Train d'Enfer de Trevor Ferguson
Petite incursion dans le grand Nord Américain, au Canada avec Train d’Enfer de Trevor Ferguson, traduit par Ivan Steenhout.
Le début de la lecture fut un peu compliqué. Cette traduction de l’anglais en français Québécois demande un certain temps d’adaptation et certains mots et expressions peuvent décontenancer. Au bout de quelques chapitres qu’on lirait presque avec l’accent, on s’habitue et cela donne une petite touche locale très très agréable au final.
Mais parlons de l’histoire.
Martin est un jeune homme qui rejoint un chantier de construction de chemin de fer en tant que contrôleur. Son travail consiste en vérifier les heures que font les ouvriers, les consigner, afin que leur paie reflète le travail effectué.
Ce chantier est dirigé par Fisk qui sème la terreur parmi les ouvriers.
Martin découvre rapidement que dans les bois avoisinants, des hommes vivent, réduits à l’état de bêtes sauvages, les craqués. Quand Fisk le chasse, Martin découvre alors qu’il s’agit d’anciens ouvriers bannis par Fisk.
Ce roman, en plus d’être superbement écrit, est un cri de révolte contre les conditions de travail subies par les laissés pour compte, les délinquants, les déficients mentaux qui servaient de main d’œuvre plus qu’exploitée sur ces chantiers. Un travail dur, ingrat, une pitance maigre en échange mais aussi des contre-maîtres cruels.
Rien à voir avec le bien ou le mal. C’est ainsi que va le monde. On doit toujours avoir des gens plus bas que soi. Quand on a des gens plus bas que soi on fait tout son possible pour garder la position qu’on occupe. C’est la théorie. Elle prévaut dans le coin. Je vais te dire une chose. Cette théorie a un certain mérite. Comme je ne souhaite pas être expulsé chez les craqués je travaille avec l’équipe supplémentaire de poseurs de rails alors que je pourrais être à la cuisine ou n’importe où ailleurs sur la terre. Tout ce qu’il me reste à espérer c’est que Fisk me laisse embarquer dans le prochain bus pour le Sud.
C’est aussi une grande leçon de survie, d’entraide, de fraternité. Malgré que ce roman ait une trame dramatique très noire, parfois inhumaine et bestiale, on trouvera de l’espoir et de la force, de la ténacité et beaucoup d’intelligence dans le personnage de Martin, héros malgré lui.
Ecrit en 1995, ce roman tient plus d’un roman des années 50, voir plus tôt, par son style et ses personnages. Roman d’aventure et roman sociétal, parfois violent, un curieux mélange de Steinbeck et de James Dickey avec une touche de Norman Maclean.
Pour les amoureux de la littérature américaine, un petit trésor à (re)découvrir aux éditions 10/18 ou en grand format chez Pleine Lune si vous le trouvez.
4ème de couverture :
1964. Aux confins de la taïga, des ouvriers construisent le chemin de fer du Grand-Lac-des-Esclaves dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est une véritable ruée vers l'or. Et l'occasion de s'en mettre plein les poches, pour quelques-uns. Sortis des asiles ou des prisons, coupés de la civilisation, ces esclaves de l'ère moderne peinent et suent sous la férule d'un contremaître véreux que Martin Bishop, le jeune contrôleur, osera défier au péril de sa vie quand sonnera l'heure de vérité. Ce roman mené à un train d'enfer est une vertigineuse plongée dans un monde rude et halluciné où la crainte des lois ne balise plus la conduite des hommes.
L’auteur :
Trevor Ferguson est l'auteur de six romans, dont cinq ont été traduits en français à la Pleine Lune sous les titres : La Vie aventureuse d'un drôle de moineau, Onyx John, Train d'enfer, La Ligne de feu et Le Kinkajou. Il est également l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont la pièce Le Pont, qui est aussi parue à la Pleine Lune, accompagnée de sa version originale en langue anglaise : Long, Long, Short, Long. Il a également publié deux thrillers sous le pseudonyme de John Farrow Reconnu par la critique comme l'un des meilleurs romanciers de sa génération, Trevor Ferguson a reçu en 1996 le prestigieux prix Hugh-MacLennan. Ses livres sont parus dans plus de quinze pays.
Ce roman est maintenant adapté au cinéma sous le titre L'HEURE DE VÉRITÉ, un film de Louis Bélanger, et je vous invite à visionner la bande annonce qui vous donnera une idée très précise de l’ambiance de cette histoire.
L'Heure de vérité (Louis Bélanger) - Bande annonce
- Editeur : 10 X 18 (novembre 2018)
- Collection : Littérature étrangère
- Traduction : Ivan Steenhout (Anglais Canada)
- ISBN: 978-2264068644