Les Prémices de la chute de Frédéric Paulin
En septembre 2018, on a pu découvrir le premier auteur français des éditions Agullo : Frédéric Paulin. Son roman, La Guerre est une ruse, premier volet d’une trilogie était finaliste du prix des Chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud.
Frédéric Paulin nous offrait alors une fresque remarquable sur l’Algérie du début des années 90 quand le monde bascula dans le terrorisme et l’intégrisme. Profondément politique et factuel, ce premier volet tenait plus du roman d’espionnage, dressant le portrait d’une Algérie meurtrie et rongée de l’intérieur.
On y faisait la rencontre de Tedj Benlazar, un franco-algérien travaillant pour la DGSE et se lançant dans une chasse aux preuves pour convaincre les responsables de la DGSE et de la DST d’une possible « exportation » des actes terroristes.
Dans le second volet de la trilogie, Les Prémices de la chute, on retrouve Tedj en plein conflit serbo-croate, exilé par ses supérieurs. La Bosnie et la Serbie sont devenues un vivier pour terroristes venant d’Afghanistan où ils ont suivi des entrainements dans les camps de ce qu’on appelle déjà Al-Qaïda, commandé par un certain Ben Laden.
Nous sommes en 1996 et des attentats ont secoué la France et le monde : en 1993, un premier attentat contre le World Trade Center, 1994 un vol Air France est détourné par des membres du GIA, entre juillet et octobre 1995, 8 attentats touchent la France.
Reïf Arno est journaliste. Alors qu’il couvre un braquage à Roubaix, il pressent qu’il ne s’agit pas de vulgaires malfrats et crie haut et fort que les braqueurs reviennent de Serbie où ils faisaient partie des Moudjahidine.
Laureline Fell, petite amie de Tedj Benlazar et officier de la DST, prend l’affaire en main avec quelques doutes sur le bienfondé des théories d’Arno.
Disséquant la période de 1996 à 2001, Frédéric Paulin tente de décortiquer les tentacules d’Al-Qaïda en reprenant la plupart des personnages du premier tome, certains prenant une ampleur inattendue mais salutaire et d’autres disparaissant.
Si certains ont pu trouver un peu de confusion par le trop d’informations du premier tome, ici tout est extrêmement limpide. L’auteur s’attache beaucoup plus à ses personnages et leurs relations familiales ou sentimentales ce qui enlève un peu de l’asepsie que pouvaient avoir certains chapitres dans le précédent roman. Le romanesque s’allie au sensationnel pour faire des Prémices de la chute un roman exceptionnellement réussi, tant au niveau de l’histoire que des personnages avec un style qui a perdu de sa raideur pour le plus grand plaisir du lecteur.
Je n’attends plus qu’une seule chose de Frédéric Paulin : le dernier volet de cette trilogie.
4ème de couverture :
Janvier 1996. Dans la banlieue de Roubaix, à Croix, deux malfrats tirent à l'arme automatique sur des policiers lors d'un banal contrôle routier. Riva Hocq, lieutenant au SRPJ de Lille, est sur les dents. Qui sont ces types, responsables de plusieurs braquages, qui n'hésitent pas à arroser les flics à la kalachnikov ? Quand un journaliste local, Réïf Arno, rebaptise le gang de Roubaix " les ch'tis d'Allah ", affirmant qu'ils ont fait leurs armes en ex-yougoslavie dans la fameuse Brigade Moudjahidine, la DST entre en jeu. Et c'est Laureline Fell qu'on retrouve aux manettes. Depuis la mort de Kelkal, elle continue tant bien que mal de démêler l'écheveau des réseaux islamistes en France ; ces ch'tis qui se réclament du djihad, ça l'intéresse. Sa hiérarchie, beaucoup moins, mais Fell a un atout secret : Tedj Benlazar est en poste à Sarajevo, d'où il lui fait parvenir des informations troublantes (et confidentielles) sur certains membres de la Brigade et leurs liens avec Al-Qaïda. Cette organisation et son chef, Ben Laden, ne sont encore que de vagues échos sur les radars des services secrets occidentaux, mais Benlazar a l'intuition que le chaos viendra de là-bas, des montagnes d'Afghanistan. Et si personne ne veut le croire, il est prêt à franchir quelques lignes rouges pour dessiller les yeux de ses chefs, quitte à manipuler un certain journaliste...
De la Bosnie aux grottes de Tora Bora, de Paris à Tibhirine, de Roubaix à New-York, la violence des fous de dieu contamine les cœurs et empoisonne les esprits de ceux qui la propagent... comme de ceux qui la combattent.
L’auteur :
Frédéric Paulin écrit des romans noirs depuis presque dix ans. Il utilise la récente Histoire comme une matière première dont le travail peut faire surgir des vérités parfois cachées ou falsifiées par le discours officiel. Ses héros sont bien souvent plus corrompus ou faillibles que les mauvais garçons qu'ils sont censés neutraliser, mais ils ne sont que les témoins d'un monde où les frontières ne seront jamais plus parfaitement lisibles.
Varsovie, un samedi à l'aube. Le corps d'un homme d'affaires est retrouvé pendu au pont de Gdansk - le ventre déchiré, les mains attachées derrière le dos et une cacahuète à la main. L'inspecteur Mortka, de retour à Varsovie après ses quelques mois de purgatoire, est chargé de l'enquête.
http://www.agullo-editions.com
Editeur : Agullo (mars 2019)
Collection : Agullo Noir
ISBN : 979-1095718567