Les Mains Vides de Valerio Varesi
Traduction par Florence Rigollet.
Un nouveau roman de Valerio Varesi, je l’attends toujours avec impatience. En commencer un, c’est avoir l’impression de retrouver un vieil ami. C’est retourner en Italie et partager quelques heures avec Soneri, Colombo transalpin, auquel on s’est attaché.
Je commencerai par vous parler du décor et de l’ambiance, deux choses particulièrement importantes dans ces polars.
Après un décor brumeux et pesant dans Le Fleuve des Brumes où l’auteur nous faisait naviguer sur le Pô, après Les Ombres de Monteluppo où Valerio Varesi nous contait la montagne dans le froid et une impression de noirceur oppressante, nous voici dans Parme, en pleine canicule. Il fait chaud, c’est poisseux, l’impression de manquer d’air.
L’auteur sait jouer les tour-operators en créant, à chaque fois, une ambiance différente mais tellement bien instaurée qu’on la ressent par tous les pores de la peau.
Dans Les Mains Vides, Soneri fait face à une enquête pour homicide très complexe où se mêlent trafic de drogue, trafic d’influence, pègre, prostitution et bien sûr argent. Le flair du commissaire n’a pas pris une ride depuis sa dernière enquête et c’est encore un scenario parfaitement cohérent, tout en finesse et intelligence auquel nous avons à faire.
Même s’il s’agit d’un quatrième volet des enquêtes de Soneri, chaque roman peut être lu indépendamment des autres et si des personnages sont récurrents, à l’image de Angela, la petite amie du commissaire, ils sont remis en situation et la lecture n’est jamais entravée par des rappels des tomes précédents.
Le style reste le même, sur un tempo tranquille même s’il est un petit plus rapide que dans les autres opus. On savoure, on prend son temps pour démêler cette enquête, on flâne, parce qu’on veut, finalement, rester encore un peu plus longtemps avec ce personnage, cette écriture, ce talent.
Il y a des polars qui ne sont que surface, qui misent tout sur le flic bourrin et les scènes d’action avec des scénarios vides et sans intérêt. Et puis il y a les polars de qualité, avec du fond, où les différentes étapes pour résoudre l’enquête ne sont pas survolées, avec un décor et une ambiance, avec des personnages tout en qualités et imperfections et avec une écriture qui a du style. Les Mains vides fait partie de cette deuxième catégorie.
Un extrait :
Le ciel s’assombrit et tonna au loin sa rancœur tandis que le commissaire traversait le centre. L’air n’en demeurait pas moins irrespirable, compressé entre l’asphalte et les nuages bas. La sensation de vide qu’il avait éprouvée en présence de Gerlanda continuait de l’assaillir sans relâche lorsqu’il entendit les notes bouleversées de Gondo alterner avec le tonnerre. Ses accords étaient sporadiques et ne suivaient pas le tempo de la mazurka de Migliavacca, ils donnaient l’air d’être joués par des mains arthritiques. Gondo était devenu un musicien amnésique, on lui avait volé son vieil accordéon et du même coup, sa mémoire.
4ème de couverture :
" Vous parlez comme un curé ou un communiste. Vous pensez vraiment que les gens la veulent, la liberté ? "
"Les mains vides" est le quatrième volume des enquêtes du commissaire Soneri, désormais bien connu des lecteurs français. Valerio Varesi continue avec maestria à arpenter les rues de Parme, les bas-fonds et l'histoire tourmentée.
La chaleur humide et gluante du mois d'août à Parme reflète la situation du commissaire Soneri, aux prises avec une affaire poisseuse. Francesco Galluzzo, un marchand du centre, a été battu à mort dans sa maison par des agresseurs inconnus. Le vol semble un motif évident, mais les premières investigations pointent plutôt vers une " leçon " qui s'est mal terminée. D'autres recherches conduisent le commissaire à un usurier connu, Gerlanda, à qui la victime devait de l'argent. Mais la vérité a mille visages, et Soneri trébuche bientôt sur une piste qui sent la cocaïne. Peu à peu, le policier réalise que la mort de Galluzzo ne représente qu'un détail, un détail presque insignifiant dans une image plus grande où la vraie victime est la ville elle-même. Un nouveau type de criminels, déguisés en sociétés financières et immobilières irréprochables, a remplacé la vieille garde, composée de gars comme Gerlanda, tout juste bon, désormais, pour la retraite. Avec amertume, Soneri ne peut que constater que sa chère ville de Parme s'est perdue : elle a remplacé Dieu par Mammon, idole toute-puissante qui ne vit que pour l'instant présent, et ne refuse pas quelques sacrifices... humains ?
prix Violeta Negra 2017 pour La Pension de la via Saff
L’auteur :
VALERIO VARESI est né à Turin le 8 août 1959 de parents parmesans. Diplômé en philosophie de l'Université de Bologne, journaliste notamment à La Stampa et La Repubblica, il est l'auteur de treize romans mettant en scène le commissaire Soneri, dont Le Fleuve des brumes, La Pension de la via Saffi et Les Ombres de Montelupo parus aux éditions Agullo. Les enquêtes du commissaire Soneri, amateur de bonne chère et de bons vins parmesans, sont traduites en huit langues.
Editeur : Agullo (avril 2019)
Collection : Agullo noir
ISBN : 979-1095718543