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EVADEZ-MOI
2 mai 2019

Dans l'ombre du brasier d'Hervé Le Corre

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Ce qu’on a essayé de faire, ça servira de modèle et ce qu’on a raté ça servira de leçon.

 

J’ai souvent dit que je n’aime pas les romans historiques. Parce que je n’aimais pas les cours d’Histoire au lycée, parce que l’Histoire c’est du passé, c’est fini. Il a fallu des années avant que je ne redécouvre l’Histoire au travers de la littérature. Alors bien sûr pas tout en détail mais certains volets. Et pour finalement réaliser que non, rien ne reste dans le passé, que tout ce qui est arrivé a eu une influence sur comment nous vivons maintenant.

Avant de vous parler de ce roman époustouflant, pour ceux qui ont souvent séché les cours comme moi, une petite remise en situation :

1871 : la Commune de Paris

Dans ce roman, Hervé Le Corre nous ramène fin mai 1871, au cœur de la semaine sanglante qui signera la fin de la Commune, insurrection parisienne qui a duré deux mois.

Dans un décor de guerre civile fratricide, au cœur d’un Paris s’écroulant sous les coups de canons, où fleurissent des barricades, où l’air sent la poussière, les cendres et le sang, l’auteur déploie une enquête policière et des personnages emplis de courage, de persévérance, de conviction et d’abnégation.

Ainsi nous faisons la connaissance de Caroline qui œuvre en tant qu’infirmière dans les « ambulances » installées au cœur des combats. Quand elle est enlevée, puis enfermée dans une cave, par un homme qui revend les femmes qu’il séquestre pour des photos destinées à quelques pervers fortunés, son fiancé, Nicolas, communard, se lance à sa recherche avec ses amis Adrien et Le Rouge.

Antoine Roques, policier de la Commune, alerté de plusieurs enlèvements de jeunes filles par toujours le même individu, part aussi à la recherche de Caroline qui se retrouve emmurée dans son cachot sous des décombres après un énième bombardement.

Toute l’action se déroule sur les dix derniers jours de cette guerre, cette si tristement célèbre semaine sanglante. Au travers de cette course contre la montre pour retrouver Caroline, c’est aussi celle des combattants qui, réalisant que tout est fichu, s’obstine à se battre, à se sacrifier, pour ce en quoi ils croient, pour sauver ce qui peut être sauver, laisser les fondations de la lutte et de la liberté à leurs enfants.

Le décor, le contexte historique, les personnages et la trame de ce romans sont tout bonnement incroyables, magnifique tout comme l’est l’écriture. On pressent que la documentation a été minutieuse et on se retrouve dans une bulle spatiotemporelle dès qu’on commence ce livre. C’est beau, tragique, puissant et passionnant.

 

L’extrait :

Il sait que l’insurrection sera vaincue, que cette parenthèse inespérée sera bientôt refermée. Il n’empêche. Cette ville a un génie unique pour la révolte et la révolution. On l’a affamée, bombardée, humiliée, et quand les importants la croyaient morte elle s’est redressée, rebelle, généreuse, défiant le vieux monde et appelant, par-delà les remparts assiégés, au salut commun et à la république universelle. Roques laisse tourner dans son esprit les grands mots qui disent les grandes idées et ce manège lui fait du bien, rapide, rafraîchissant. Pas question de quitter cette cité de tous les lendemains, surtout en ce moment. Ce serait faire comme ces salauds qui abandonnent leurs femmes quand elles sont grosses ou sur le point d’accoucher. Il ne sait pas ce que la Commune engendrera, il ne sait pas quels petits, une fois terrassée, elle laissera à l’Histoire. Mais il faut être là. Avec Paris. Peut-être parce qu’un tel prodige ne peut s’accomplir qu’ici : montrer au monde travailleur des humbles et des opprimés la voie à suivre. Laisser derrière soi, peut-être, des enfants rouges qui feront fructifier l’héritage.

 

 

4ème de couverture :

A Paris, pendant les dix derniers Jours de la Commune. Dans les rues de la ville bombardée où se dressent des barricades, le mal rôde. Des jeunes femmes disparaissent, enlevées par un personnage aussi pervers que repoussant. Parmi elles, Caroline, la bien-aimée du sergent Nicolas Bellec qui combat dans les rangs des Communards. Antoine Roques, promu au rang de "commissaire" de police par la Commune, enquête sur l'affaire. Mû par le sens du devoir, il se lance à la recherche de la jeune femme, bravant les obus, les incendies, les exécutions sommaires... Et tandis que Paris brûle, Caroline, séquestrée, puis "oubliée" dans une cave parmi les immeubles effondrés, lutte pour sa survie. C'est une course contre la montre qui s'engage, alors que la Commune est en pleine agonie.

 

L’auteur :

Hervé Le Corre est l'une des grandes voix du roman noir français contemporain. Il a remporté tous les grands prix de littérature policière. Prendre les loups pour des chiens et Après la guerre ont connu un grand succès public et critique. Ils ont été traduits en plusieurs langues. Hervé Le Corre vit dans la région de Bordeaux, cadre de plusieurs de ses romans.

 

 

 

Dans l'ombre du brasier | Rivages

La "semaine sanglante" de la Commune de Paris voit culminer la sauvagerie des affrontements entre Communards et Versaillais. Au millieu des obus et du chaos, alors que tout l'Ouest parisien est un champ de ruines, un photographe fasciné par la souffrance des jeunes femmes prend des photos "suggestives" afin de les vendre à une clientèle particulière.

https://www.payot-rivages.fr



 

Hervé Le Corre - Dans l'ombre du brasier

 

Editeur : Rivages

Collection : Rivages Noir

ISBN : 978-2743645847

 

 

Commentaires
S
C'est vrai ! En fait, j'ai lu "Traverser la nuit" avant et, du coup, je me suis intéressé à ces livres précédents. Je crois que je vais continuer à explorer la veine... Encore merci pour vos lectures ! Bien cordialement,
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S
Bonjour et merci pour cette chronique ! Je viens juste d'achever ce roman et il a réussi à me transporter pendant la Semaine sanglante. On sent que l'auteur a réalisé un important travail de recherche historique qui lui permet d’offrir un décor apocalyptique au développement d’une intrigue tout aussi efficace. J’en sors un peu groggy et surtout très ému. Un grand moment de lecture !
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