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EVADEZ-MOI
4 janvier 2019

Ils se noieront dans les larmes de leurs mères de Johannes Anyuru

41ABYMUaFAL

 

 

Traduction d'Emmanuel Curtil.

Ce récit s’adresse à toi qui ignores encore que la folie finit toujours par devenir la norme et la norme, la folie.

Après le grand Ouest Américain avec La Danse de l’Ours, direction la suède avec ce roman totalement inclassable paru chez Actes Sud.

Classé en Littérature dans la série Lettres scandinaves, ce roman pourrait être aussi un roman noir, un essai sur la schizophrénie, un roman sociétal, un roman d’anticipation et de la littérature « générale ».

Tout commence, de nos jours, par une scène de prise d’otages par un groupe de trois jeunes islamistes dans une librairie suédoise. Délibérément, l’auteur ne place le lecteur ni en spectateur, ni en victime, ni en bourreau.

L’un de ces jeunes terroristes est une adolescente, seule survivante du trio et internée en hôpital psychiatrique pour schizophrénie depuis qu’elle clame venir du futur pour empêcher cet attentat. Elle demande deux ans plus tard à un écrivain de lire ses souvenirs du futur qu’elle a couchés sur des pages et d’en faire un livre, son témoignage.

 

L’auteur parvient avec un talent incroyable à parler d’un acte terroriste sur fond de Daesh, choquant, nous renvoyant tous, par le fait qu’il s’agisse de l’attaque d’un dessinateur de BD satiriques, à l’attentat de Charlie Hebdo, réveillant en nous la colère et la peur.

Et, sans qu’on s’en rende compte tout de suite, il nous envoie un discours antifa puissant qui, pour peu qu’on veuille l’écouter, se révèle très dérangeant et nous oblige à nous poser certaines questions et à imaginer ce que pourrait devenir le monde si…

Le vide qui se trouvait à l’intérieur des mots, et à cause duquel on ne faisait plus de différence entre des choses pourtant bien distinctes. Yani un musulman et un terroriste. Ou un infirmier et un agent de sécurité. On ne faisait plus la différence entre le sang dans mes veines et le couteau d’Amin. Plus aucune différence entre mon cœur qui battait et les bombes qui explosaient en Algérie.

En filigrane, on pourra aussi y lire une critique, voire une accusation, du rôle des images retransmises ou parfois même créées par les médias pour influencer la libre pensée de tout un peuple.

L’un de mes poèmes favoris était l’œuvre d’une auteure iranienne aveugle. Il décrivait comment sa cécité l’avait rendue vulnérable aux hommes qui cherchaient à l’entraîner dans des coins obscurs, mais aussi comment ceux-ci l’avaient protégée des bombes qui s’étaient un jour abattues sur sa ville. Ce que j’appréciais chez elle était sa capacité à imaginer tout ce qu’elle ne pouvait pas voir – yani, toute la beauté du monde, comme les couleurs de l’automne qu’elle assimilait à de l’or jeté dans une tombe, ou l’herbe qui givrait dans l’ombre des arbres, comme si l’été avait vieilli et que cette herbe était ses cheveux blancs.

En fait, cette dame voyait mieux que quiconque, justement parce qu’elle était aveugle.

 

Beaucoup de sensibilité, d’humilité et de tolérance, c’est ce qu’on trouvera dans ce texte superbe. Un message de paix aussi qui nous submerge en cours de lecture porté par une écriture magnifique aux accents poétiques.

 

4ème de couverture :

Un soir d’hiver, deux hommes et une femme ayant prêté allégeance à Daech prennent pour cible une librairie de Göteborg où a lieu une rencontre avec Göran Loberg, connu pour ses caricatures du Prophète. Mais au moment où l’un d’eux s’apprête à égorger le dessinateur, la femme éprouve un trouble étrange, un sentiment de déjà-vu, et abat le bourreau d’une balle dans la gorge.
Jugée schizophrène, elle est internée dans un hôpital psychiatrique et personne ne saura jamais vraiment ce qui s’est passé ni pourquoi elle n’est pas allée au bout de l’action terroriste. Quelques années plus tard, elle prend contact avec un écrivain pour raconter enfin son histoire. Une histoire qui va ébranler une à une toutes les certitudes de son interlocuteur.

 

L’auteur :

Né en 1979 d'un père ougandais et d'une mère suédoise, Johannes Anyuru a débuté sur la scène littéraire suédoise en 2003 avec un recueil de poèmes, Seuls les dieux sont nouveaux, largement acclamé par la critique. Du paradis souffle une tempête, son deuxième roman, paru en 2012, a figuré en première place de la liste des critiques et a été nominé pour les prix les plus prestigieux dont le prix August et le grand prix du Conseil nordique. Il est paru en 2015 aux éditions Actes Sud.
Ils se noieront dans les larmes de leurs mères a notamment reçu le prix Per Olov Enquist, le prix August et le prix Doubloug décerné par l'Académie Suédoise. 

 

Ils se noieront dans les larmes de leurs mères

Un soir d’hiver, deux hommes et une femme ayant juré allégeance à Daech prennent pour cible une librairie de Göteborg où a lieu une rencontre avec Göran Lob

https://www.actes-sud.fr



 

  • Editeur : Actes Sud (novembre 2018)
  • Collection : Lettres Scandinaves
  • Traduction : Emmanuel Curtil (Suédois)
  • ISBN: 978-2330114336

 

 

 

 

 

 

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