce dernier, après quelques verres, lui avoue qu’il a une excellente adresse pour se fournir en vêtements de marque : la morgue. Les mocassins verts sont bien ceux de Chepe, et Manuel se trouve embarqué dans la combine.
Seul problème lorsqu’on achète ses habits dans les chambres froides : le mort est parfois trop grand, et ses assassins trop idiots. Manuel a emprunté les habits du mauvais cadavre et se retrouve ainsi poursuivi par deux hommes de main de don Efrem, persuadés d’avoir aperçu le fantôme de l’homme qu’ils venaient d’abattre. Ou peut-être a-t-il survécu ? Le Patron ne peut se permettre ce genre d’approximations, le problème doit être réglé au plus vite, d’autant que lui-même a d’autres préoccupations bien plus importantes en ce moment : séduire l’inaccessible Lorena. Elle est cultivée, délicate, il va devoir mettre toutes les chances de son côté. En prenant des cours de culture générale par exemple. À Villeradieuse, on est prêt à tout pour plaire – découvrir les règles du savoir-vivre et même dépouiller les morts.
L’auteur :
Né à Cartago, en Colombie, Luis Miguel Rivas est écrivain, librettiste et producteur de cinéma. Auteur de deux romans, il a été désigné en 2011 par la Foire Internationale du Livre de Guadalajara (Mexique) comme l’un des « 25 secrets les mieux gardés d’Amérique Latine ».
Découvrez un extrait sur le site de l’éditeur.
- Editeur : Grasset (avril 2019)
- Collection : En lettres d'ancre
- ISBN : 978-2246817390