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EVADEZ-MOI
25 novembre 2018

Bratislava 68, été brûlant de Viliam Klimáček

 

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Cette histoire, basée sur des personnages réels dont les noms ont été changés (dixit l’auteur), commence il y a cinquante ans. Il y a cinq décennies, des évènements se sont déroulés en Europe, telle qu’on la connait aujourd’hui, et qui ont changé beaucoup de choses sans que personne ne s’y intéresse à l’Ouest.

On a tous entendu au lycée, en cours d’histoire, les mots « Printemps de Prague » mais pour ceux qui n’ont pas continué leurs études en Histoire, on ne sait pas à quoi cela fait référence.

Viliam Klimáček nous relate, au travers de Tereza, de Petra, de Jozef, Sena (Alexander), Anna et Erika, la vie des gens qui vivaient à l’époque en Tchékoslovaquie. Il nous retrace l’entrée des chars russes dans ce qui deviendra de nombreuses années plus tard, après la chute du mur de Berlin, la République Tchèque et la Slovaquie.

Nous sommes en 1968, c’est la Guerre Froide et les USA s’enlisent au Vietnam. Le mur de Berlin, symbole d’un monde coupé en deux, mur punitif, isole les républiques soviétiques qui forment alors l’URSS. De ce côté-là du mur les gens survivent de presque rien, ils sont brimés, exploités sans s’en rendre réellement compte puisque coupés du monde où la presse est contrôlée par le « parti ».

Aux pelles les enseignants, aux pioches les professeurs agrégés, au béton les docteurs, aux chaudières les ingénieurs, aux jardineries les poètes, et les écrivains seraient veilleurs de nuit. On ne pendrait personne, mais des dizaines de milliers de personnes seraient simplement privées de travail et de dignité. L’humiliation qui ne fait couler aucun sang perdure à jamais, et une nation privée de ses meilleurs cerveaux est condamnée à la stagnation.

Quand les chars arrivent, les frontières s’ouvrent un instant, juste le temps que des centaines, voir des milliers de Tchèques fuient vers l’Ouest, pour la plupart, vers Israël pour les juifs souvent survivants ou descendants de déportés.

Petra et sa famille opteront pour Vienne, Tereza pour Israël.

Par le biais de ces deux jeunes femmes, l’auteur dresse une fresque familiale tragique mais magnifique. Il tente de nous expliquer ce qu’il s’est passé. Inconnus de tout un chacun ou volontairement omis, ces évènements ont été aussi les prémices du phénomène migratoire qu’on observe de nos jours et que certains redoutent et dénoncent.

Chacun de nous est conditionné par un système de pensée différent, ils ne peuvent pas nous comprendre, tout comme nous ne comprendrons jamais les gauchistes de l’Ouest ou les jeunes maoïstes de Paris. Avec notre vécu, on ne peut pas sympathiser avec les révolutionnaires de café. Si on les avait expropriés de leurs magasins, chassés de leurs appartements ou si on avait envoyé leurs propres pères dans les mines d’uranium, peut-être qu’ils comprendraient.

Ce roman est aussi un hymne à la tolérance, à l’acceptation des autres, à la nécessité aussi de soutenir et d’aider les plus faibles ou les plus démunis. Car, comme pour Sena, vous pouvez avoir une situation confortable et tout perdre, devoir tout laisser, du jour au lendemain.

L’Histoire n’aime pas retenir ce genre de détails. On a du mal à parler de son propre racisme, mais pour être juste, cela n’arrivait pas qu’à Stara Ruda : cela se produisait en tout lieu où de nouveaux migrants s’installaient.

Agullo Editions ont un flair incroyable pour dénicher des talents et nous livrer des histoires, vrais documents de mémoire, qui nous enrichissent en plus de nous divertir. Encore une fois, ils nous livrent un texte magnifique qui nous amène à nous poser des questions, à réfléchir et peut-être, avec un peu de bonne volonté, à voir certaines choses différemment.

Ce roman est sombre mais chargé d’espoir. Une histoire magnifique mise en mots par une plume superbe, toute en humilité et sensibilité.

 

4ème de couverture :

Au printemps 1968, le parti communiste tchécoslovaque expérimente le " socialisme à visage humain ". La censure est interdite, les frontières s'ouvrent vers l'Ouest, les biens de consommation font leur apparition... Un vent de liberté souffle sur le pays. 
Cet été-là, Alexander et Anna montent dans leur Skoda Felicia, un cabriolet flambant neuf, pour rejoindre leur fille Petra à Bratislava où elle vient de terminer de brillantes études de médecine. Tereza, fille d'un cheminot rescapé des camps de concentration et d'une éditrice à la Pravda qui ont longtemps accueilli des réfugiés hongrois de 1956, séjourne dans un kibboutz en Israël pour renouer avec sa culture juive. Jozef, pasteur défroqué pour avoir refusé de dénoncer des paroissiens auprès du Parti, fait ses premières armes à la radio. 
Dans la nuit du 20 au 21 août, tandis que les tanks soviétiques envahissent la ville, le destin de ces trois personnages et de leurs familles va basculer. Pendant quelques heures, la frontière avec l'Autriche reste ouverte, Vienne est à une heure de train. Chacun devra alors faire un choix : partir ou rester ? Fuir la violence ou résister à l'oppresseur ?

 

 

L’auteur :

Né en 1958, Viliam Klimáček est l'un des fondateurs du légendaire théâtre GUnaGU à Bratislava et le dramaturge slovaque le plus joué. Outre ses travaux pour le théâtre, la radio, la télévision et le cinéma, il est l'auteur d'une vingtaine de livres – romans, recueils de poésie, contes de fées conceptuels et recueils de textes dramatiques. Bratislava 68, été brûlant, est son premier roman traduit en français.

 

 

  • Editeur : Agullo (4 octobre 2018)
  • Collection : Agullo fiction
  • Traduction : Richard Palachak et Lydia Palascak (slovaque)
  • ISBN: 979-1095718451

 

 

 

 

Agullo Fiction - Agullo Éditions

Au printemps 1968, le parti communiste tchécoslovaque expérimente le " socialisme à visage humain ". La censure est interdite, les frontières s'ouvrent vers l'Ouest, les biens de consommation font leur apparition...

http://www.agullo-editions.com



 

 

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