Onze Jours de Léa Carpenter
Faire le choix de découvrir un premier roman est toujours un coup de poker. Parfois la main est bonne et d’autres pas.
Avec Onze jours, on découvre une auteure avec un style déjà très fort et c’est résolument une bonne pioche que ce roman paru début septembre dans la collection Américana de Gallmeister.
Sara est une mère qui a élevé son fils unique, Jason, seule. Il est toute sa vie.
Mais Jason est dans l’armée américaine, c’est un SEAL. Lors d’une mission, il est porté disparu et elle ne le retrouvera que onze jours plus tard.
Dans ce roman, l’auteure aborde deux thèmes au travers de ses deux personnages principaux, les faisant s’exprimer tour à tour.
Dans le présent, on découvre Sara. Le père de Jason les a quittés alors qu’il était très jeune. Employé au Pentagone, il a choisi de vivre loin de sa famille jusqu’à son décès. Elle a alors reporté tout son amour sur son fils, en faisant le centre de son univers. Léa Carpenter nous fait ressentir tout l’amour qu’une mère peut porter à son enfant, le déchirement de la séparation quand Jason décide de s’engager dans l’armée et de suivre la formation des SEALs.
Une part de la bienheureuse ignorance dans laquelle on baigne quand on n’a pas encore eu son premier enfant se mesure dans la conviction que vous pourriez être en mesure de changer le cours de sa vie.
C’est aussi l’angoisse à l’annonce de la disparition de son fils, sa quête de la vérité alors qu’elle part, elle ne sait où, pour voir son fils enfin retrouvé. Elle va chercher à comprendre les motivations de Jason pour pouvoir, peut-être, comprendre pourquoi il a disparu et imaginer leurs retrouvailles.
Dans le passé, Jason est un garçon qui a grandi avec l’image d’un père qu’il s’est forgée. Un héros, un aventurier. Les attentats du 11 septembre le décident à s’engager dans l’armée. L’auteure, par la voix de Jason, raconte les idéaux, la ténacité et le courage de ces jeunes qui décident de suivre l’un des entrainements les plus durs, celui pour devenir un SEAL, véritables héros aux yeux de beaucoup d’américains comme en témoignent tous les films et toutes les séries télévisées qui leur sont consacrés. Le texte tourne alors au discours ultra patriotique qu’on peut retrouver dans la littérature américaine. Le style change avec le personnage, s’affermit et deviens plus dur, plus froid aussi, tout en restant quasiment parfait.
La guerre, c’est la capacité à mourir pour une autre personne sans hésiter. La guerre, c’est la croyance que la vie d’une autre personne a plus de valeur que la tienne.
Les deux styles se fondront dans la dernière partie du récit et en deviendront un autre, tout aussi maitrisé, plus proche du roman d’espionnage.
On a donc là deux histoires d’amour : l’amour d’une mère et l’amour d’un soldat pour sa patrie. Libre à chacun d’avoir son avis sur la notion de sacrifice d’une mère ou d’un soldat. Ici, Léa Carpenter tente de nous démontrer sa légitimité. Que l’on adhère ou pas au point de vue de l’auteure, ce texte mérite d’être lu pour son écriture et l’auteure reste définitivement une auteure à suivre.
4ème de couverture :
Pennsylvanie, mai 2011. Sara apprend que son fils unique Jason, parti combattre avec les forces spéciales américaines, est porté disparu en Afghanistan. Femme forte et indépendante, familière des hautes sphères politiques, Sara, qui a élevé seule Jason après le décès de son père, se retrouve pour la première fois de sa vie impuissante face au destin. Confrontée à l’interminable attente, assiégée par les journalistes, elle plonge dans ses souvenirs et relit les lettres envoyées par Jason durant son entraînement, espérant se rapprocher de ce fils disparu et comprendre les raisons de son engagement. Au bout de neuf jours, des nouvelles arrivent.
L’auteur :
Lea Carpenter est née en 1972 dans le Delaware. Diplômée de Princeton et de Harvard, elle a été éditrice du magazine de Francis Ford Coppola, Zoetrope. Elle partage son temps d’écriture entre scénarios et œuvre romanesque. Onze jours est son premier roman, qu’elle a commencé à écrire après la mort de son père, espion dans l’Army Intelligence en Chine et en Birmanie pendant la Seconde Guerre mondiale. Lea Carpenter vit à New-York.
Editeur : Gallmeister (septembre 2018)
Collection : Américana
Traduction : Anatole Pons
ISBN : 978-2351781647
Une femme attend son fils parti combattre avec les forces spéciales américaines, porté disparu en Afghanistan. Un portrait sensible d'une relati...
https://www.gallmeister.fr